Manager dans la crise

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La crise actuelle a bousculé les codes du management. Valérie Rocoplan, CEO de Talentis et executive coach nous parle des nouvelles méthodes managériales à adopter pour assurer la survie de son entreprise.

Faire preuve de courage

En tant que manager, il faut déjà réaliser et reconnaître que cette crise est partie pour durer et qu’on ne peut donc pas la gérer “comme une panne”. Il faut avoir le courage de parler “sans langue de bois” , de réaliser que les équipes sont des adultes et qu’ils sont capables d’entendre la vérité. Les informations doivent circuler rapidement et le manager doit être le plus transparent possible avec son équipe concernant les chiffres, les faits, les décisions.

Les managers doivent aussi faire preuve de pédagogie afin d’expliquer clairement à leurs équipes leurs prises de décisions et leurs choix. Valérie Rocoplan explique que cette crise a marqué la fin de la figure “du leader politique qui cache les informations à son équipe” et que “les managers autocratiques” ne survivront pas à la crise.

“Manager dans la crise c’est comme être un conducteur dans le brouillard“, explique la fondatrice de Talentis, “on ne sait pas quand cela va s’arrêter, il faut anticiper, s’appuyer sur des zones sûres mais aussi oser explorer l’inconnu et tester de nouvelles choses.” Un manager doit avoir le courage d’avancer et de se réinventer “quitte à se tromper !”

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Assumer ses prises de décisions et développer un système de co-responsabilité

Valérie Rocoplan déplore le fait que beaucoup de managers aient eu des réactions de déni face à cette crise concernant son impact et les conséquences qu’elle aurait sur les entreprises. D’autres ont refusé de croire qu’il y avait des solutions possibles et ont donc été paralysés par leur fatalisme.

Lorsqu’on manage dans la crise, “il ne faut pas chercher à faire plaisir” , le but étant de sauver la boîte, d’aller de l’avant et de construire des solutions viables. Il faut donc savoir dire “non”, “pas tout de suite”, “je ne sais pas”. Les managers doivent accepter de se séparer de certaines personnes même si cela est difficile. Valérie Rocoplan invite les managers à gérer la crise dans la confiance et la transparence même quand il ou elle doit prendre des décisions qui ne plairont pas à tout le monde.

Bien manager c’est aussi générer une co-responsabilité dans l’entreprise, où tout le monde “devient responsable de la réussite de l’autre”. Chacun doit prendre en main une partie du problème pour avancer ensemble. Pour Valérie Rocoplan, “tout le monde doit être sur le terrain et personne ne doit être dans les gradins en train de critiquer l’arbitre ou les autres joueurs.” 

Agir avec ingéniosité et intégrité

Lors d’une crise il faut aussi apprendre à faire mieux avec moins: moins de personnel, moins de moyens, moins de possibilités. La cheffe d’entreprise conseille aux managers de développer une culture de “l’apprentissage permanent” où l’on est prêt à tenter et à experimenter avec les moyens disponibles et faire preuve d’ingéniosité.

Dans cette situation, les managers doivent encourager les essais et accepter les erreurs. En effet, la CEO de Talentis nous explique qu’une décision “peut être bonne une semaine et plus la semaine d’après. Ce qu’on a dit il y a 15 jours n’est peut être plus pertinent aujourd’hui.” Il faut respecter ses engagements tout en étant prêt à “pivoter” et à proposer de nouvelles solutions à mesure que la crise évolue.

Soutenir ses employés : prendre en compte les émotions de chacun

Dans une période de management de crise, les échanges oraux avec ses employés sont à privilégier plutôt que les emails, les conférences doivent être multipliées même si elle sont courtes, simplement pour “faire le point sur ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas“. Ces “rituels informels” seront aussi le moment pour les employés d’exprimer leurs craintes et leurs doutes.

Le manager doit être attentionné et soucieux de l’état émotionnel et psychologique de son équipe. Il faut demander des nouvelles, écouter clairement le ressenti et les emotions de chacun, qui sont souvent décuplées en temps de crise. Valérie Rocoplan demande aux managers de faire preuve d’intelligence émotionnelle “ce qui est encore plus difficile lorsqu’on travaille à distance” rappelle Valérie Rocoplan.

Le manager doit “identifier les émotions et comprendre ce qu’elles traduisent en terme de besoins”. Il se doit d’ouvrir la porte à l’expression du ressenti et d’accompagner ses collaborateurs et son équipe sur le plan psychologique. Il faut s’assurer que l’on gère tous les membres de l’équipe de la même façon, afin que chacun se sente soutenu.

Protéger son énergie et en transmettre à l’équipe

Une gestion de crise peut drainer l’énergie de toute une équipe et décourager de nombreux employés. En tant que manager il faut donc soigner sa propre énergie en se ressourçant et en faisant des pauses. Si on ne le fait pas, cela donne lieu à moins de reflexion et moins d’actions. De plus, si le manager n’a plus d’énergie cela risque de déteindre sur l’ensemble de l’équipe.

Puisque la crise risque de durer, il faut être capable de maintenir un même tempo sur le long terme. Il ne faut pas se précipiter mais plutôt aborder la crise “comme un marathon”. Pour booster l’énergie d’une équipe il faut aussi apprendre à remercier les efforts de chacun, à célébrer les progrès et à découvrir des talents à tous les niveaux.

Manager dans la crise c’est donc faire preuve de courage, se responsabiliser et responsabiliser ses équipes sur la réalité des choses, c’est agir avec ingéniosité et intégrité et c’est soutenir et maintenir son énergie et l’énergie de son équipe.  “Je ne suis pas optimiste sur le plan business ni sur la sortie de crise”, avoue Valérie Rocoplan, “mais je suis optimiste par rapport au fait que les gens se soient mis en action parce qu’ils n’avaient pas le choix et que cela va accélérer une transformation managériale qui était déjà en route.”

Amélie Tresfels

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