Comment se reconstruire après un Burn Out

Le burn-out guetterait pas moins de 3 millions de Français*. Alors, que peut-on faire pour l’éviter ? La réponse avec Sabine Bataille**, sociologue et consultante RH.

Conseil n°1 : Ecouter les signaux d’alarme

C’est le propre du burn-out : il est sournois. L’individu se retrouve emprisonné dans un processus dont il n’a souvent même pas conscience. Bien souvent, la personne touchée par le burn-out est passionnée par son travail. Difficile donc pour elle d’admettre que la souffrance est trop forte pour continuer. C’est alors le corps qui va se charger d’envoyer des signaux d’alarmes que l’on peut résumer sous cette formule : l’apparition d’un stress chronique qui poursuit l’individu jusque dans son intimité. Problèmes de sommeil, perte ou prise de poids, fatigue, maladie récurrente telle qu’un rhume qui ne guérit pas…

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D’un point de vue plus psychologique, la personne peut avoir l’impression qu’elle ne viendra jamais à bout de sa charge de travail ou à l’inverse, ressentira un sentiment de toute puissance. On peut vivre des semaines, des mois, des années durant dans une position qui nous fait souffrir… jusqu’à ce que tout s’effondre et que la personne ne puisse plus se rendre sur son lieu de travail du jour au lendemain. Cela est souvent provoqué par un événement extérieur qui va jouer le rôle de catalyseur. Les amis ou collègues que l’on n’a pas vu depuis longtemps peuvent aussi être des révélateurs : « tu as changé, tu a l’air fatigué… ». Oui, la formule peut être vexante mais salvatrice.

Attention aussi aux périodes de transition (promotion en vue, prise de poste, retour de congés maternité…) : elles forment un terreau fertile à l’apparition du burn-out et vous rendent plus vulnérable.

Conseil n°2 : Se recentrer sur soi

Avant que le château de carte ne s’effondre, il existe des techniques bien connues pour éviter de se laisser submerger par le stress et les angoisses. Le sport, le sommeil, l‘alimentation, la mindfulness, la relaxation, la slow attitude… toutes ces clefs sont précieuses. Grâce à elles, le processus infernal peut être ralenti, mais attention, le problème de fond ne sera en aucun cas résolu !

Car ce problème de fond est bien la façon dont vous vivez votre travail. Le travail est bien souvent placé en haut de la pyramide des valeurs, devant la famille et la vie sociale. Il est donc important d’être capable de hiérarchiser ces trois pans de votre vie en fonction de votre projet de vie, de vos valeurs. Sabine Bataille ajoute une quatrième valeur  : VOUS. Car si l’on retire l’une des trois valeurs : travail, famille et vie sociale, à coup sûr, le trépied va tomber. Efforcez-vous donc de vous retrouver face à vous-même même si cela semble au début effrayant. Que voulez-vous ? Qu’est-ce qui vous rend heureux ? Prenez tout simplement le temps d’être au monde, prenez soin de vous, pensez à vous.

Se reconstruire après un burn outConseil n°3 : Cultiver le lien social

Comme lors de toutes les périodes difficiles de la vie, il ne faut jamais cesser de parler, de se confier, à un ami, un conducteur de taxi, une grand-mère, un prêtre… le plus important est qu’une oreille récolte vos confidences sans vous juger. Souvent, vous parviendrez seul à vous rendre compte de choses qui ne vous conviennent plus. Si vous souhaitez aller plus loin, un coach ou un thérapeute peuvent beaucoup vous apporter. Le bilan de compétences peut lui-aussi être intéressant. Plus généralement, faire un point sur son métier tous les deux ans, avec ou sans aide extérieure, est important.

Enfin, plus primordial encore que l’écoute : il vous faut du soutien social. Les études sur le suicide ou la souffrance au travail ont démontré que le lien social est le premier facteur de protection. Pouvoir compter réellement sur son conjoint, ami, collègue, manager, DRH, syndicat ou médecin du travail est essentiel. Comme le souligne la coach : plus le soutien viendra de l’intérieur de l’entreprise, plus le problème aura de chances de connaître une issue favorable. Etre entendu en interne aura forcément davantage d’impact. Si l’écoute n’est pas au rendez-vous, les zones intermédiaires peuvent donner un coup de pouce comme les consultants en orientation de carrière ou les coachs.

Conseil n°4 : Bien s’organiser

Vous ne supportez plus votre rythme de vie ? Et si vous passiez à un 4/5ème ? Les études démontrent que les salariés sont aussi productifs que ceux travaillant à temps plein. Logique, ils sont motivés par la perspective de consacrer du temps pour leur famille ou une passion personnelle. De manière générale, le présentéisme est plus que nocif, et apprendre à travailler efficacement est essentiel. Aux Etats-Unis, où les mentalités sont un peu différentes, il est mal vu de terminer tard : cela signifie que vous n’avez pas su être efficace la journée. Il est donc urgent de se désolidariser de cette politique et de vous déculpabiliser : vous avez bien bossé ? A quoi bon faire des heures sup’ non rémunérées ! Filez !

Pour travailler plus efficacement, il est également important d’apprendre à distinguer les urgences des choses importantes. Même si l’open space est un vrai calvaire pour certains salariés qui sont interrompus toutes les dix minutes, tentez de ne pas répondre aux SMS ou mails pendant quelques heures, et de tout regrouper à un moment de la journée pour ne pas vous éparpiller. A la maison comme au travail, apprenez également à déléguer. C’est souvent le problème des personnes qui tombent dans les griffes du burn-out : elles sont très consciencieuses et ne font pas confiance aux autres. Parfois, elles pensent leur poste menacé et en font deux fois plus que tout le monde. Mais tôt ou tard, elles finiront par craquer : savoir dire « je ne peux pas » et passer le relai peut vous sauver la vie. Au cœur de l’incendie, pensez d’abord à sauver votre peau !

Conseil n°5 : Retrouver la voie du plaisir

C’est la dernière marche à gravir et certainement la plus difficile. Pour retrouver du plaisir, beaucoup d’autres étapes devront être franchies auparavant. La quête du plaisir va de pair avec celle du sens : pourquoi travaille-t-on ? A quelle fin ? Quand vous en venez à la question : « mais qu’est-ce que je fais là ? », c’est qu’il est peut-être temps de révolutionner votre vie. Est-elle en adéquation avec vos rêves d’enfant ? Vous offre-t-elle le cadre de vie que vous désiriez ? Le rythme de travail que vous souhaitiez ? Vos souffrances au travail ont déjà grillé une partie de votre vie, à côté de quoi voulez-vous ne plus passer ?

Lorsque vous prenez conscience de ce qui n’est pas bon pour vous, pas en adéquation avec vos valeurs, vous savez alors dans quelle direction marcher. De toute manière, la vie se charge de vous stopper lorsque vous allez dans le mauvais sens. Les phases d’arrêt peuvent être le moment propice pour retrouver la flamme en reprenant une activité délaissée. Au travail, certaines bonnes habitudes comme un déjeuner d’équipe ou un simple café peuvent petit à petit vous remettre sur la bonne voie. La route est longue mais il faut savoir apprécier ces petites étincelles, car le plaisir est lui-aussi un cercle… vertueux.

@Paojdo

*Etude du cabinet Technologia, janvier 2014

**Sabine Bataille est sociologue et consultante RH, spécialiste de la qualité de vie au travail. Elle est l’auteur de Se reconstruire après un burn-out, paru chez InterEditions. Son enquête a permis de modéliser les différentes étapes de la reconstruction post burn-out. Plus d’infos sur son site RPBO.fr.

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