Humour : comment en tirer profit dans le milieu professionnel ?

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Humour et travail sont deux termes que l’on associe rarement. Pourtant, l’humour a un véritable impact sur l’ambiance professionnelle, la gestion du stress et la performance des collaborateurs. Tout est une question de dosage. C’est ce que nous explique Vanessa Marcié, docteure en sciences de l’information et de la communication, fondatrice de Leading with Humour et auteure de « Le pouvoir de l’humour », paru aux éditions Eyrolles.

En quoi l’humour a-t-il toute sa place dans le milieu professionnel ?

L’humour a des bénéfices extraordinaires. Il permet notamment aux membres des équipes de bien s’entendre et améliore leur communication. Ça crée une ambiance plus détendue. Si le rire était davantage répandu en entreprise, ça aiderait à lutter contre le burn-out ou la dépression qui affectent les salariés et dirigeants.

L’humour peut aider à fédérer les équipes. Comment ?

Au sein des équipes, il est important de créer du lien. Rire apporte un sentiment de confiance et d’appartenance au groupe. C’est un peu comme une colle émotionnelle. On ne facilite pas assez ce type d’interactions dans le milieu professionnel. On a l’impression qu’il y a une règle, un manuel secret qui aurait écrit que rire au travail est dangereux. Mais plus les membres de l’équipe se sentent bien entre eux, plus ils sont à même de collaborer ou de trouver des solutions en cas de conflit.

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Il faut accepter d’être vulnérable, laisser une part de liberté à l’équipe pour s’amuser. Passer 7 à 10 heures par jour au travail pour être productif, sans cette liberté, nuit à l’équilibre et à la performance de la personne sur le long terme. Au contraire, si le collaborateur travaille dans une ambiance où l’humour a toute sa place, il sera un meilleur ambassadeur de son entreprise car il s’y sentira bien. L’entreprise attirera alors plus facilement de nouvelles recrues et les fidélisera.

L’humour a aussi une action anti-stress…

Oui le rire renforce le système immunitaire. Il est d’ailleurs préconisé dans les thérapies pour les longues maladies. Il aide à garder le moral, à s’ouvrir. En situation de crise, sous pression, on peut davantage craquer mais l’humour aide à dédramatiser, à prendre du recul pour mieux surmonter les difficultés.

En quoi peut-il aider à développer la créativité dans l’entreprise ?

Dans un environnement stérile et sérieux, le collaborateur a davantage peur de s’exprimer. Il doit pouvoir faire part de toutes ses idées sans crainte d’être jugé. Même les idées les plus ridicules doivent pouvoir circuler lors d’un brainstorming pour faire naître de nouveaux concepts et permettre aux autres de rebondir. L’humour permet de tester ça et constitue une gymnastique de l’esprit pour booster sa créativité.

Comment doser l’humour avec sa hiérarchie pour éviter de se discréditer ?

Je conseille de tester une ou deux fois des réflexions avec des pointes d’humour pour voir si son supérieur y est réceptif ou pas. Bien sûr, on veille à adopter un humour positif et inclusif, avec une bonne intention. On peut même faire preuve d’humour lors de son entretien d’embauche. C’est une manière de voir si c’est une valeur partagée également par cette société ou pas.

Et avec les personnes que l’on manage ?

Les managers doivent être les premiers à pratiquer l’humour. L’autodérision est une manière de paraître plus accessible et moins intimidant. L’humour peut se pratiquer à la machine à café mais aussi lors des réunions. Ça amène un peu de légèreté. On peut alors raconter une anecdote, un moment de vie amusant pour alléger la situation. En agissant ainsi, le manager montre que c’est une pratique acceptée. Il laisse la possibilité aux autres de le faire à leur tour. C’est important de diriger par l’exemple. Et même si les remarques des collaborateurs ne sont pas toujours très drôles, on ne fait pas de remarque blessante, on encourage ces initiatives.

Et si l’humour n’est pas notre fort, comment le cultiver ?

Ça demande un peu d’effort au début. On peut s’entraîner dans le cadre privé pour commencer et tester ses blagues sur ses amis, sa famille, son boulanger… Il y a moins d’enjeu. Ça permet de voir ce qui fait rire ou pas et de gagner en confiance en soi. A force de s’exercer, cela deviendra plus naturel et on pourra le faire plus facilement avec ses collègues, puis son manager etc.

Comment améliorer sa répartie ?

Les réparties doivent être courtes, percutantes mais rester bienveillantes. Là aussi, mieux vaut commencer par s’entraîner avec un groupe de personnes en qui on a confiance. On leur demande de nous lancer des piques et on essaye d’y répondre. On sonde leur avis pour savoir si c’était bien ou pas, ce qui pourrait être amélioré, comment… C’est important de se tester car ça permet de découvrir son type d’humour. Au fur et à mesure, ces exercices combattent le « gel » du cerveau et évitent les blancs. Finalement, l’humour et la répartie deviennent plus spontanées et peuvent alors révéler tous leurs bénéfices.

Dorothée Blancheton

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