L’ikigai ou la quête du job idéal

L’ikigai

Un job à l’intersection entre passion, capacités, sens et rémunération ? C’est la promesse de l’ikigai, philosophie japonaise qui fait de plus en plus d’adeptes dans le domaine du coaching professionnel. Auteure de « Trouver son ikigai – Vivre de ce qui vous passionne », Christie Vanbremeersch nous livre son éclairage et ses recommandations.

Concrètement, qu’est-ce que l’ikigai ?

Christie Vanbremeersch : Il existe deux définitions de l’ikigai. La première, purement japonaise, désigne la raison qui me donne envie de me lever le matin, quels que soient mon statut et mon âge dans la vie. La seconde, moins large, est axée sur la carrière, le coaching : c’est l’activité professionnelle qui me donne envie de me lever le matin. Celle-ci se situe à l’intersection entre quatre piliers : ce que j’aime faire, ce que je sais faire, ce dont le monde a besoin, et ce qui me permet de gagner suffisamment d’argent pour contribuer à faire bouillir la marmite. En d’autres termes, c’est le job qui, à un moment donné – car les équilibres oscillent –, me satisfait pleinement.

Comment avez-vous découvert cette philosophie ?

Christie Vanbremeersch : En deux temps. J’ai vu le jour à Clamart mais mes parents, qui habitaient au Japon avant ma naissance, y sont retournés quand j’avais 2 mois. Je suis donc très sensible à cette culture. Par ailleurs, ma grand-mère a mal vieilli, ce qui m’a incitée à me renseigner sur les endroits dans le monde où les gens ont une fin de vie heureuse. C’est comme cela que j’ai découvert le concept d’ikigai à Okinawa. Cette île japonaise présente la plus grande concentration de centenaires en bonne santé, qui connaissent une fin de vie qui a du sens. Cela fait des années que je dis à mon mari, en rigolant à moitié, que nous irons finir nos jours à Okinawa !

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Parallèlement, j’ai fait un bilan de compétences en 2016-2017. Peu de temps après, mon éditrice chérie m’a proposé d’écrire un livre sur l’ikigai. J’étais obsédée depuis longtemps par la question « Qu’as-tu fais de ton talent ? » et je venais de mener une réflexion de six mois sur l’orientation à donner à la seconde partie de ma carrière. Ce sujet était donc fait pour moi ! J’ai creusé le concept et cherché, à partir de ma propre expérience, les conseils que je pourrais délivrer à ceux qui n’ont pas encore trouvé leur ikigai.

J’ai également interviewé des copains dont la caractéristique commune est qu’ils parlent toujours positivement de leur travail. Je leur ai demandé comment ils s’y étaient pris pour atteindre cette situation, mais aussi pour la protéger. Car c’est un peu comme le prince charmant : une fois qu’on l’a trouvé, il faut faire vivre son histoire d’amour, en étant conscient qu’il suffit qu’un facteur change pour que tout l’équilibre soit à redessiner.

Est-ce que tout le monde a un ikigai ?

Christie Vanbremeersch : Je pense qu’on a tous besoin de se sentir utile. Mais il est vrai que certaines professions, certaines vocations rendent le fait d’en vivre compliqué. Typiquement, je ne peux pas compter sur mon seul métier d’écrivain pour manger. Mais j’ai trouvé, avec la formation professionnelle, un complément très intéressant et un équilibre qui me convient bien mieux que ce que j’avais connu jusqu’à présent. Trouver son ikigai nécessite certaines qualités : il faut chercher de manière à la fois persistante et tranquille, obstinée mais sans s’obséder, pour éviter que ça ne devienne douloureux.

© Valérie Dray

Quels sont les obstacles majeurs qui entravent cette quête ?

Christie Vanbremeersch : Je crois que le plus gros obstacle, c’est la patience. Pour certains, la route est longue, il faut donc s’efforcer de continuer à y croire. Le contexte économique et la question du statut social jouent aussi un rôle important. Sommes-nous prêts à gagner moins ? À avoir un statut moins élevé que ce à quoi nous aurions pu prétendre ? Il y a un prix à payer, des renoncements à accepter. Mais le jeu en vaut la chandelle !

Parmi les conseils que vous dispensez dans le livre, quels sont ceux à retenir en priorité ?

Christie Vanbremeersch : Il faut se dire que l’échec est désirable. On n’arrive jamais là où on l’avait prévu, car la vie se charge de nous amener ailleurs. Par orgueil, nous y voyons des échecs alors que nous n’avons fait que nous confronter à la réalité. Ce qui compte, c’est d’apprendre et de réajuster le tir si besoin. Ensuite, il est fondamental d’être à l’écoute de la voix qu’on a en nous et des signaux que nous envoie l’extérieur.

Cela suppose de passer du temps avec soi-même au quotidien, dans la méditation sous toutes ses formes. Si les signaux extérieurs résonnent avec les appels de notre âme, il faut absolument se lancer. Autre aspect essentiel : s’entourer de personnes qui vont nous encourager à agir, soit parce qu’elles ont foi en nous et veulent que nous rayonnions, soit parce qu’elles sont elles-mêmes passionnées et ont trouvé leur ikigai. Enfin, il y a une question que je regrette de ne pas avoir posée dans le livre : qui voulons-nous servir ? Pour qui et avec qui voulons-nous travailler ? Qui est notre client idéal ?

Vous invitez aussi vos lecteurs à se servir d’émotions a priori négatives…

Christie Vanbremeersch : En effet, tout comme la curiosité, la jalousie et la colère pointent du doigt nos désirs. Que révèlent-elles ? Dans quelle direction nous poussent-elles ? L’étape suivante consiste à se demander comment agir. Mais quelles petites choses ? Quel est le plus petit pas possible ? Parce que quand on fait un petit pas, on trouve souvent le deuxième, le troisième, etc. Un de mes profs de fac disait : « L’énergie entraîne l’énergie. Mais il faut d’abord se mettre en route. »

Manon Dampierre

 

Voir aussi le blog de Christie Vanbremeersch : maviesansmoi

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