Foodvisor, le coach nutrition qui scanne votre assiette

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Avec plus de 2 millions de téléchargements et une belle levée de fonds de 4 millions d’euros pour partir à la conquête des Etats-Unis, Foodvisor s’est imposée comme l’une des start-up incontournables de la foodtech française. Aurore Tran, sa co-fondatrice, nous en explique les fondements.

Le pitch de Foodvisor ?

Aurore Tran : C’est une appli de nutrition qui vous aide à manger mieux, très simplement. Vous prenez en photo votre plat, et notre algorithme d’intelligence artificielle identifie les aliments présents et vous renvoie directement les informations nutritionnelles. Cela vous permet de tenir un journal alimentaire. Dans la version premium, nous proposons aussi un coaching nutritionnel avec des chats en direct avec nos nutritionnistes, et aussi des programmes alimentaires selon vos objectifs, que vous vouliez perdre du poids, en gagner ou tout simplement mieux manger. Nous avons également des programmes alimentaires thématiques (diète low-carb, keto, régime méditerranéen, vegan, running…), des recettes et des bilans quotidiens.

Comment faites-vous pour intégrer dans le bilan nutritionnel de la photo les condiments, sauces, le sel, le sucre ?

Aurore Tran : Notre technologie fonctionne comme des yeux humains. Donc il est clair qu’elle ne verra pas que l’on a sucré un café. En revanche, ce sont des informations que l’on peut rentrer à la main. Et, au bout de trois ou quatre fois, l’appli qui est « apprenante » vous proposera automatiquement de cocher l’option café sucré.

Aurore Tran, co-fondatrice de Foodvisor

Comment s’est faite la rencontre avec vos co-fondateurs ?

Aurore Tran : A la base, Foodvisor était un projet de recherche de trois étudiants ingénieurs (Charles Boes, Yann Giret, Gabriel Samain) pour manger mieux simplement à travers des informations fiables et personnalisées. Je ne les ai rencontrés que plus tard via l’intermédiaire de la Directrice de l’incubateur School Lab. A l’époque, j’avais une proposition de job à San Francisco dans une boîte qui cartonnait, et le choix a été difficile.

Mais je me suis dit que j’apprendrais beaucoup plus dans une petite structure où il y a tout à faire. J’ai adoré leur vision et je ne regrette rien. Au début, mon job consistait à rencontrer les utilisateurs, comprendre qui ils étaient, faire du design, m’occuper de la com et recruter de nouveaux utilisateurs. Comme nous n’étions que quatre, l’éventail de mes missions était large. Assez vite, nous nous sommes rendus compte qu’il y avait un énorme marché aux Etats-Unis sur les applis de journaux alimentaires avec plus de 200 millions d’utilisateurs. Sauf que les infos devaient être remplies manuellement, alors qu’il est beaucoup plus simple de prendre une photo.

Comment avez-vous testé votre marché au lancement ?

Aurore Tran : Foodvisor a nécessité plus de 3 ans de développement technologique avant son lancement officiel en 2018 en France. Auparavant, nous travaillions avec des early adopters qui aimaient le produit et nous faisaient plein de feedback. Car le but n’était pas de créer une app pour nous mais pour eux. En utilisant notre app, ils nous ont permis d’améliorer la technologie. En 2015, elle ne reconnaissait que 4 aliments !

Comment avez-vous financé ces trois années de développement technologique ?

Aurore Tran : Il est clair qu’au début, il y avait beaucoup de mois où nous ne nous payions pas. Heureusement, je vivais chez mes parents et il est clair que si l’on n’a ni cette aide, ni le chômage, c’est compliqué de survivre.En France, nous avons la chance d’avoir beaucoup de subventions, de concours. Certes cela prend du temps mais c’est une aide précieuse. Puis nous avons levé 400 000€, 1 million et récemment 4 millions. Cela nous a permis de recruter et de développer notre algorithme : plus de 20 millions de photos ont été captées, ce qui fait de Foodvisor la plus grosse base de données en la matière, et constitue une vraie barrière à l’entrée pour les concurrents.  Notre technologie a toujours été internalisée ce qui est une vraie force auprès des investisseurs.

Votre dernière levée de fonds de 4 millions (auprès du fonds Agrinnovation opéré par Demeter et de business angels) doit vous permettre de conquérir les Etats-Unis : vous voulez carrément en faire votre marché n°1 ?

Aurore Tran : Oui, d’ailleurs 20% de nos utilisateurs s’y trouvent déjà. Nous avons lancé Foodvisor aux Etats-Unis en septembre. Nos autres objectifs avec cette levée sont de créer une marque forte à l’international, d’améliorer toujours plus l’accompagnement de nos utilisateurs, et de conforter notre position de leader sur la technologie de reconnaissance de nourriture. Pour cela, nous allons passer de 15 à 30 personnes.

Quels seraient vos conseils pour nos lectrices qui doivent aller convaincre les investisseurs ?

Aurore Tran : Quand on se lance, les investisseurs regardent avant tout la vision et l’équipe. Et après, ce sont les chiffres. Il faut avant tout croire en son produit, savoir où l’on veut aller, et comment s’y prendre. Le plus dur est de convaincre le premier business angels, car comme ils se connaissent tous, il peut ensuite vous présenter à son réseau.  

Est-ce cette étape qui a été la plus compliquée ?

Aurore Tran : Lever des fonds prend toujours plus de temps qu’on ne le pense et qu’on l’aimerait puisque cela nous défocalise des autres sujets sur lesquels on aimerait avancer. Cependant, cette troisième levée a été plus aisée car les investisseurs nous connaissaient depuis longtemps, que nous avons d’excellents retours sur le produit, et des chiffres rassurants. Je dirais que le plus dur aujourd’hui reste d’affiner chaque jour notre produit pour qu’il soit le meilleur possible. Et puis notre défi est aussi que les gens n’abandonnent pas l’appli car tenir un journal alimentaire peut être contraignant.

Quelle a été votre plus grande ressource durant toute cette phase ?

Aurore Tran : Indéniablement l’équipe ! Une entreprise, c’est avant tout des humains. Nous sommes quatre co-fondateurs, c’est une vraie richesse et cela nous permet de débattre réellement.

Vos projets dans le pipe ?

Aurore Tran : Nous aimerions continuer à nous déployer à l’international en Grande-Bretagne ou encore en Norvège, mais cela demande de vrais développements car les habitudes alimentaires diffèrent vraiment d’un pays à l’autre. Mais ce sont des pistes que nous allons tester dans les prochains mois.

Paulina Jonquères d’Oriola

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