Elle est tombée dans le digital toute jeune et dans l’entrepreneuriat dès la sortie de l’école en créant avec son mari, Loic Le Meur, une des premières agences de publicité digitale, devenue B2L puis Rapid Site en 1997 et U Blog aux débuts des années 2000. Pourtant, la grande aventure commence vraiment en 2004 lorsqu’ils décident de lancer la première rencontre entre blogueurs qui deviendra quelques années plus tard Le WEB, un rendez-vous incontournable qui réunit la planète web et compte plus de 25 nationalités. Cette année Le WEB aura lieu du 9 au 11 Décembre. Rencontre avec Géraldine Le Meur, une Femme assurément digitale !
Vous avez débuté dès 1995 dans le digital, qu’est ce qui vous attirait dans cet univers encore vierge ?
Géraldine Le Meur : Ce que j’aimais, c’était justement cette terre de découverte que nous avions devant nous. Je me souviens que lorsque nous avons commencé à créer des sites internet, les designers ne savaient même pas où trouver des images, tout était vraiment à faire. Nous inventions et étions vraiment créatifs.
C’était un monde très masculin, comment se fait-on une place en tant que femme ?
Géraldine Le Meur : Je ne me suis jamais positionnée en tant que femme dans un monde d’hommes, j’étais juste une entrepreneure dans un monde d’entrepreneurs. Je n’ai jamais eu de problèmes avec cela et je n’ai jamais été dans la revendication en me disant qu’il fallait qu’il y ait plus de femmes. C’est vrai que c’est parfois plus compliqué mais je n’ai jamais ressenti d’ostracisme.
En 2004, vous avez co fondé le web, comment est-ce né ?
Géraldine Le Meur C’est parti d’une envie et d’une frustration à la fois. Le fait d’être entrepreneur dans l’internet en France était assez frustrant car beaucoup des innovations venaient des Etats Unis. Nous avons commencé par de petits évènements le soir que nous avions appelé Les coulisses des blogs, nous nous réunissions à une centaine de personnes, une fois par mois puis nous avons lancé un grand événement sur une journée regroupant entrepreneurs du web. La première édition a eu lieu au Sénat avec 200 personnes venant déjà de plus de 15 pays, nous avions appelé cela, Le Blog. C’est l’ancêtre de Le WEB.
Quel était le fil conducteur ?
Géraldine Le Meur Comprendre ce qui se passait dans le présent avec les acteurs du moment et penser le futur en mélangeant les bonnes énergies. Nous avions des personnes comme Joi Ito qui est désormais patron du Media Lab au MIT et bien d’autres.
Quelles sont les nouveautés de Le Web cette année ?
Géraldine Le Meur : Nous sommes toujours sur le même nombre de participants autour de 5000 mais ce qui est important c’est l’émulation collective. Dans les innovations de cette année, il y a Le Start-Up tour. Nous avons organisé des compétitions dans plusieurs capitales européennes (Paris, Stockholm, Berlin) pour sélectionner 20 finalistes qui seront présents en décembre à Le WEB. Les jurys sont composés d’investisseurs, de media et d’autres entrepreneurs avec l’idée de leur donner des feedbacks. Les finalistes arrivent toujours à faire des levers des fonds derrière.
Quelles sont les tendances qui émergent aujourd’hui ?
Géraldine Le Meur : Cette année, nous avons voulu mettre en avant des tendances fortes avec des Curators experts, il y a la Sharing Economy, the Makers avec notamment tout ce qui se passe autour de l’impression 3D et la possibilité donnée à tout le monde de créer ses objets. Le domaine médical évolue aussi beaucoup avec notamment la quantification et toutes les données que l’on peut recueillir sur soi. Il y a également les questions d’évolution des Media.
Vous évoquiez la Sharing Economy, c’est une tendance forte ?
Géraldine Le Meur : La Sharing Economy est une tendance qui se transforme aujourd’hui en vrai Business, il n’y a qu’à voir Airbnb. Cela va avec l’évolution de notre société et le consommer responsable.
Comment se positionne la France aujourd’hui dans ce marché du digital ?
Géraldine Le Meur : En France, nous avons toujours eu de très bons entrepreneurs, beaucoup d’innovations et des ingénieurs très reconnus. La France n’a rien à envier aux autres mais nous avons un problème de mise en valeur et de communication autour de ces talents. A cet égard, la French Tech est une très bonne initiative française.
Vous vivez depuis 2007 aux Etats Unis, qu‘appréciez vous là bas ?
Géraldine Le Meur : Je vis à San Francisco, ce qui est différent du reste des Etats Unis. Ici, les valeurs de Tolérance et de Liberté sont très présentes au quotidien. Ce que j’aime également à San Francisco et dans la vallée, c’est cette capacité à rêver. Il n’a a plus beaucoup d’endroits où l’on rêve encore, il y a ici une énergie et une envie de faire incroyable.
Quel est votre motto ?
Géraldine Le Meur : Le premier jour du reste de ma vie…. On se construit avec son passé mais on avance en regardant le futur. Se dire que tout est toujours possible.
Avez vous des personnes qui vous inspirent ?
Géraldine Le Meur : Cela dépend vraiment des périodes de ma vie. Je pense évidemment que des personnages comme Richard Branson sont très inspirants car il y a cette forme de folie et en même temps de Business qui se mélangent.
Vous parlez d’un monde avec des références encore très masculines, pensez vous que le digital peut être une vraie opportunité pour les femmes ?
Géraldine Le Meur : Il n’y a pas des métiers de femmes et des métiers d’hommes selon moi, enfin presque. J’ai eu une boite d’hébergement de sites internet, c’était très technique mais cela reste du business. Pour moi la question est plutôt, ai-je envie de créer ma boite, d’apporter ma pierre à l’édifice. Est ce que le digital est plus facile ? Je ne sais pas car à un moment donné cela doit devenir un Business.
Interview Geek :
- Votre premier geste geek du matin ? Je ckecke mes E-mails sur mon I-Phone.
- Votre réseau social préféré ? Facebook car je reste connectée avec mes enfants sinon Instagram
- Votre appli préférée ? Evernote
- Votre Geek Hero ? Je n’en ai pas
- Le meilleur moyen de déconnecter ? Un avion même si les avions sont de plus en plus connectés.
Véronique Forge
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