Rencontre avec Angélique Gérard, marraine des Business O Féminin Awards 2024

marraine awards 2024

Engagée depuis toujours dans la Tech, après un parcours au sein du Groupe ILIAD (Xavier Niel) où elle fût dirigeante de plusieurs filiales, Angélique Gérard est aujourd’hui conseillère spéciale du Groupe ILIAD et membre du comité exécutif d’Iliad (holding), dont elle est ex-dirigeante/fondatrice. Classée dans le Top 5 des femmes business angels françaises, proche des entrepreneures, elle est une marraine d’exception pour cette nouvelle édition des Business O Féminin Awards 2024 ! Rencontre.  

Vous avez eu très jeune, dès 25 ans des responsabilités importantes au sein du groupe ILIAD de Xavier Niel. Quelle jeune femme étiez-vous ? Comment avez-vous vécu cette accélération à l’époque ?

Angélique Gérard : J’étais une jeune femme assez réservée et timide. Et, dans la mesure où je suis devenue soutien de famille à 18 ans, j’ai travaillé très tôt et ai appris à prendre des responsabilités rapidement. Lorsque j’ai intégré le groupe Iliad, j’avais simplement besoin de travailler pour soutenir ma famille, sans ambition particulière, ni vision carriériste.

Le rythme a tout de suite été très soutenu. Je n’ai pas forcément pris conscience de l’accélération. J’avançais en accueillant chaque dimensionnement, chaque lancement, avec passion et dans un contexte de travail assez acharné, sans véritablement relever la tête ni mesurer l’ampleur du phénomène Free et Free Mobile.

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J’ai réalisé tout ce que j’avais accompli lorsque le tourbillon s’est arrêté en janvier 2022, après avoir quitté mes fonctions opérationnelles en tant que Directrice de la Relation Abonné, une fois engagée dans l’accompagnement stratégique du Groupe dans le cadre de son plan Odyssée 2024. Un rôle qui nécessite finalement une prise de recul plus importante. Cette prise de conscience est plutôt gratifiante et apporte énormément.

Comment définiriez-vous votre carrière jusqu’à aujourd’hui ? Quels ont été vos moteurs ?

Angélique Gérard : Je n’étais pas du tout prédestinée à connaître la carrière que j’ai menée. Je la définirais en deux mots : fierté et transmission.

Fierté car j’ai appris à être fière de ce que j’ai accompli, pour moi-même et non plus pour obtenir une approbation ou une validation extérieure. Parce que je fais aussi la fierté de ma famille et il s’agit là d’une valeur très importante pour moi. Sans doute mon moteur principal dans le travail.

Transmission car c’est ce qui caractérise ma mission de vie. Transmettre ma vision pour faire avancer les équipes de manière agréable et dans une vision collective, transmettre l’audace à travers mes projets pour inspirer les jeunes générations et susciter des vocations. Mon second moteur bien évidemment, l’envie de se professionnaliser pour créer le contexte de travail idéal avec les collaborateurs et collaboratrices dans l’objectif de passer des messages forts d’engagement et de connexion avec nos émotions.

Vous êtes une femme dans la Tech. Comment l’avez vous vécu ?

Angélique Gérard : Je me suis réveillée un matin en ayant pris conscience de toutes les différences auxquelles j’étais confrontée dans ce milieu malheureusement très sexiste de la Tech. C’est d’ailleurs comme cela que commence mon livre Pour la fin du sexisme, une envie d’écrire ressentie comme un besoin viscéral à cette étape clé de ma carrière.

L’écriture m’a permis de poser mes idées de manière plus claire. Car il faut l’avouer, l’expérience du sexisme dans un milieu macho est souvent très floue lorsqu’elle est vécue de l’intérieur. On n’est pas préparées, on ne sait pas comment appréhender certaines situations, certaines remarques. Je pensais faire partie de la meute, si naturelle pour les hommes, mais ce n’était pas le cas. Ce processus d’écriture guérisseur m’a par ailleurs offert la possibilité d’agir concrètement pour faire bouger les choses, à mon échelle et en toute humilité.

Vous militez pour plus de femmes dans ce secteur et avez monté à cet égard STEM Academy. Quelles sont ses ambitions ?

Angélique Gérard : Je me suis concentrée depuis 2022 sur le développement de la Stem Academy, organisme de formation de l’Economie Sociale et Solidaire, dont l’objectif est de favoriser l’accès à des formations aux femmes exclues des transitions numérique et environnementale. Cette dernière transition, qui fait appel à notre humanité et à notre besoin de se rapprocher du vivant, doit également passer par les innovations Tech et Data pour connaître une véritable accélération.

Les modules e-learning proposés répondent à une vision holistique et plurielle de l’éducation en alliant développement de compétences mathématiques et valorisation des compétences socio-comportementales et de l’intelligence émotionnelle. Avec toujours une conviction forte : privilégier une éducation inclusive et exempte de tout stéréotype !

La mission de la Stem Academy est également celle de pallier la pénurie de talents et de protéger notre souveraineté économique et culturelle, à l’heure où les investissements français ne favorisent pas l’émergence de solutions qui profitent à notre économie, et où les talents français sont attirés par de meilleures rémunérations à l’étranger.

Vous avez accepté d’être marraine des Business O Féminin Awards 2024 qui récompensent des start-ups, des scale-ups, des entreprises à impact et des porteuses de projet de moins 25 ans. Qu’est ce qui vous a fait dire oui tout de suite ?

Angélique Gérard : Véronique Forge-Karibian a créé et développé un très beau réseau ces dernières années, que j’ai eu l’occasion de découvrir à travers la participation à des conférences très enrichissantes.

J’ai eu envie de marrainer cette nouvelle édition parce que ce rôle vient titiller cette forte envie d’accompagner, de porter et de transmettre qui ne me quitte plus, et que j’ai eu la chance de faire vivre à travers mes activités de leader, de mentor, de conférencière et de business angel.

Le désir fort d’aider et de soutenir l’initiative est en effet un moteur. J’ai toujours adoré cette part de partage et d’enrichissement réciproque. Il s’agit d’ailleurs pour moi d’une véritable responsabilité. En tant que BA par exemple, je n’investis jamais seulement, je m’investis aussi dans le projet en accompagnant les ambitions du mieux que je peux !

La mission de l’entreprise se transforme très sensiblement ces dernières années. Le changement touche jusqu’à sa définition et son objet, au profit d’un monde plus inclusif et durable. Pouvoir vivre de l’intérieur et être actrice de cette révolution est une véritable chance que je viens saisir avec grand plaisir.

Vous êtes très investi sur le plan entrepreneurial en tant que Business angel. Qu’est-ce qui motive vos investissements dans tel ou tel start-up ?

Angélique Gérard : Outre l’idée de participer au développement de l’écosystème français, lorsque le concept est prometteur et me transporte, que je me projette déjà facilement dans l’avenir d’une entreprise naissante, si je suis inspirée dès la découverte du pitch, c’est que le projet a touché mon instinct – je suis emportée.

Actuellement, l’agroalimentaire me paraît être le secteur qui a le plus besoin de solutions innovantes, pour franchir une nouvelle étape et répondre à des besoins grandissants en termes de qualité et de quantité.

Parce qu’un portefeuille de start-ups se gère au-delà de l’investissement pur (cela demande une grosse part de travail administratif, notamment au moment des AG), j’ai préféré mettre cette activité en pause depuis quelques mois maintenant, plutôt que de chercher une nouvelle forme d’organisation, afin de me consacrer pleinement à mes projets.

Quelles sont pour vous les qualités pour être entrepreneure ?

Angélique Gérard : Pour être une femme entrepreneure, je dirais d’abord qu’il faut être bien accrochée et avertie !

Ensuite, je pense qu’il faut se connaître parfaitement, autant que son projet. L’être humain en tant que moteur doit maîtriser son propre fonctionnement, ses forces et ses faiblesses, ses émotions, ses cycles, pour tenir sur le long terme.

Et enfin je dirais qu’il est important de croire en sa vision, coûte que coûte. Tout en cultivant une curiosité permanente et une ouverture d’esprit, pour savoir pivoter ou revoir sa copie sur le chemin, si cela s’avère nécessaire.

Quels sont vos autres projets ?

Angélique Gérard : Je me concentre actuellement sur le développement de la Stem Academy, parce que ma priorité est fondamentalement celle d’inciter les femmes à se tourner vers les métiers de l’innovation.

En accompagnant la formation classique scientifique avec du développement personnel, de l’attention, de l’« empouvoirement », le fameux « empowerment » à l’américaine qui correspond à l’autonomie dont on a toutes besoin pour nous émanciper et croire en nos rêves.

En offrant des espaces d’échange aussi, pour se sentir moins seules, comprises et démystifier ensemble nos peurs et nos doutes.
Enfin, en donnant accès à des formations qui vulgarisent et décomplexent vis-à-vis des compétences des métiers Tech qui peuvent paraître inaccessibles au premier abord.

Je suis par ailleurs emportée actuellement dans une nouvelle aventure : le lancement de ma marque de céramique By_ange. J’ai pris du plaisir à écouter mes envies, et après plus de 100 jours de travail et 500 pièces créées, je suis fière de pouvoir représenter cet artisanat qui nourrit l’esprit, élève et rappelle l’importance du contact qu’il est bon de préserver avec la terre.

Une douce passion qui m’a donné matière à réfléchir sur l’action humaine et l’urgence à davantage respecter la nature et le vivant qui nous entoure. C’est ce thème fondamental qui me tient à cœur. Il m’a inspiré l’écriture de mon dernier ouvrage, Une planète à rembourser.

Propos recueillis par Véronique Forge

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