« L’audace n’est pas une simple provocation, elle doit s’inscrire dans le temps »

La saga des audacieux, Mathilde Aubinaud
Depuis son adolescence, Mathilde Aubinaud se passionne pour les trajectoires de ces hommes et femmes qui ont fait preuve d’audace pour réussir dans la vie. En découle un blog et un livre, « La Saga des Audacieux », dans lequel elle livre la vision de grands dirigeants, chefs étoilés ou encore sportifs de haut niveau.

Dans l’avant propos, Clara Gaymard nous rappelle que l’audace, c’est avant tout garder son âme d’enfant. C’est ce petit grain de folie que vous avez voulu mettre en avant tout au long du livre ?

Mathilde Aubinaud : « Il y a un passage dans l’enfance où l’on devrait noter tout ce que l’on dit, car tout est sage et lumineux ». J’aime beaucoup cette citation de Philippe Labro. Ce qui me marque dans l’enfance, c’est le regard. L’enfant qui admire a envie de faire des choses qui le dépassent. Malheureusement, une fois adultes, nous avons tendance à mettre cet enfant en sourdine. Nous devrions tous nous rappeler ce temps de l’enfance, car c’est aussi une manière de se libérer de la norme.

L’anti-conformisme est-il justement une constante que vous avez observée chez vos interviewés ?

Mathilde Aubinaud : Nous sommes tous soumis à la norme, mais les dirigeants que j’ai rencontrés ont réussi à créer leur propre norme. Mais ont-ils décidé de se mettre en rupture volontairement ? Pas forcément. Certains ont simplement déplacé le curseur de la norme pour adopter un regard nouveau.

Bien entendu, la peur peut être un frein à l’audace. Mais être audacieux, c’est faire primer ses désirs sur la peur ?

Mathilde Aubinaud : La peur peut être présente dans maintes situations. Cependant, est-ce que nous choisissons de l’écouter et de nous figer ? Ou est-ce que nous choisissons de mobiliser d’autres ressorts comme la créativité pour créer notre parcours de vie à travers ces choix que nous opérons en tant qu’individus ? Être audacieux, c’est, d’une certaine façon, dire oui à un élan vital.

Malgré tout, les dirigeants que vous avez rencontrés ont fait preuve d’une prise de risques mesurée ?

Mathilde Aubinaud : On peut facilement s’imaginer que les dirigeants sont contraints par un cadre et notamment des enjeux financiers qui pourraient les transformer en simples pions. Effectivement, ils doivent en tenir compte. Pour autant, ceux que j’ai interviewés ont démontré qu’en tant que personnes, ils ont pu se positionner par delà leur statut de dirigeant, ce qui a ensuite nourri la vision de l’entreprise.

Dans l’un des témoignages, Anne-Laure Constanza, fondatrice d’Envie de Fraises, évoque ainsi l’audace : « écouter ses tripes quand la tête dit non ». Avoir de l’audace requière donc de faire confiance à son intuition ?

Mathilde Aubinaud : L’intuition, d’après moi, c’est percevoir mais aussi écouter les signaux faibles, ce qui demande de ne pas être juste dans le rationnel. L’intuition, c’est peut-être s’autoriser à essayer, prendre d’autres voies.

Parmi toutes ces rencontres, certaines vous ont-elles plus marquée que d’autres ?

Mathilde Aubinaud : Peut-être la liberté de parole de Laurent Vimont, Président de CENTURY 21, qui a préfacé le livre. C’est un dirigeant qui n’est pas dans une simple posture mais traduit ses convictions par des actes au quotidien, comme pour fédérer ses équipes. Et puis j’ai aussi été frappée par l’aplomb, la volonté et l’amour porté à ses racines de Julia Sedefdjian, plus jeune chef étoilée de France. Elle illustre bien cette association entre la créativité et les attaches.

La saga des audacieux

Vous rattachez d’ailleurs l’audace à la nécessité d’apprendre du passé pour le réinventer : l’audace n’émane clairement pas du néant ?

Mathilde Aubinaud : Oui, il y a très peu de créations ex-nihilo, on le voit d’ailleurs très bien dans les courants artistiques. André Breton a d’abord été lié au dadaisme avant de devenir le chef de file du surréalisme. Je pense qu’il est essentiel d’être toujours en éveil pour continuer à apprendre. J’ai 28 ans et je trouve qu’il n’y a rien de plus terrible que d’être blasé !

D’après vous, l’audace doit aussi être juste : qu’entendez-vous par là, que l’on ne doit pas se laisser aveugler par son audace ?

Mathilde Aubinaud : Pour moi, l’audace n’est pas juste une posture d’appel, une provocation. C’est quelque chose qui doit s’inscrire dans la durée, avoir du fond. C’est proposer un nouveau regard et ne pas être simplement dans une posture sur l’instant. C’est avoir l’intuition que l’on est au bon endroit et au bon moment avec ce qui nous habite vraiment.

En guise de conclusion, vous dîtes que l’audace, c’est d’y croire : un adage que vous appliquez désormais au quotidien ?

Mathilde Aubinaud : L’audace n’est pas figée dans un seul champ, elle peut rayonner sur l’ensemble de notre vie, sur nos valeurs. C’est décider d’y croire, de se positionner en tant qu’acteur. Tout le monde peut apprendre à devenir audacieux. Je me souviens de moi lorsque j’ai débuté mon blog « La saga des audacieux » et que je suis allée frapper aux portes des dirigeants avec un brin de naïveté. Etre audacieux, c’est vraiment mettre en œuvre ce en quoi l’on croit et ainsi peser sur notre trajectoire de vie.

Propos recueillis par Paulina Jonquères d’Oriola

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