C’est le projet de loi qui fait le plus parler de lui : celui sur le statut personnel, remis au Parlement par le gouvernement égyptien début mars. Et pour cause… Le texte actuel remet en cause les timides acquis issus de l’actuelle loi en vigueur, datant de l’an 2000. A l’époque, c’est Suzanne Moubarak, la femme de l’ancien Président Hosni Moubarak, qui était à l’origine du projet de loi. Bénéficiant du soutien de l’opposition de gauche, le texte s’était vu largement décrié par les islamistes car il accordait aux femmes de timides libertés, notamment la possibilité d’initier une procédure de divorce.
Le nouveau texte présenté au Parlement a été co-rédigé par l’imam d’Al-Azhar, Ahmed Al-Tayeb, farouche opposant aux annoncées féministes. D’ailleurs, le nouveau dispositif annule les précédentes libertés et s’assure même qu’il n’y ait pas de partage des richesses entre les époux en cas de divorce. De même, le mari n’est plus légalement tenu de fournir un logement décent à son épouse après le divorce, à moins qu’elle ait à sa charge un fils de moins de 10 ans ou une fille de moins de 12 ans.
Qui des pensions alimentaires ?
L’actuel projet de loi ne prévoit par non plus de clause régulant le problème des pensions alimentaires. Un problème qui accapare pourtant 70 % des procédures menées par les juges aux affaires familiales.
Ce projet de loi représente donc un recul inquiétant pour les droits et libertés des femmes en Egypte. Les associations féministes, interdites de participer aux processus législatif, se disent particulièrement soucieuses de la direction que prend le droit égyptien.
Cette situation rappelle celle de la Turquie, pays dont le gouvernement s’est retiré de la Convention d’Istanbul le mois dernier. Ces affronts aux droits de la femme interviennent dans un contexte particulier, celui d’une crise sanitaire dont les principales victimes économiques à travers le monde sont… les femmes !
Emma Rouan
