Principe de subsidiarité : passer du Top-Down au Bottom-Up

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Le principe de subsidiarité remonte à Saint Thomas d'Aquin : la responsabilité d’une action revient à l'entité compétente la plus proche de ceux qui en sont directement concernés. Une autorité centrale doit donc uniquement prendre en charge les tâches qui ne peuvent pas être effectuées par l’échelon inférieur. Cela implique une délégation «renversée», un fonctionnement Bottom-Up au lieu de Top-Down, où la hiérarchie est sollicitée par les équipes lorsqu’elles ne peuvent pas traiter une décision ou un projet par elles-mêmes.

Ce principe paraît parfaitement logique, mais dans une culture française très imprégnée de centralisme, il est révolutionnaire. J’irais même plus loin en disant qu’il est aujourd’hui particulièrement adapté aux nouveaux enjeux managériaux induits par le fonctionnement en mode hybride digital/présentiel. subsidiarité

En entreprise, le principe de subsidiarité permet d’empower, renforcer le pouvoir des acteurs directement confrontés à un problème, et faire que chacun se sente professionnellement et personnellement responsable. C’est le niveau suprême de l’engagement, où l’on passe d’une posture de «locataire» dans son job, à celle de «propriétaire». Concrètement, ce changement signifie développer un sens des responsabilités reposant sur des valeurs fortes, une vision partagée par tous, et un sentiment d’appartenance puissant.

Une entreprise qui se reconstruit sur ce principe fait sa transformation culturelle, en passant de «l’exécution» à la subsidiarité. Ses acteurs seront alors plus autonomes, plus créatifs, plus responsables, et contributeurs directs à la réussite de leur entreprise. C’est ce qu’on observe chez Carrefour France depuis l’arrivée de son DG Rami Baitieh, qui par son leadership «inspirant» change les règles du jeu ainsi que les modes opératoires.

Car paradoxalement, l’initiative de cette révolution culturelle ne peut venir que d’un patron éclairé : le Bottom-Up ne peut fonctionner que tant qu’il est initié et nourri en mode Top-Down. Un roi de France disait : «Un souverain ne saurait rien faire de plus utile que d’inspirer à sa nation une grande idée d’elle-même». Le vrai leadership dit «inspirant» serait la capacité non seulement de faire monter les gens à bord, mais également de leur donner envie de prendre le gouvernail pour arriver à destination. La vision du Patron qui développe ses collaborateurs, leur fait confiance, les fait grandir et les empower, tout en les rendant responsables, est essentielle.

Changer la culture managériale pour libérer «l’énergie créatrice» de chacun nécessite un accompagnement des équipes dirigeantes et de management, leur rôle étant totalement renversé et bousculé par le principe de subsidiarité. Cette profonde transformation de la culture managériale nécessite une capacité de remise en cause des habitudes et croyances en vigueur. Par exemple, en mode subsidiarité, faire des erreurs n’est plus un interdit, mais une condition nécessaire à la réussite («Mieux vaut se tromper que de s’étrangler» dit un proverbe québécois). Cela nécessite un capital de confiance fort entre les managers et les équipes. subsidiarité

Soyez donc ce Leader inspirant qui bouleverse à son niveau les modes de fonctionnement traditionnels de l’entreprise, pour la faire entrer dans un nouveau paradigme, celui de la subsidiarité. C’est la clé vers le succès durable et vers l’engagement des jeunes générations, qui n’attendent que ça.

À FAIRE subsidiarité

Responsabiliser

Apprenez à diriger «au second degré», en usant de votre «Soft Power». Pour cela, vous devez mettre en valeur vos équipes et les inclure dans la réalisation de votre vision. Jouez le rôle du coach et du formateur pour les accompagner vers l’autonomie et le empowerment.

Autorisez l’erreur

Effacez la peur de se tromper, virus collectif hérité de l’école et du centralisme qui l’interdit. Valorisez la capacité à tirer des leçons de ses erreurs chez vos collaborateurs, et partagez vos propres expériences d’échec et comment elles vous ont justement permis de grandir et réussir.

Modéliser

Mettez en place des règles du jeu très claires pour créer la confiance. Associez vos équipes à leur définition et mise en place. C’est une expérience Bottom-Up en soi.

À EVITER

Associer changement et perte de pouvoir

Tant que vous êtes habitués au «Hard Power», la subsidiarité peut sembler vider des Fonctions entières de leur sens. C’est pour cela qu’il est fondamental de cadrer en amont les nouveaux modes d’exercice du pouvoir pour ne pas créer du désengagement là ou vous vouliez «empower»…

La subsidiarité de façade

Le principe du Bottom-Up fait fureur depuis les années 80, et a été appliqué tant en entreprise qu’en politique avec des résultats variables. Pour qu’il fonctionne vraiment, traitez vos équipes comme des «partenaires» et non des «exécutants».

La passivité

N’espérez pas que vos équipes prennent l’expérience de la subsidiarité à bras le corps par elles-mêmes. Si «le pouvoir se prend» selon la formule consacrée, votre rôle de Leader inspirant est de créer les conditions favorables à ce que vos collaborateurs se sentent capables et autorisés à le faire.

 

Tribune écrite par Élena et Diane Fourès, fondatrice et dirigeante du cabinet Idem per Idem 

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