Se spécialiser n’est pas la seule façon de réussir. Savoir conjuguer ses divers centres d’intérêts, ceux qui correspondent à ses valeurs profondes, permet de s’épanouir et de trouver sa place. Solène Feig, entrepreneure et coach, nous explique comment clarifier ses choix et créer une vie qui nous ressemble.
Sur le plan professionnel, la spécialisation a plutôt bonne presse. Se concentrer sur un sujet permet de l’approfondir et de devenir expert dans son domaine. Résultat ? Ces connaissances et compétences poussées donnent une vraie valeur ajoutée qui permet souvent d’être mieux rémunérée. Cette tendance n’a pourtant pas toujours été de mise. « Il y a eu un pivot au moment de la Renaissance. Jusque-là, il était très bien vu d’être « polymathe ». S’intéresser à plusieurs choses et être bon dans plusieurs domaines était un signe d’intelligence », remarque Solène Feig, entrepreneure, fondatrice de la première Académie francophone pour les entrepreneurs multipotentiels, coach et auteure de « Pourquoi choisir (quand on veut tout faire) ? » (éditions Diateino). Léonard de Vinci en était d’ailleurs un bel exemple.
Mais ce centre d’intérêt privilégié, voire unique, peut à terme créer une forme de lassitude intellectuelle. Pour s’épanouir, nourrir leur curiosité et s’accomplir, certaines personnes ont besoin d’avoir une activité plurielle qui leur permette de se pencher sur différents points d’intérêts. Et selon Solène Feig, il ne s’agit pas d’opposer les profils spécialisés à ceux multipotentiels car ils sont complémentaires. « De la même manière qu’en médecine, on a besoin de médecins généralistes et de médecins spécialisés », lance-t-elle.
Connaître ses centres d’intérêts et potentiels
Si vous avez vous-même plusieurs centres d’intérêts, vous avez peut-être tendance à papillonner d’une activité à une autre, à tout commencer sans rien finir, ou bien encore à procrastiner… Pour éviter de vous disperser et mettre à profit ce qui vous anime, la coach et auteure conseille de faire un point sur vos passions : Quels sont vos potentiels innés ? Ceux acquis (compétences) ? Quels sont vos potentiels latents ? « Ils sont plus difficiles à identifier car il s’agit des ressources qui sommeillent en nous et qui ne sont pas encore exploitées », ajoute Solène Feig. Pour les détecter, vous pouvez demander l’aide de vos proches qui auront un regard extérieur et pourront vous indiquer les tâches dans lesquelles vous vous distinguez selon eux : dessin, esprit analytique… L’idée est de connaître vos besoins et de quelle manière vous souhaitez être nourrie pour vous sentir bien et pleinement vous.
Jongler entre les activités
Parfois un fil rouge, un thème conducteur se profile et fait le lien entre les diverses passions. Cela peut amener à un métier ou un corps de métier permettant de concilier ses intérêts. Une formation est parfois utile pour y accéder. Il arrive aussi que ces passions soient plus disparates et méritent d’être scindées. Les personnes qui jonglent entre plusieurs activités sont appelées « slasheurs ». Un terme employé pour la première fois par l’auteure américaine Marci Alboher dans son livre « One person, multiple careers » en 2007. « On peut avoir un travail principal, à 35h par semaine, qui n’est peut-être pas celui qui nous épanouit le plus, et en parallèle consacrer deux heures à un autre passe-temps », précise Solène Feig.
Une sage-femme par exemple peut écrire un livre rassemblant ses meilleurs souvenirs professionnels. Un salarié ingénieur, comptable ou autre peut donner des cours de sport à des jeunes dans un club. Une chef de projet peut s’adonner à la photographie en freelance les week-ends…
L’entrepreneuriat, une voie pertinente pour les touche-à-tout
Face à ce genre de profil touche-à-tout et créatif qui a besoin de liberté, l’entrepreneuriat est une voie souvent intéressante. Mais l’envie de tout faire alors que les journées ne font que 24 heures peut conduire à la frustration. « Ces profils restent souvent dans la phase d’idéation, c’est-à-dire qu’ils ont énormément d’idées mais passent peu à l’action », souligne Solène Feig. La faute à un manque d’organisation. Pour faire le tri, la coach conseille d’apprendre à prioriser. « Toutes les idées ne sont pas faites pour être monétisées et il n’est pas possible de tout faire en même temps. On peut se demander si on a assez de temps pour mettre tel projet en œuvre, si on a suffisamment d’argent pour se lancer, si on a les compétences », suggère-t-elle.
Deux ou trois projets doivent alors émerger. C’est vers ceux-là que vous pourrez commencer à vous orienter. Établissez un planning pour leur consacrer un temps bien défini dans votre agenda. Vous pourrez alors explorer au maximum de nouveaux horizons pour vous découvrir et satisfaire vos aspirations.
Dorothée Blancheton