Le coliving ou l’expérience du logement 2.0

A way of life
Après le coworking, place au coliving ! Né dans les années 2000 aux Etats-Unis, le coliving fait de plus en plus d’émules en France. Désormais, on ne partage plus simplement son bureau, mais aussi son espace de vie dans une « expérience améliorée de la colocation », soutient Marie Vidal, co-fondatrice de Homies. « Le coliving est en quelque sorte la facette personnelle du coworking », ajoute-t-elle. Avec le coliving, chaque habitant possède sa chambre et sa propre salle de bain, mais partage les espaces communs qui se veulent généreux et parfois même luxueux avec la présence - par exemple - d’une salle de sport ou d’une pièce cinéma.

Après le coworking, place au coliving ! Désormais, on ne partage plus simplement son bureau, mais aussi son espace de vie dans une « expérience améliorée de la colocation », soutient Marie Vidal, co-fondatrice de Homies. « Le coliving est en quelque sorte la facette personnelle du coworking », ajoute-t-elle. Avec le coliving, chaque habitant possède sa chambre et sa propre salle de bain, mais partage les espaces communs qui se veulent généreux et parfois même luxueux avec la présence – par exemple – d’une salle de sport ou d’une pièce cinéma. 

Une demande exponentielle depuis la crise sanitaire

Une tendance née aux Etats-Unis dans les années 2000 et qui a inspirées Marie et son associée Aniela, toutes deux anciennement analystes chez Rothschild. En partenariat avec une foncière, leur start-up Homies a lancé un premier espace de coliving en janvier dernier dans la région lilloise, avec, à terme, l’ambition de se déployer dans les grandes villes de France. Un timing parfait puisque la crise sanitaire a créé un véritable effet d’aubaine dans le secteur, les citadins et surtout les jeunes célibataires ayant beaucoup souffert de l’isolement et de la petitesse des espaces en ville. Ainsi, entre mai et juillet 2020, The Babel Community (pionnier du coliving en France) a observé une augmentation de 120% des demandes d’information vs la même période en 2019.

Il faut dire que le coliving offre un vrai gain de confort. Avec Homies, pour un budget d’environ 850 euros à Lille, les colivers ont accès à un logement doté d’un espace extérieur entièrement pensé et meublé par des architectes d’intérieur. Le loyer comprend les abonnements Netflix et Canal +, la fibre, le ménage ou encore l’assurance habitation. « Nous déchargeons les personnes de toutes les tâches administratives dont elles n’ont pas envie de s’occuper », précise Marie Vidal. Pour l’instant, le concept est réservé à la location en France, mais aux Etats-Unis, certains peuvent même accéder à la propriété.

Un espace de coliving pensé par Homies

Une nouvelle façon d’appréhender l’habitat social

Par delà l’aspect économique et la logique capitalistique, le coliving répond également à une nouvelle forme de sociabilité. Aujourd’hui, 58% des 18-34 ans pensent qu’il est important de partager des valeurs communes avec son voisinage selon un sondage réalisé par Yougov pour The Babel Community. Mais cela vaut aussi pour les moins jeunes comme en témoigne le succès des résidences intergenérationnelles. 

Spécialiste de l’habitat, le sociologue Guy Tapie s’est intéressé de près à cette nouvelle tendance et envisage le coliving de manière élargie. « Ce mouvement trouve son origine dans la transformation des structures familiales. Aujourd’hui, on voit que l’on n’achète pas nécessairement son logement en couple, mais potentiellement avec des amis, des frères et soeurs. Les motivations ne sont pas qu’économiques mais aussi idéologiques, basées sur des valeurs communes de solidarité. On ne partage pas que son logement mais aussi les espaces collectifs, le quartier, la ville. De plus, des événements comme le Covid obligent clairement à recomposer le vivre ensemble à l’échelle résidentielle. De nombreux projets se développent autour de l’habitat participatif. Cela crée une rupture avec ce que l’on observait autrefois, puisque l’on pensait que la solidarité sociale en matière d’habitat était réservée aux logements sociaux », analyse le sociologue.

Au sein des logements pensés par Homies, les colivers sont en effet désireux « de rompre avec l’isolement et rencontrer des personnes qui partagent avec eux un certain état d’esprit. Dans notre colocation lilloise, nous avons une majorité d’étudiants et de jeunes actifs, mais aussi une retraitée très dynamique qui souhaitait vivre avec des jeunes. Elle est aujourd’hui très appréciée, notamment des étudiants qui débarquent seuls dans la métropole à seulement 18 ans. Avec le coliving, les colocataires améliorent ensemble leur quotidien et se boostent les uns les autres », témoigne Marie Vidal. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Homies ne se contente pas de louer des locaux, mais se charge aussi d’animer la « colocation » à travers des soirées à thème, des talks avec des entrepreneurs ou encore des sorties culturelles organisées en partenariat avec les acteurs locaux.

Une tendance de fond

Avec deux autres projets actuellement en cours dans la région Lilloise, la start-up Homies connaît un excellent démarrage. Pour l’heure, elle envisage de se déployer dans les grandes villes mais n’exclut pas un jour de s’implanter à la campagne face à l’augmentation de la demande. Des sociétés de coworking comme La Mutinerie ont d’ailleurs déjà fait le grand saut en proposant du coworking et coliving rural en plein coeur du Perche.

De son côté, le sociologue Guy Tapie pense lui-aussi que cette tendance va s’installer durablement : « quand on observe la situation des jeunes qui ne peuvent plus se loger en ville, et des séniors qui vivent dans la solitude et ont parfois trop d’espace, on voit qu’il y a là un vrai croisement entre l’offre et la demande. Le coliving n’est pas juste une niche immobilière. Je pense plutôt qu’il va continuer à se démocratiser à travers l’habitat collaboratif, et s’ouvrir à beaucoup d’autres situations que celle d’une simple colocation. Des alternatives très différenciées de coliving émergent. Peut-être que l’on appellera cela différemment, mais il est certain que le processus de recomposition est engagé ». 

Paulina Jonquères d’Oriola

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