Coronavirus COVID-19 et inégalités entre les genres

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Les crises sociales sont promptes à amplifier et mettre en lumière les inégalités.

Tout le monde est affecté par le virus d’une manière ou une autre. Les entreprises ont diminué leurs activités, les marchés s’effondrent, les systèmes de santé ont démontré leurs limites après des années de diminution de subventions, 45% de la population mondiale est confinée et les pénuries alimentaires se profilent dans certains pays. À bien des égards, ce virus remet la balance à l’équilibre. Tant les riches que les pauvres sont touchés et, pour la première fois probablement, les pays du Sud ne sont pas les plus touchés. COVID-19 et inégalités

Nous ne vivons pas seulement une crise de santé publique, mais aussi une crise économique et une crise sociale. Alors que d’un point de vue purement médical, les rapports de l’OMS montrent que le COVID-19 infecte autant les hommes que les femmes, les impacts sociaux et macroéconomiques du virus sur les femmes et les filles  se manifestent déjà dans le monde entier. En temps de crise plus que jamais l’analyse des données et statistiques permet d’apporter des éclairages sur le rôle déterminant des normes de genre.

Les femmes en premières lignes COVID-19 et inégalités

Les femmes jouent un rôle disproportionné dans la réponse à la maladie. Dans la réponse mondiale face à la pandémie, les femmes constituent la majorité des travailleurs de la santé et des services sociaux, et sont en première ligne de la lutte. Si les hommes représentent la majorité des médecins, dentistes et pharmaciens, les femmes, elles, occupent 70% des effectifs des infirmiers/infirmières dans les 104 pays analysés par l’OMS (et elles gagnent également 11% de moins que les hommes dans le même domaine…).

Or, les infirmières et les aides soignantes sont les plus susceptibles d’être les premiers contacts des patients atteints du virus lorsqu’ils se présentent dans un centre de santé ; les établissements de santé étant un environnement particulièrement à risque pour la transmission virale.

Les femmes sont aussi celles qui occupent la majorité des emplois de service qui ne peuvent pas être faits à domicile : métier de caissière (des femmes à 80% – chiffres pour la France) par exemple, ou d’aide-soignantes à domicile (90% – idem) et en EHPAD. N’oublions pas non plus les agentes de ménages (à 70% des femmes – idem) qui continuent d’intervenir pour nettoyer et désinfecter les lieux de pouvoir politique, sanitaires et économiques qui continuent de tourner, et dont le rôle est primordial. 

Les femmes, premières victimes de la crise économique  COVID-19 et inégalités

Les femmes seront plus durement touchées par les retombées économiques de la crise, car elles occupent de manière disproportionnée les emplois précaires, comme ceux de caissières ou agences de ménages cités juste avant (il est intéressant de noter qu’une partie des métiers dont nous ne pouvons nous passer en cette période de crise sanitaire qui sont occupés par les femmes sont aussi les postes les moins valorisés par notre société et parmi les moins bien rémunérés).

De par le monde, les femmes sont plus susceptibles que les hommes d’être pauvres. Elles gagnent les salaires les plus bas (selon le Forum Economique Mondial, l’écart salarial global est de -40 % en défaveur des femmes), sont plus souvent en posture de non-emploi (56,7 % des femmes ont un emploi contre 73 % des hommes) et occupent la majorité des temps partiels (80% des temps partiels en France sont occupés par des femmes). En conséquence, les femmes ont moins de ressources financières pour acheter les fournitures nécessaires pour prévenir ou gérer l’infection.

Or, si la France parvient à être épargnée sur ce volet, il est des pays dans lesquels les pénuries artificielles et l’augmentation de la demande de produits de base feront grimper les prix. Et parce que les femmes occupent la majorité des emplois peu qualifiés, qui sont les plus susceptibles d’être licenciés en raison de COVID-19, leur capacité à prendre soin d’elles-mêmes et de leurs familles est considérablement réduite.

Les droits des femmes encore remis en question COVID-19 et inégalités

Les fermetures massives d’écoles ont aussi plus touché les femmes car elles assument encore une grande partie de la responsabilité des soins aux enfants. Selon l’OIT, à l’échelle mondiale, les femmes effectuent encore 76,2% du nombre total d’heures de travail domestique, soit plus de trois fois plus que les hommes. Le confinement imposé par la pandémie oblige les femmes à fournir davantage travail domestique, et pire encore : à effectuer un double travail simultané, pour leur employeur d’une part lorsqu’elles peuvent être en télétravail et pour leur foyer.

Par ailleurs, en temps de crise les violences sexistes et l’exploitation sexuelle ont tendance à augmenter ; l’obligation de confinement engendré par la situation sanitaire expose les femmes à un risque accru de violence domestique.

De plus, lorsque les organisme de santé sont saturés et que les matériels viennent à manquer, ce sont les services pour les femmes et les filles qui en souffrent. En France, face à la pénurie de matériel et de personnel, certains hôpitaux et centres de planifications ont décidé de suspendre leur mission d’IVG et fermer les blocs dédiés aux interventions d’interruption de grossesse ; et le gouvernement a rejeté une motion d’extension de la durée limite pour procéder à une intervention. 

Et alors que résonne en moi les paroles de Simone Weil, « il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question », plusieurs Etats américains ont déclaré les IVG comme opération non-urgentes et refusent désormais de les pratiquer.

Tout n’est pas perdu

Ce dont nous avons le plus besoin aujourd’hui, c’est d’une voix rassurante pour rappeler au monde ce qui importe vraiment et pousser nos leaders (pour la plupart des hommes – et des hommes du groupe dominant blanc bourgeois) à préserver nos communautés. Mon espoir : il est encore possible de saisir le temps pour rebâtir la société que nous voulons et ne plus accepter celle que nous avons.

Par Morgane Dion, co-fondatrice et dirigeante de Equally Work

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