Dans la nuit du vendredi au samedi, le chef d’Etat avait en effet annoncé que le pays ne ferait désormais plus partie de la Convention d’Istanbul, premier traité international à fixer des normes juridiquement contraignantes pour prévenir les violences sexistes. Faisant autorité dans une trentaine de pays, le traité contraignait les gouvernements à adopter une législation réprimant les violences domestiques.
Selon les experts politiques, il s’agirait d’une tentative pour Erdogan de rallier l’électorat conservateur, très hostile à cette convention et à son application dans le pays. En 2012, la ratification du traité s’était traduite par l’adoption d’une loi sur la protection de la famille et la prévention de la violence à l’égard des femmes. Cinq ans plus tard, en 2017, le pays avait accueilli une délégation d’un groupe d’experts du conseil de l’Europe, qui avait salué les nombreuses avancées de la Turquie sur le sujet des droits des femmes. Ce reflux conservateur fait donc craindre pour la position fragile des femmes dans le pays.
Au moins 300 féminicides en 2020
Cette prise de position politique est d’autant plus préoccupante qu’en début de mois, des associations de défense des droits des femmes avaient accusé le gouvernement de ne pas appliquer ces lois avec assez de fermeté. Selon le groupe de défense des droits We Will Stop Femicide, plus de 300 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint en 2020 en Turquie.
A ce jour, des manifestations se poursuivent dans tout le pays afin de contraindre le Président à changer d’avis. Aux pressions internes s’ajoute une indignation internationale croissante.
Emma Rouan
#Turkey’s withdrawal from #IstanbulConvention would undermine the significant efforts invested so far to prevent & combat violence against women, UN agencies say
“We urge Turkey to reconsider its withdrawal”https://t.co/35AQBtd9wD
— UN News (@UN_News_Centre) March 21, 2021