Natacha Quester-Séméon: la Geek féministe

Natacha Quester-Séméon

Journaliste, blogueuse, entrepreneure et cofondatrice du réseau Girl Power 3.0, Natacha Quester-Séméon vient de cofondé le mouvement #JamaisSansElles qui explose sur twitter avec déjà plus de 7 millions de personnes touchées. Le but: sensibiliser les hommes à la présence nécessaire de femmes dans la sphère publique. Explications.

Comment est né le mouvement #JamaisSansElles ?

Natacha Quester-Séméon: #JamaiSansElles a été initié par le club des gentlemen, un club d’entrepreneurs humanistes, cofondé il y a 2 ans par un homme et une femme, Guy Mamou Mani et Tatiana Salomon. L’idée de ce club est de se réunir chez chacun des membres de manière régulière. Il n’y avait pas d’objectifs médiatiques, juste l’idée de passer un bon moment ensemble.

Quel a été le déclic du lancement du mouvement au sein de ce club ?

Natacha Quester-Séméon: C’est une conférence qui a été la goutte d’eau qui fait déborder le vase, la rencontre numérique franco-allemande avec Angela Merkel en octobre dernier. Je n’y étais pas mais des membres de mon réseau y étaient et ont posté des photos or, il n’y avait aucune femmes à la Tribune. J’ai fait un commentaire à ce sujet et la conversation a pris. Axelle Lemaire a répondu qu’elle ne se ferait jamais à cela et c’est à cette occasion que Guy Mamou-Mani a pris l’engagement dans une tribune du Huffington Post, de ne plus participer à un panel où il n’y aura pas au moins une femme présente.

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A l’occasion du dernier diner qui a eu lieu chez Gilles Babinet, parmi les sujets évoqués. de façon tout à fait spontanée, nous nous sommes dit et si nous lançions un appel en commun. Nous avons brainstormé et avons eu l’idée du #jamaiSansElles ensemble. Tout est parti de là.

Et le mouvement a pris tout de suite ?

Natacha Quester-Séméon: Oui, Tatiana a écrit l’appel, deux jous plus tard on le publiait dans le Point et à notre plus grande surprise cela s’est retrouvé en Trend Topic sur twitter.

Cet appel a été signé au départ par des entrepreneurs du numérique mais nous avons eu des manifestations de soutiens spontanées. Nous sommes aujourd’hui à 80 signataires avec parmi eux des personnalités politiques comme Alain, Juppé, le maire de Toulouse, Jacques-Antoine Granjon de Vente-Privée…

Une démarche spontanée et individuelle que vous souhaitez conserver ?

Natacha Quester-Séméon: Oui, notre démarche est qualitative, elle s’adresse aux dirigeants hommes. C’est la raison pour laquelle cela n’a pas pris la forme d’une pétition plus générale. Elle engage les personnes à titre individuel avec pour objectif de soutenir la présence d’une femme au moins dans les évènements auxquels ils sont associés.

Une femme seulement ? 

Natacha Quester-Séméon: Nous sommes pragmatiques, pour que des dirigeants l’appliquent, il faut qu’elle soit applicable dans leur environnement. C’est un seuil minimal mais il faut aussi réellement le mettre en œuvre. Ce n’est pas si simple.

Ce qui est intéressant c’est que de plus en plus de personnes se sont saisies du terme, #JamaiSansElles pour nous signaler des sujets d’actualité, des articles sur les sujets d’égalité professionnelle, pour nous dire que sur telle table ronde, il n’y avait pas de femmes mais aussi pour nous signaler des endroits où il y en avait. Cela devient presque un élément de langage. C’est la raison pour laquelle nous avons touché sur twitter déjà 7 millions de personnes par la dynamique propre de cette communauté qui s’organise sur les réseaux sociaux.

Quelles sont les prochaines étapes pour le mouvement?

Natacha Quester-Séméon: Nous avons été contacté par des organisateurs d’évènements directement et nous sommes en train de travailler sur les premières labellisations de salons qui s’engagent à avoir des femmes sur toutes leurs tables rondes. Nous avons également été contacté par d’autres pays européens.

Est ce que ces questions là vont aller dans les deux sens, avoir plus d’hommes dans des évènements femmes? 

Natacha Quester-Séméon: Oui, c’est une évolution naturelle de notre propre club Girl Power 3.0 qui était 100% féminine au départ. D’ailleurs, Tatiana est la cofondatrice d’un club masculin et d’un club féminin. Quelques semaines après cette conférence à L’Elysée, les dessinateurs ont soutenu les dessinatrices à Angoulême, il y a donc une prise de conscience d’hommes qui défendent la mixité,

Les réseaux féminins n’ont-ils pas eu également un effet pervers ? 

Natacha Quester-Séméon: Oui c’est vrai que lorsque que l’on connaît tout le monde cela peut tourner en rond et c’est justement en se faisant des alliés que la démarche peut fonctionner. C’est une prise de conscience, un travail de fond qui a été mené depuis longtemps et qui émerge car il y a aussi le mouvement #Heforshe. La démarche du shadow cabinet de Sébastien Bazin chez Accor est également dans cette optique.

Vous avez un conseil féminin avec NKM, Laurence Parisot, Françoise Laborde, Isabelle Weil, que se sont-elles engagées à faire ? 

Natacha Quester-Séméon: Nous avons créé ce conseil féminin afin de collaborer. Nous avons chacune notre carnet d’adresses et pouvons recommander des personnes qui pourront intervenir dans des manifestations. Les femmes doivent certes accepter de prendre la parole en public ce qui reste une difficulté chez certaines.

Véronique Forge

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