Et si notre mal du siècle n’était pas (seulement) le stress, l’anxiété ou la surcharge mentale, mais un symptôme plus profond encore : l’immobilité ? Dans Le pouvoir du mouvement, Sébastien Mary et Bruce Hoang nous invitent à repenser notre rapport au corps dans une société où la sédentarité est devenue la norme. Consultants, formateurs et praticiens en bioénergie, ils posent un diagnostic sans appel : ne plus bouger, c’est se déconnecter de soi, des autres, et appauvrir nos capacités cognitives, émotionnelles et relationnelles.
À l’heure où l’on parle de bien-être au travail, de soft skills et d’intelligence émotionnelle, leur approche corporelle, radicalement novatrice, remet le corps au centre de l’entreprise, de la santé et de la relation.
Rencontre avec deux auteurs qui font bouger les lignes… au sens propre comme au figuré.
En quoi le déclin du mouvement est-il le mal de notre siècle et quelles en sont les conséquences sur l’être humain ?
Sébastien Mary et Bruce Hoang : Dans notre société moderne, on passe plus de six heures par jour, en position assise et ce, même sans s’en rendre compte. Ce manque de mouvement impacte tout : notre santé mentale et physique, notre humeur, notre productivité…
Le corps devient une contrainte alors qu’il devrait être un moteur. Ce déclin crée du stress, de la fatigue et de la désocialisation. Bouger est vital et malheureusement on a tous tendance à l’oublier !
Le plus souvent, quand on parle de déclin du mouvement, on pense aux maladies qu’il entraîne comme l’obésité, le diabète, l’hypertension et les troubles musculo-squelettiques. Ce sont les symptômes visibles de la sédentarité mais il existe une face cachée plus insidieuse encore : ne plus bouger, c’est se déconnecter de soi-même.
C’est laisser le corps de côté, comme s’il n’était qu’un outil secondaire.
Or, le mouvement est ce qui nous relie à notre système nerveux autonome. C’est par le mouvement que l’on ressent que l’on régule nos émotions et que l’on se sécurise intérieurement.
Quand on ne bouge plus, c’est toute la conscience de soi, la régulation émotionnelle et la santé mentale qui s’effondrent.
Ne plus bouger, ce n’est pas seulement perdre en forme physique, c’est perdre en présence à soi et aux autres.
Vous évoquez la thérapie Bioénergie, pouvez-vous nous en expliquer les contours ?
Sébastien Mary et Bruce Hoang : C’est une approche qui relie le corps et les émotions. Elle part du principe que nos tensions physiques sont souvent le reflet de blocage émotionnel. En libérant ces tensions par le mouvement, on relâche aussi ce qui nous pèse mentalement. Cela peut changer profondément notre rapport au stress, à l’énergie et la connexion avec nous-même.
En quoi la culture du stoïcisme au travail peut-elle avoir des effets négatifs et comment trouver le juste équilibre ?
Sébastien Mary et Bruce Hoang : Le stoïcisme est utile dans des moments de crise, mais au quotidien, cela peut devenir une armure. On cache ses émotions, on se coupe des autres. Le vrai courage, c’est de ne pas faire semblant que tout va bien, c’est d’apprendre à canaliser ces émotions de façon constructive. Et ça, le corps peut nous y aider. Se mouvoir, c’est s’exprimer autrement.
Le stoïcisme à cela de positif qui nous invite à créer des routines quotidiennes, et nous rappelle que nous ne pouvons créer de changement sans recréer des routines.
Nous nous servons de cette pensée philosophique pour engager de nouvelles routines corporelles, afin de favoriser une autorégulation et faire émerger des collaborations synergiques, productives et efficientes.
La mise en mouvement du corps, l’exercice physique… permettent aussi d’améliorer notre performance, notre productivité, notre créativité et nos prises de décision. Vous parlez de « nouvelle dynamique » dans l’entreprise, quelle peut-elle être concrètement ?
Sébastien Mary et Bruce Hoang : Nous voulons transformer l’environnement de travail en remettant le corps au cœur de l’entreprise. Nous voulons reconnaître l’individualité de chacun, c’est-à-dire la façon naturelle de bouger, de réfléchir, de prendre des décisions ou de gérer ses émotions.
Quand on respecte ceci, on gagne en fluidité, en performance et en collaboration. On a alors la possibilité de créer des rythmes collectifs et des espaces de travail collaboratifs.
La nouvelle dynamique d’entreprise, ce n’est pas de faire plus mais de faire mieux et ensemble.
C’est aussi sécuriser l’environnement de travail et sécuriser l’ensemble des collaborateurs afin d’ optimiser la créativité, la performance et surtout la collaboration.
Comment améliorer notamment le travail en équipe ?
Sébastien Mary et Bruce Hoang : Une fois que chaque collaborateur a été profilé, individuellement, nous réalisons un blason ou badge, qui révèle ses préférences motrices et identifie ses soft skills en mouvement comme en position sédentaire.
Cela met aussi en lumière ses rythmes naturels. Ce badge constitue une carte d’identité dynamique, à la fois corporelle et comportementale.
Nous concevons également un badge collectif pour l’équipe entière. Ce « blason d’équipe » nous permet d’aborder le groupe comme un seul organisme cohérent avec ses dynamiques propres, ses points forts et ses zones de tension.
Cela rend la communication plus ancrée, plus ciblée, et permet à chacun de comprendre le fonctionnement moteur et cognitif de ses collègues.
Résultat : les interactions gagnent en fluidité, la coopération devient plus naturelle et l’efficience collective s’élève.
C’est un peu comme une chorégraphie : chacun reste unique, mais on avance ensemble.
Vous parlez de synchronisation des individus, qu’entendez-vous par là ?
Sébastien Mary et Bruce Hoang : C’est ce moment où tout le monde est sur la même longueur d’onde !
Pas juste dans la tête mais aussi dans son corps. On bouge ensemble, on stimule ses préférences motrices ensemble, on travaille mieux ensemble. La synchronisation s’est créée de l’harmonie, du flow. Et ça, ça change tout dans une dynamique d’équipe.
L’un des autres maux du siècle, c’est le stress. Quels sont les outils « moteurs » que vous préconisez pour mieux le gérer ?
Sébastien Mary et Bruce Hoang : Le stress, c’est avant tout une dérégulation du système nerveux, autonome. L’objectif fondamental de notre action est donc de ramener le plus souvent possible, les collaborateurs dans l’activation du nerf vagal ventral, cette zone clé ou réside la sécurité, le bien-être et la capacité à entrer en relation avec les autres.
Bien sûr, l’activation du système sympathique ou du vagal dorsal, reste parfois nécessaire selon les contextes.
Mais la clé réside dans la fluidité : la capacité à revenir spontanément vers le vagal ventral. C’est ce que nous appelons le flow.
Les actions corporelles que nous proposons sont individualisées. Elles permettent à travers le corps, d’activer le système nerveux autonome pour favoriser cette dynamique de régulation. En retrouvant ce flow, chacun devient plus apte à faire face à un environnement stressant, sans le subir.
Il ne s’agit plus d’imposer des injonctions mentales, irréalistes à un cerveau saturé, mais au contraire de parler au corps, afin de s’adresser directement au système nerveux autonome, grâce à des stimulations motrices préférentielles.
C’est là que réside la rupture avec les approches classiques : nous rétablissons la boucle naturelle entre corps, sécurité et performance. Une approche radicalement nouvelle profondément humaine et hautement efficace.
Quelles sont vos conseils et routines à adopter pour une journée productive ?
Sébastien Mary et Bruce Hoang : Deux possibilités s’offrent à vous : soit vous n’avez pas été profilé, et dans ce cas, il faut adopter des conseils généralistes, respirer, marcher, changer de posture toutes les heures, faire des réunions debout, utiliser des Swiss Ball, utiliser des bureaux réglables en hauteur…
Dans le cas où vous avez été profilé, nous sommes en mesure de générer des routines corporelles, entièrement individualisées et construites autour de votre mode de fonctionnement préférentiel.Ces routines ne sont pas génériques : elles sont taillées sur-mesure pour activer vos propres leviers moteurs.
Nous vous enseignons des gestes, des postures et des combinaisons de stimulation physiques spécifiques qui vous permettent de vous ancrer dans votre dynamique motrice naturelle.
Ce retour à votre zone de confort moteur, favorise l’activation du vagal ventral, synonyme de sécurité intérieure, de stabilité physiologique et de connexion authentique à soi-même.
En cultivant ce lien, vous retrouvez votre centre, votre fluidité et votre capacité à agir avec clarté dans les environnements parfois, instables et stressants.
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