Journée mondiale sans smartphone : comment lutter contre l’angoisse du vide ?

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Hyperconnexion, addiction aux écrans… Pour certaines personnes, il devient de plus en plus difficile de faire face au vide et à la solitude. Alors que se tiennent les journées mondiales sans smartphone du 6 au 9 février, retrouvez ici les conseils de Sandrine Lévy-Amon, Senior Manager chez Stimulus, psychologue clinicienne et coach certifiée.

Journée mondiale sans smartphone : comment lutter contre l’angoisse du vide ?

Comprendre l’angoisse du vide

De manière très prosaïque, l’angoisse du vide traduit des réactions anxieuses, la peur de se retrouver face au vide, et a fortiori face à soi-même. Pourquoi ? Car ces moments où notre esprit n’est pas occupé nous renvoient à la peur de la perte de contrôle mais aussi à la perte de sens… « On se sent comme dépossédé, inutile, désoeuvré, et l’on peut faire face parfois à un profond vide intérieur », illustre Sandrine Lévy-Amon.

Un mal éminemment contemporain

Guide Dev Persot

A mesure que nos journées sont de plus en plus remplies, et que nos temps de connexion s’allongent, l’angoisse du vide grandit. Vide que nous percevons d’ailleurs comme négatif. « Nous sommes constamment sursollicités de lextérieur et cela crée un déséquilibre avec notre présence intérieure. Nous remplissons nos agendas de manière boulimique car cela nous peut renforcer dans un sentiment d’utilité et d’existence. C’est aussi lié au besoin de reconnaissance sociale. Nous multiplions les interactions, notamment sur les réseaux sociaux, et cela nous procure du plaisir. L’hyperconnexion devient facilement une drogue car la nouveauté et les découvertes activent le circuit de la récompense et du plaisir dans notre cerveau. Du coup, quand on est hyperconnecté, la déconnexion crée un manque dans certain cas comme cela se produit avec une drogue et dans le syndrome d’addiction», affirme la psychologue.

Le cas particulier du confinement

Pour les personnes seules notamment, l’hyperconnexion a été un réel échappatoire pendant les différents confinements. De plus, tout être humain est naturellement mal adapté pour faire face à l’incertitude ambiante. « Cela nous demande de nous mettre en mode adaptatif permanent, et pour le cerveau, c’est épuisant. En ce moment, c’est donc normal de ressentir de la fatigue mentale et des émotions négatives associées en fin de la journée. Le problème, cest que lhyperconnexion en engendrant de la fatigue mentale nous rend encore plus vulnérables », analyse la Senior Manager chez Stimulus.

Que risque-t-on à éviter les moments de déconnexion ?

Eviter de se retrouver face à soi-même a tendance à accentuer l’angoisse du vide. L’autre risque, c’est de s’épuiser tant physiquement que mentalement, d’où la montée des burnout. « A l’inverse, si l’on apprend à affronter le vide avec des vrais moments de déconnexion, nécessaires pour reposer et ressourcer notre cerveau, notre charge émotionnelle est mieux régulée et la survenue des moments d’angoisse pourra diminuer », explique Sandrine Lévy-Amon.

Alors, que faire pour lutter contre l’angoisse du vide ? 

1. Aménager un sas de décompression entre le moment où l’on est en activité, et celui où l’on décroche. C’est l’occasion d’observer sans jugement l’état de fatigue dans lequel on se trouve, et de se demander pourquoi on se sent tout à coup désoeuvré. Ce sas peut se matérialiser par une petite marche, une séance de yoga, une douche ou idéalement une session de sport. Il est important de symboliser cette coupure en changeant de tenue par exemple. « L’idéal est d’aller au contact de la nature pour se reconnecter au réel. Pour cela, l’activité physique est un excellent outil. En plus, elle permet de créer de nouvelles connexions dans le cerveau et de se ressourcer», conseille la psychologue.

2. Résister à la tentation de se reconnecter. Une fois la journée de boulot terminée, pas question d’aller se mettre directement devant la télé ou de passer un coup de fil à un ami. « L’objectif n’est pas de remplir le cerveau, mais plutôt de le vider pour l’aider à appréhender le vide et apprécier le calme intérieur », affirme notre coach. Le but est donc de couper avec la cadence infernale de la journée pour se reconnecter à soi. Ce n’est que dans un second temps, une fois le cerveau déchargé, que l’on pourra aller chercher de l’énergie à l’extérieur, en allant voir des amis par exemple (une fois le couvre feu terminé)!

3. Travailler sa présence à soi. La méditation de pleine conscience est un outil formidable, mais qui ne correspond pas forcément à tout le monde. On peut donc simplement prendre un temps de recentrage. « Il ne s’agit pas d’une injonction à ne penser à rien (ça n’existe pas) mais d’une observation du corps. Sentir quelle zone est active, quelle zone est calme. Se focaliser simplement sur sa respiration. On peut aussi tenter de ressentir la pièce dans laquelle on se trouve en fermant les yeux, et en faisant appel à ses sens : la température, le bruit, la lumière qui filtre derrière les paupières… On n’est pas nécessairement dans un état de relaxation, mais on se recentre sur soi. Au début, cela peut être désagréable, mais peu à peu, on se rend compte que laisser la place au vide, c’est s’offrir plus d’espace intérieur. Et c’est très libérateur », décrit l’experte. 

4. Reconstituer sa journée. Un peu à la manière d’un journal de bord, on peut également prendre le temps de reconstituer sa journée, pour mieux la clôturer. Peut-être que certains moments désagréables vont remonter, mais il s’agit de les regarder comme un simple observateur. « On peut noter ce que l’on a fait de sa journée, mais sans nécessairement faire de to do list pour le lendemain. L’idée est plutôt de faire le point sur ce que l’on a fait, se rendre compte des actions réalisées afin de mieux gérer la période de transition vers le « vide ». Comme cela, la chute est moins vertigineuse », conseille Sandrine Lévy-Amon.

5. Ne pas resolliciter le mental. Une fois que l’on est passé par ce fameux sas de décompression, on peut s’adonner à de nouvelles activités, mais il est important de garder en tête que celles-ci ne doivent pas faire chauffer les neurones. Autrement dit, elles ne doivent pas demander au cerveau de reproduire de l’énergie mentale. « Une fois encore, l’idée est de vider le mental et pas de le charger. Autrement, on risque de s’exposer à une certaine irritabilité émotionnelle et des troubles du sommeil », alerte la psychologue. L’idéal ? De la musique ou une série facile à suivre. Des plaisirs du quotidien autour d’un bon repas.

6. Apprendre à aimer la solitude. Les personnes qui gèrent bien la solitude ne se sentent jamais seules, car elles se tiennent elles-mêmes compagnie. C’est une grande force, et surtout le meilleur moyen de ne pas sombrer dans l’angoisse du vide qui nous ramène inexorablement vers des angoisses existentielles. « Pour certaines personnes, la solitude est vraiment difficile à appréhender. Mais cela se travaille, on peut le faire en coaching par exemple », explique notre interlocutrice. Apprendre à apprécier la solitude est en quelque sorte la dernière marche à gravir afin de se sentir en paix avec soi-même, et en tirer une profonde force intérieure.

Paulina Jonquères d’Oriola

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