Comment lutter contre l’anxiété liée au confinement ?

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Alors que pour certains, le confinement est vécu comme un moment privilégié pour profiter de ses proches, pour d’autres, il est source d’anxiété. Le psychiatre Patrick Lemoine nous donne ses conseils pour passer cet épisode sereinement.

Comment lutter contre l’anxiété liée au confinement ?

Qu’est-ce qui nous angoisse le plus aujourd’hui : la menace du virus ou celle d’être privés temporairement de notre liberté de mouvement ?

Dr Lemoine : Je pense que c’est avant tout la peur du virus. Au début, le problème a été pris avec une certaine désinvolture, mais progressivement les Français ont pris conscience de la gravité de la situation. Toutefois, pour certaines personnes, c’est le confinement qui est le plus anxiogène parce qu’ils sont claustrophobiques et ne supportent pas d’être confinés.

Pour ne pas se laisser trop envahir par cette anxiété générale, mieux vaut ne pas être branché en permanence sur les infos et encore moins les réseaux sociaux qui véhiculent des fake news ?

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Dr Lemoine : On peut s’informer 30 minutes ou 1H chaque jour, mais de préférence le matin histoire de ne pas rester avec cela en boucle dans la tête avant le coucher. Je pense que l’information officielle est plutôt bien faite car elle nous donne certes des mauvaises nouvelles, mais aussi des solutions pour nous protéger du virus avec les mesures barrière (bien que l’on puisse déplorer le manque de masques et de tests bien évidemment).

En revanche, les fake news qui circulent sur Whatsapp ou Facebook et les discours « catastrophe » sont selon moi délétères.

Pourquoi est-il si difficile de nous retrouver confinés ? 

Dr Lemoine : Notre génération n’est pas née avec une telle privation de liberté. Nous n’avons pas grandi sous un régime fasciste avec des couvre-feu ou avec la menace de la guerre. C’est comme si vous mettiez un rat sauvage dans une cage de laboratoire, il ne le supporterait pas alors que celui né en captivité s’en accommoderait très bien.

Certains souffrent notamment d’insomnies car ils ne bougent pas suffisamment la journée. Que pouvez-vous leur conseiller en tant que grand spécialiste du sommeil ?

Dr Lemoine : Ma casquette de chrono-biologiste vous dirait que le secret est de garder un rythme. Se lever à heure fixe, s’habiller, se maquiller, se raser et se restaurer à des heures habituelles. Si on fait du télétravail, on ne repousse pas au soir ce que l’on doit faire dans la journée. Si on ne travaille pas, on peut par exemple tenir un journal de bord, faire des activités créatives, jouer aux cartes avec ses amis de manière virtuelle ou même effectuer un grand tri dans sa maison. Si l’on a un balcon ou un bout de terrain pour jardiner, c’est encore mieux.

Que faire si l’on sent une vague d’angoisse nous submerger ?

Dr Lemoine : Les techniques TCC, l’autohypnose, le yoga, la relaxation… tout cela fonctionne très bien pour les crises d’angoisse. Il existe de très bonnes applications comme celle développée par Christophe André pour la méditation. Les logiciels de cohérence cardiaque sont aussi une bonne solution. Bien entendu, s’il s’agit d’une vraie crise de panique, parfois seuls les médicaments permettent de calmer la personne.

Se retrouver confiné seul ou en famille, en ville ou à la campagne, tout cela peut être vécu différemment par les individus. Quels conseils donneriez-vous à chacun ?

Dr Lemoine : Il est clair que le cas de figure « idéal » c’est d’être en famille à la campagne avec un jardin. Car cela permet de prendre l’air librement, de bricoler, de jardiner. Par contre, pour les couples, c’est l’heure de vérité. Si certains vont se retrouver, d’autres vont certainement exploser. C’est le même phénomène que l’on observe quand le couple arrive à la retraite, mais en puissance 10. Certains se sentent alors envahis par l’autre car ils se contentaient très bien de se voir 2H par jour. Toutes les guerres ou presque sont des guerres de territoire !

Si on est dans le cas d’une famille nombreuse qui vit dans 50m2, le confinement requière une organisation quasi militaire. Mon conseil serait alors d’organiser une conférence chaque semaine pour délimiter le territoire de chacun, dans le temps et l’espace. Par exemple, la salle de bain est réservée aux filles de telle heure à telle heure et aux garçons à un autre moment.

La consommation de réseaux sociaux doit aussi être encadrée. Il faut beaucoup de discussion et que chacun puisse donner son avis. On instaure aussi des règles comme l’interdiction de se taper, de crier en permanence, d’humilier les petits etc. Si les parents sont capables d’exposer et d’imposer les règles, alors les choses se passeront mieux.

Il existe aussi un cas de figure qui n’est pas facile : celui de la garde alternée. Que ce soit pour les parents ou les enfants, un manque va sûrement se faire sentir au bout d’un moment. Heureusement, les nouvelles technologies permettent de garder un lien grâce à la vidéo. C’est encore plus important avec les touts petits qui sont moins sensibles au téléphone.

Enfin, si l’on est célibataire, il est clair qu’il est important de garder des liens sociaux, même virtuels. On peut par exemple déjeuner avec un ami tous les jours à la même heure pour structurer le temps. On peut se préparer la même chose, ou comparer ce que l’on a mijoté, se donner une note pour la présentation etc. On peut aussi chanter tous les soirs à 18H devant sa fenêtre ou téléphoner à sa voisine tout en la voyant au balcon.

Quels autres conseils aimeriez-vous donner ?

Dr Lemoine : Ne pas oublier le rire. Actuellement, il y a des vidéos hilarantes qui circulent sur le net, et cela nous fait du bien. Et puis je trouve frappant de voir à quel point cet épisode resserre les liens familiaux et amicaux. On ne s’est jamais autant téléphoné pour prendre des nouvelles de nos proches. Une bonne habitude à conserver même après la fin du confinement !

Propos recueillis par Paulina Jonquères d’Oriola

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