L’anticipation négative : comment lutter ?

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Vous vous rendez à un entretien professionnel tout ce qu’il y a de plus alléchant ? Pourtant, vous n’envisagez pas un instant être choisie pour le poste. Votre petit dernier a un pic de fièvre ? Votre cerveau échafaude une série de scénarios dramatiques en vous rendant chez le pédiatre. Vous avez un rendez-vous galant ? Vous êtes certaine que vous ne lui plairez pas. Vous êtes victime de ce fléau qu’est l’anticipation négative.

Autrement dit, vous avez plutôt une nette tendance à parier sur vos échecs que vos réussites. C’est grave docteur ? Pas forcément nous répond la psychologue Amélia Lobbé, auteure de Ma bible pour soulager l’anxiété*. Surtout si l’on tient compte de la période actuelle qui nous incite peu à un optimisme débordant. Ainsi, la psychologue nous éclaire sur cette hyper-inquiétude et nous apporte des clés pour ne pas la subir.

Quelle est votre définition de l’anticipation négative ?

Guide Dev Persot

L’anxiété d’anticipation est un état d’inquiétude et de préoccupation lié à la peur et au manque de contrôle. Aussi, elle peut prendre trois formes. Soit on a peur de ce qui ne s’est pas encore produit. On ne sait pas exactement comment les choses vont se passer, on ne peut rien prédire et contrôler. C’est le cas bien sûr dans notre contexte actuel d’incertitude. Soit on envisage systématiquement les conséquences désastreuses de nos actes (et ceux des autres) et on redoute que le pire se produise. Cela peut être à la veille d’un entretien d’embauche pour lequel on s’imagine échouer. Soit on peut redouter l’angoisse, justement parce que l’on est déjà sujette à des crises de panique. C’est alors la peur d’avoir peur.

Qui en souffre ?

Selon les circonstances et le contexte, tout le monde peut ressentir de l’anxiété d’anticipation : il est naturel de s’inquiéter et s’attendre au pire. Cependant, certaines personnes vont y être plus enclines que d’autres. C’est le cas des personnes anxieuses, angoissées, très négatives, de celles en situation de dépression. Mais il peut s’agir aussi de personnes que l’expérience et les difficultés de la vie ont rendues pessimistes. Celles dont l’estime de soi est fragile, et celles qui manquent de confiance en leurs capacités.

Quel est le mécanisme à l’origine de l’anxiété d’anticipation ?

Il prend sa source dans le désir de contrôle des événements. Quand on réalise qu’on n’a aucun contrôle sur les choses et qu’on avance en terre inconnue, l’anxiété d’anticipation peut se manifester. Ces pensées anxieuses sont naturelles. Le cerveau humain est conçu pour anticiper et se focaliser sur le négatif afin de survivre. Cela devient handicapant lorsque cette anxiété d’anticipation provoque une détresse émotionnelle, des ruminations, des symptômes physiques comme les palpitations ou les tremblements, quand elle vous empêche de dormir et d’agir.

Quelles sont les situations les plus fréquentes dans lesquelles on s’attend au pire ?

Une pandémie, une crise économique, un licenciement économique, une prise de parole en public, une création d’entreprise, une élection, un entretien d’embauche, un examen, un concours, la météo, un divorce, une séparation, un premier rendez-vous amoureux, un spectacle… Toutes ces situations dans lesquelles il y a des facteurs inconnus et où l’on perd le contrôle.

Est-ce une forme d’auto-punition ou d’auto-protection ?

Les deux ! Dans sa forme modérée, l’anxiété d’anticipation est une forme d’auto-protection. En effet, il est bon d’envisager tous les aspects d’un projet, y compris ceux négatifs. Cela permet d’éviter les problèmes ou de s’y préparer. Mais dans sa forme intense, l’anxiété d’anticipation est une forme de conduite d’échec, car on s’auto-sabote. Par exemple, si l’on se considère nulle et que l’on sait que l’on va échouer à un examen, on se dit que ce n’est pas la peine de réviser et de s’y rendre.  Ainsi, on valide mon hypothèse de départ ; ce qui est très dommage.

Comment essayer de se raisonner pour être plus optimiste, ou du moins plus neutre face aux événements ?

Pour chaque pensée anxieuse tournée vers le négatif au sujet d’un événement, je vous invite à formuler systématiquement une pensée positive et à trouver une conséquence bénéfique par rapport à cet événement. C’est une bonne gymnastique mentale. Une pièce a toujours deux faces, une histoire a toujours deux versions, au minimum.

* Amélia Lobbé, Ma bible pour soulager l’anxiété, Éditions Leduc Pratique

Vanina Denizot

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