Joanna Ifergan, cofondatrice d’ABBI, 
des cosmétiques sur-mesure grâce à l’intelligence artificielle

ABBI

Grâce au scan de votre visage, l’intelligence artificielle d’ABBI diagnostique les besoins de votre peau. Vous pouvez alors commander des cosmétiques sur-mesure, fabriqués en France sans produit ou ingrédient polémique et à 95% au moins d’origine naturelle. Entretien avec Joanna Ifergan, la biochimiste qui a cofondé cette marque innovante alliant technologie, beauté et respect de l’environnement.

Quel a été votre parcours avant de créer ABBI ?

Je suis biochimiste de formation. Après mon Master en 2004, j’ai travaillé dans les cosmétiques pour Tan Center, une société qui a ramené en France le bronzage par brumisation. Elle créait aussi des formules de cosmétiques pour des marques ou pharmaciens. En parallèle, je réalisais souvent pour mes proches des crèmes en fonction de leurs besoins. Mon mari me disait que ce serait super de pouvoir proposer ces crèmes personnalisées à chacun. Mais je ne pouvais pas avoir mille personnes par jour au téléphone pour identifier les besoins de leur peau. Mon mari travaillait dans le marketing et était en lien avec des ingénieurs en informatique et en intelligence artificielle (IA). Il leur a demandé de développer une IA pour pallier cet obstacle.

En 2009, suite à la crise, vous perdez votre emploi…

Oui. J’ai profité de cette pause pour m’occuper de mes enfants tout en réfléchissant toujours à ce projet. Suite à un bilan de compétences, en 2012, j’ai suivi une formation pour devenir attachée de recherche clinique. J’ai travaillé pour l’hôpital de la Croix-Rousse à Lyon. Mon poste consistait à proposer des traitements en phase d’étude aux personnes atteintes de cancer du foie. Pendant notre temps libre, avec mon mari nous éduquions l’IA de notre projet et je travaillais sur les formules de base des crèmes. Au bout de six ans, quand l’hôpital, qui connaissait mon projet, a souhaité confier mon poste à un collègue je me suis dit que c’était un signe. C’était le moment d’y consacrer plus de temps et de passer à la vitesse supérieure.

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Avez-vous eu peur de vous lancer ?

Dans chaque changement, il y a une part d’inconnu qui peut faire peur. Il a fallu dire au revoir à tous mes collègues, aux médecins, aux radiologues, aux patients… Mais j’étais confortée par ce projet qui prenait forme, avec cette équipe d’ingénieurs, de préparatrices… C’était un gros enjeu pour notre famille car nous avons passé des années avec mon mari à travailler pendant nos soirées, nos week-ends et nos vacances. C’est plus reposant depuis que M. Halassi Salih, le président de Kindy, nous a rejoints pour avancer sur le financement et le montage de la structure. La BPI nous a aidés aussi pour la partie export. Nous, on agit avec le cœur mais c’est important d’être bien entouré.

Quel est le principe d’ABBI ?

ABBI c’est l’acronyme de nos valeurs : authenticité, bien-être, beauté, individualité. On ne propose pas un panel de produits pour tout le monde. Notre démarche est inversée : on part de la personne pour lui réaliser des cosmétiques adaptées à ses besoins. Les personnes ont le choix entre deux solutions : aller dans un institut de beauté ou une pharmacie (plus de 800 officines en France, Ndlr) où sont déposés nos miroirs numériques ou bien effectuer un scan de leur visage depuis leur smartphone ou leur ordinateur grâce à notre app web.
Grâce  au scan du visage, l’Intelligence Artificielle analyse plusieurs caractéristiques de la peau : l’hydratation, la sensibilité, les rides, les taches, la rugosité, la dilatation des pores, les imperfections, l’éclat du teint. Chaque caractéristique est composée de plusieurs critères. Par exemple, les rides sont déterminées en fonction de leur nombre, leur longueur, leur profondeur tout en prenant l’âge de la personne en compte.

Un simple selfie est-il aussi pertinent qu’un test chez un dermatologue ?

On a fait une étude clinique indépendante avec une antenne de la Pitié Salpêtrière. Ça a démontré qu’entre un test dermatologique classique et le test d’ABBI, il y avait 97% de fiabilité.

Une fois ce diagnostic établi, que reçoit le client ?

Le colis comprend une crème composée d’une base avec des principes actifs et trois autres qui sont ajoutés en fonction des résultats du diagnostic (cela donne plus de 40 000 combinaisons possibles, Nldr). Mais la personne peut modifier la présence des ingrédients si elle le souhaite. Le colis contient aussi un sérum à l’acide hyaluronique ou avec du collagène. Un complément important qui apporte l’élément pur et un actif de fond pour aider les cellules à continuer de produire par elles-mêmes ces éléments. On offre aussi une brume essentielle pour protéger la peau contre toutes les pollutions (fumée de cigarette, pots d’échappement, lumière bleue des écrans…). Tout ça pour un budget de 69 à 79€. Ces produits sont réalisés et expédiés en 48h par l’un des rares préparatoires encore présents en France et avec qui nous avons un partenariat.

Votre démarche mêle à la fois la technologie avec l’Intelligence Artificielle et la nature avec des produits soucieux de l’environnement…

Oui, notre objectif principal, c’est de proposer des cosmétiques sans produit polémique. Ils ne contiennent par exemple pas de silicones qui empêchent les cellules de respirer, pas de phénoxyéthanol qui est un conservateur très utilisé dans les produits de beauté…  Nos cosmétiques sont au minimum à 95% d’origine naturelle. On souhaite toujours répondre à la demande des clients et on proposera bientôt des versions entièrement Bio pour ceux qui y sont attachés. Nos produits sont fabriqués en Rhône-Alpes. Ils ne sont pas emballés dans du carton ni recouverts de film plastique mais livrés dans des pochons en tissu réutilisable.

Quels sont vos projets ?

Nous développons d’autres indicateurs de diagnostic comme les poches, les cernes… Nous voulons aller plus loin en proposant aussi des produits capillaires sur-mesure car le cuir chevelu est le prolongement de la peau.
Nous avons aussi à cœur de proposer des soins adaptés aux problèmes cutanés spécifiques des personnes traitées pour un cancer. Le clinicien pourra suivre l’évolution de la peau en regardant les photos prises par le patient dans son espace et ajuster la composition des crèmes de soins pour un suivi sur-mesure.
Nous allons bientôt lancer la gamme « Booster » pour les jeunes avec des prix plus abordables.
On a également retravaillé la navigabilité sur l’appli d’ABBI et elle sera bientôt disponible en anglais et en chinois.

Quel regard portez-vous sur cette aventure ?

Je suis déjà très heureuse qu’on ait réussi à faire exister ABBI. J’adore recevoir les retours des clients. Quand je vois que les personnes commandent de nouveau, ça montre qu’on ne s’est pas trompés. Je me rends compte aussi que la communication est un enjeu important. Quand mon mari est passé dans l’émission « La France qui bouge » sur Europe 1, il y a eu un pic de commandes et de selfies dans les heures qui ont suivi qui ne pouvait pas être du au hasard. En tant que biochimiste, petit rat de laboratoire, je ne mesurais pas du tout cet impact. Au quotidien, toute l’équipe continue de s’activer pour répondre aux attentes des consommateurs. Ce n’est que le début, on avance chaque jour !

Dorothée Blancheton

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