Notre liberté ne doit pas coûter le prix de notre sécurité
Ce message, c’est celui de centaines de milliers de jeunes femmes, choquées et profondément marquées par le sort de Sarah Everard. Le 3 mars dernier, la jeune femme de 33 ans rentrait chez elle après une soirée entre amis. Malgré avoir prévenu son compagnon de son départ et être restée au téléphone avec lui, elle n’est jamais rentrée. Une semaine plus tard, son corps à été retrouvé dans un bois aux abords de Londres.
Son avis de recherche avait été massivement partagé sur les réseaux sociaux, en particulier par des jeunes femmes qui entretenaient l’espoir de retrouver Sarah vivante.
“Son histoire c’est la notre” #ReclaimTheNight
Des centaines de témoignages ont déferlés sur la toile, dénonçant des cas de harcèlement subits par des femmes dans les rues de Londres, alors qu’elles rentraient chez elles. D’où qu’il vienne, le cri du coeur est le même : ce n’est pas aux femmes de devoir avoir peur et de se protéger, mais aux hommes de cesser d’agresser.
Samedi, des centaines de personnes ont manifesté leur colère devant la situation des londoniennes, mais aussi face aux méthodes de la police qui, en faisant du porte-à-porte pour enjoindre les femmes à rester à l’intérieur pour leur propre sécurité, perpétue un système dans lequel la victime est responsable de ce qui lui arrive.
Cela a déclenché un mouvement social, “Reclaim these streets”, dans lequel des femmes de tous horizons demandent à être protégées de la violence masculine – et exigent que la police, le gouvernement et les hommes soient collectivement chargés de l’assurer.
Hundreds of demonstrators have gathered outside Scotland Yard and are marching through central London following the vigil that was held on Clapham Common yesterday in memory of Sarah Everard.@SkyMarkWhite reports.
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— Sky News (@SkyNews) March 14, 2021
L’insécurité des femmes : un problème de fond
Après plus de trois ans du mouvement #MeToo, la police et la société disent encore aux femmes de sacrifier leurs libertés pour acheter un peu de sécurité temporaire.
Un ras-le-bol général qui intervient alors que l’organisation UN Women UK. a publié un nouveau rapport montrant que 97 % des femmes âgées de 18 à 24 ans au Royaume-Uni ont déclaré avoir été harcelées sexuellement.
La situation n’est guère meilleure en France, puisqu’en janvier 2021, une enquête menée par L’Oréal Paris en partenariat avec Ipsos, a démontré que depuis le début de la crise sanitaire, près d’une femme sur cinq en France déclare avoir été victime d’au moins une situation de harcèlement sexuel dans un espace public. 41% des femmes interrogées affirment se sentir moins en sécurité dans l’espace public ; 71% d’entre-elles disent éviter certains lieux et 61% adaptent leur tenue vestimentaire pour sortir.
Emma Rouan