Du pouvoir de l’égo à la puissance du collectif

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Dans l’un de ses récents articles Otto Scharmer a écrit en parlant du Covid-19 « le virus brandit un miroir devant nous. Il nous oblige à prendre conscience de notre propre comportement et de son impact sur le collectif, sur le système. Ce miroir nous invite doucement à faire quelques sacrifices personnels qui profitent à l’ensemble — pour faire bouger notre état intérieur de l’ ego à l’ éco. »

Ce passage m’a ramené quelques mois en arrière, début Octobre 2019, à un article que j’avais écrit sur la fonction des neurones miroir dans la dynamique du pouvoir. Et je me suis alors demandé, qui vraiment regarde ce miroir dans cette crise sanitaire mondiale et pour y voir quoi ? Je ne doute pas que la réponse à cette question est certes très claire pour le Parisien qui le 5 avril dernier, y a vu une vision du monde post Covid-19, portée par une pensée unique, celle des hommes…Une couverture qui a elle seule pourrait être l’illustration parfaite du propos de cet article. collectif

Mais que sont les neurones miroir ? Ce sont les neurones qui constituent la base de l’empathie et jouent donc un rôle important dans la cognition sociale parce qu’ils permettent de comprendre, de reproduire, et d’agir en fonction de ce que pense, fait, ou ressent autrui par effet de résonance chez soi. collectif

En 2013, trois professeurs chercheurs (Jeremy Hogeveen, Sukhvinder Obhi et Michael Inzlicht) ont mesuré chez un groupe d’adultes (femmes et hommes), les effets du pouvoir sur cette capacité de résonance. L’expérience a montré que chez les personnes se sentant en situation de pouvoir, ce dernier affecte le fonctionnement du cerveau et réduit sa faculté à traiter les données visuelles, cognitives et émotionnelles observées chez l’autre. Et pourquoi ?  Parce que cet autre n’est pas reconnu comme ayant une position de pouvoir.

Ce mécanisme neuronal, lorsqu’il est présent chez les personnes de pouvoir, les limite dans leur développement d’une compréhension de l’autre, qui n’est alors pas perçu comme un individu qui pourrait enrichir leur conception du monde, leurs points de vue, leurs pratiques et la possibilité d’inscrire leurs décisions et actions dans l’intérêt collectif.

Cette expérience tend donc à montrer que sous emprise du pouvoir, certaines personnes se distancent émotionnellement, mentalement et même physiquement des autres, ce qui crée un rejet social de part et d’autre. Les personnes de pouvoir traitent les personnes sans pouvoir comme une masse invisible, et celles-ci, plus elles sont invisibilisées, plus elles fustigent les personnes de pouvoir pour les attentes non comblées. Qu’il soit justifié ou non ce rejet social est générateur d’un stress qui, lui aussi, produit des altérations cérébrales. Des recherches menées par différentes équipes de scientifiques ont montré que le rejet social réduit le renouvellement cellulaire dans les zones du cerveau utiles pour élaborer des raisonnements complexes et adopter des comportements élaborés. Cette neurogenèse va alors se faire dans les zones cérébrales en charge des réponses automatiques, des comportements répétitifs, et d’un certain attentisme.  

Cela est d’autant plus préoccupant que cette pandémie et les multiples catastrophes des décennies qui l’ont précédée, appellent à un leadership animé de la volonté de porter une autre vision du monde, prendre des décisions inédites, et insuffler un élan nouveau  dans le développement humain.

Quand pour ma part je regarde dans le miroir j’ai envie de voir « un monde d’après » dans lequel le pouvoir ne s’exerce pas sur mais avec l’autre. Je vous propose dans une prochaine rubrique d’explorer ensemble cette nouvelle forme de pouvoir.

Sandy Beky

Fondatrice – KyoSei Solutions Lab

Directrice – Leadership Lab INSEEC International BBA

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