Au Yémen, les femmes paient le prix d’une guerre d’hommes

Yémen
Six années de conflit ont fait du Yémen le site de la plus grande crise humanitaire au monde. Et ce sont les femmes qui paient le prix fort...

Dans ce pays meurtri, les organisations internationales estiment à 20 millions le nombre de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire. Parmi ces victimes d’une guerre sans fin, des femmes et des filles. Beaucoup, la majorité, souffrent de conditions sanitaires et économiques déplorables. Tous les jours, elles paient le prix d’une guerre d’hommes

Une absence alarmante de services de santé maternelle et infantile

Au Yémen, le système de santé ne tient qu’à un fil ; seule la moitié environ de tous les établissements de santé du Yémen sont fonctionnels, et parmi ceux qui fonctionnent encore, seuls 20 % offrent des services de santé maternelle et infantile. Pourtant, les femmes continuent de donner la vie, même en temps de guerre. Le résultat ? Une femme meurt en couches toutes les deux heures, selon l’UNFPA.

La famine qui menace le pays pourrait aggraver la situation. Plus d’un million de femmes enceintes et allaitantes souffrent déjà de malnutrition aiguë, un nombre qui risque de doubler à mesure que l’insécurité alimentaire s’aggrave.

Violences de genre, mariages d’enfants… la violence de la guerre au-delà des bombes

Dans les camps et les installations dans lesquelles elles ont trouvé refuge, les femmes et les filles sont trop souvent des victimes de violences sexistes. Très vulnérables et pauvres, elles constituent une proie facile pour toutes sortes d’abus. 

Le taux de mariage des enfants augmente également, car les familles sont confrontées à la pauvreté et à l’insécurité. Une étude récente du FNUAP dans trois gouvernorats a montré qu’une fille déplacée sur cinq, âgée de 10 à 19 ans, était mariée. Dans les communautés d’accueil, ce chiffre était de un sur huit.

Yémen : une aide humanitaire chroniquement sous-financée

Au Yémen, quelques 350 000 femmes ont perdu l’accès aux services de lutte contre la violence, suite à la fermeture de 12 espaces sécurisés soutenus par le FNUAP. On estime que 6,1 millions de femmes et de filles ont besoin de ces services.

En 2020, plus de 80 des 180 établissements de santé soutenus par le FNUAP ont fermé leurs portes en raison d’un manque de financement, ce qui a fait perdre à plus d’un million de femmes l’accès aux soins essentiels et à un accouchement sans risque. Des décès maternels évitables ont été documentés dans les districts où ces établissements ont été fermés.

Le 1er mars, les gouvernements suédois et suisse et les Nations unies organiseront une réunion virtuelle pour annoncer des contributions en faveur de la crise humanitaire. Le FNUAP lance un appel de plus de 100 millions de dollars pour fournir des soins ainsi que des services aux survivantes de la violence jusqu’à la fin de 2021.

Emma Rouan

 

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