Muriel Haïm : Son combat pour la paix

Muriel Haïm : Son combat pour la paix
Itinéraire de la fondatrice de l'association “Un coeur pour la paix”.

Muriel Haïm est la fondatrice de l’association “Un cœur pour la paix”, qui a permis en 8 ans d’opérer en Israël plus de 500 enfants palestiniens atteints de malformations cardiaques. Médecin engagée et pointure dans l’industrie pharmaceutique, juive et athée, expatriée et tout aussi enracinée, Muriel Haïm a su repousser les frontières à la lumière de sa bonne étoile.

Avant de lancer “Un cœur pour la paix”, Muriel Haïm a vécu bien d’autres aventures. Mais la santé a toujours été son leitmotiv, tout comme son altruisme a été l’un des moteurs de son existence. Fille d’un père vendeur de tissus, « un homme extrêmement généreux et tourné vers les autres, pour qui il n’existait pas de problèmes, mais que des solutions », et d’une mère au foyer «extra, surnommée Mitout car elle sait tout », Muriel Haïm a grandi portée par l’amour de ses parents.

Mais aussi par les valeurs républicaines de ses grands-parents, qui ont toujours eu à cœur de s’intégrer. Issue d’une famille juive, l’éternelle optimiste se dit « athée mais très profondément juive ». Très attachée à la culture, aux valeurs et aux traditions du judaïsme, Muriel Haïm est avant tout une humaniste qui s’est rapidement dirigée vers le domaine de la santé, universel.

Jeune médecin, elle décide de s’établir en banlieue à Garges-lès-Gonesse. Très impliquée dans le milieu humanitaire depuis son plus jeune âge, elle souhaite faire de la médecine sociale. « Quand on est médecin, les gens nous confient ce qu’ils ont de plus précieux, c’est une relation individuelle très forte », souligne-t-elle. En 1981, elle part en Israël avec deux amis éducateurs et deux psychologues fonder la première Bait Ham. Il s’agit de maisons qui accueillent les jeunes Israéliens à la sortie de l’école afin d’éviter qu’ils ne tombent dans la délinquance. « On a su qu’on avait gagné notre pari quand les garçons nous ont envoyés leurs petits frères », explique-t-elle. Aujourd’hui, il existe une trentaine de ces centres en Israël.

« A New York, tout était possible »

De retour en France pour des raisons personnelles en 1985, Muriel Haïm effectue des remplacements. «Mon fils ne me voyait jamais. Je rentrais des tournées à 22 heures le soir », raconte-t-elle. Elle décide alors de se rapprocher d’une chasseuse de tête pour pénétrer l’industrie pharmaceutique et obtenir un travail de salariée. Petite, elle était déjà intéressée par l’économie. Elle reprend des études en conséquence (CESAM et IAE) et, forte de sa maîtrise de quatre langues, est embauchée par Sanofi et envoyée à New York.

C’est le début de l’aventure américaine pour Muriel Haïm, qui se retrouve ensuite propulsée responsable des affaires économiques monde chez le numéro 1 mondial Merck. « J’ai trouvé cette période à New York fantastique. J’étais une petite Française avec un accent à couper au couteau et on m’a fait confiance. Lorsque j’ai vu le patron de Merck Amérique du Nord et du Sud, il ne m’a pas demandé comment ça allait, mais ce que j’allais être capable de faire et de proposer. C’était un rapport très direct qui n’existait pas encore en France. J’ai passé des années formidables », se souvient-elle.

Après les États-Unis, Muriel Haïm retourne en France et continue à travailler pour Merck. Nommée responsable des relations publiques et de la communication, elle doit gérer le retrait de l’anti-inflammatoire Vioxx. « On s’était rendu compte que l’utilisation du médicament sur le long cours avait un impact très différent sur le corps, et par précaution, on a préféré retirer le produit. Tous les gens qui ont eu à gérer ce genre de choses savent que c’est très dur pour la société », confie-t-elle.

« A Hadassah, l’ennemi, c’est la maladie »

En 2005, Muriel Haïm décide de lancer “Un cœur pour la paix” après un voyage en Israël durant lequel elle prend conscience que les enfants palestiniens atteints de malformations cardiaques congénitales ne peuvent être opérés, faute de structures adaptées. L’association a ainsi mis en place un programme global pour prendre en charge les enfants du dépistage au traitement, en passant par la prévention via une information sur les risques des mariages consanguins.  A Ramallah, un centre a ouvert en 2012. Ce dernier sera soutenu par “Un cœur pour la paix” les trois premières années, et un correspondant est à Gaza.

Avec “Un cœur pour la paix”, il s’agit non seulement de récolter des fonds pour financer des opérations coûteuses (14 000€), mais plus globalement de rapprocher les Israéliens et les Palestiniens par des actions dans les domaines de la santé et de la formation. Portés par le radeau de l’éternel espoir, Muriel Haïm et son équipe ont su créer une passerelle entre deux rives séparées par les déferlantes incessantes de la vengeance. « A Hadassah, l’ennemi, c’est la maladie », lui a un jour confié une infirmière travaillant dans cet hôpital de Jérusalem. Une phrase qui résume bien l’état d’esprit de ce lieu unique.

« Il faut créer des territoires non conflictuels »

Des gouttes de paix dans une région aride. « Un jour, le père d’un des enfants que nous avions opéré nous a dit que cela avait changé sa vision des Israéliens. Sa famille avait été chassée en 1948, et pourtant, c’est la chaleur du peuple ennemi qui leur a permis de tenir alors qu’ils n’avaient aucune famille à Jérusalem. Je lui ai dit, ‘vous savez, un million de juifs ont été chassés des pays arabes, regardons vers le futur et voyons ce que l’on peut faire’.

Tant pis si l’on n’est pas d’accord sur un certain nombre de choses, quelque chose de nouveau est en train de se créer », raconte Muriel Haïm qui croit farouchement en la capacité de la société civile à faire changer les choses. Femme médecin, proche du cœur et de l’être, Muriel Haïm ne s’inscrit pas dans une posture. « Sauver des gamins ne peut pas être mauvais, et si ça fait avancer les choses, c’est encore mieux ».

0
    0
    Votre panier
    Votre panier est vide