Rencontre olfactive avec Patricia de Nicolaï…

Nicolaï
… la seule femme parfumeur indépendante à la tête de sa propre marque.

Patricia de Nicolaï fêtera en septembre prochain les 25 ans de sa maison de parfum, cofondée avec son mari Jean-Louis Michau. Le monde du parfum n’a aucun secret pour cette descendante de la famille Guerlain, à la tête de la création et de la fabrication de toutes les fragrances Nicolaï. Elle nous a reçue au sein de la maison mère, sa boutique de l’avenue Raymond Poincaré, au cœur du 16e arrondissement de Paris, entre le Trocadéro et la place Victor Hugo. Avec passion, elle a évoqué pour nous ses souvenirs d’enfance dans l’hôtel particulier des Guerlain, et l’histoire de sa marque.

Une enfance dans l’univers Guerlain

De la demeure de son enfance, située dans le 17e arrondissement de Paris, Patricia se souvient de la multitude de produits Guerlain qui remplissaient les salles de bains. Lorsque la famille partait en vacances, sa grand-mère faisait livrer la quasi totalité de la gamme afin qu’ils soient « ravitaillés » jusqu’à leur retour. Les soirs de réception, l’odeur du mythique pot pourri, aujourd’hui malheureusement retiré de la vente à la suite d’un accident domestique, s’évaporait dans tout l’hôtel.

Sa chambre se trouvait au-dessus de la salle de bains de sa mère. Le dernier geste de celle-ci après avoir fait sa toilette était de se parfumer avec Shalimar. Patricia se souvient ainsi de ces effluves qui montaient jusqu’à sa chambre, lui annonçant la fin de ses rêveries matinales. Inconsciemment, elle s’est imprégnée de la culture olfactive de cette marque mythique, dont les senteurs si particulières lui évoquent encore aujourd’hui son enfance.

Une carrière sous le signe du destin 

Le destin de ce fin nez n’était pourtant pas tout tracé. Patricia voulait être médecin, mais elle rate le concours de quelques points. C’est au Centre d’Information et de Documentation Jeunesse (CIDJ) que sa vie prend un nouveau chemin. Ayant étudié la chimie, elle cherche des écoles la pratiquant et découvre que cette matière peut s’appliquer à la parfumerie. Or, son oncle Jean-Jacques Guerlain a fondé l’ISIPCA, une école qui forme aux métiers du parfum. Elle a trouvé sa voie : “Il n’y avait pas de concours d’entrée, les études se réalisaient à l’époque en trois ans et il y avait un travail à la sortie. »

Au cours de ses stages, Patricia comprend vite que c’est par la création qu’elle veut se réaliser. A la fin de ses études, au début des années 1980, il y a très peu de femmes parfumeurs. Après six ans passés chez des industriels de la parfumerie, elle souhaite poursuivre son travail de manière plus indépendante et plus libre. Son mari, Jean-Louis Michau, lui propose alors de s’associer pour lancer leur maison de parfum. Enceinte de son troisième enfant, Patricia hésite. Il saura pourtant trouver les mots pour la convaincre. L’aventure commence en 1989.

Remise en avant du métier de parfumeur

Dès le début, les rôles sont établis. Patricia crée, s’occupe des achats de matières premières, de la fabrication des parfums et de la communication. Jean-Louis gère l’entreprise, l’aménagement des magasins, la production. Leur concept : remettre en avant le métier de parfumeur, car pour elle, « on ne sait que trop rarement qui se cache derrière un parfum. » Chez Nicolaï, le parfumeur est « libre de ses choix créatifs, libre d’utiliser les plus belles matières premières, sans contraintes marketing ni limite de prix. » Le milieu de la parfumerie est devenu en effet prisonnier du marketing. Les budgets alloués aux publicités, au design des flacons et aux habillages sont colossaux.

Ici, le budget ne doit pas empiéter sur la qualité des jus et sur la somme consacrée aux matières premières qui les composeront. Le précieux liquide est l’unique obsession de la marque et les flacons, tous identiques, ne servent qu’à le mettre en valeur. Beaucoup de grandes maisons vont ensuite adopter ce concept en proposant des collections exclusives, disponibles uniquement dans certains points de vente : L’Art et la Matière chez Guerlain, Les Exclusifs de Chanel…

Au coeur de la création 

Dans toutes ses créations, le style personnel de Patricia de Nicolaï se dégage, avec une prédilection pour les fleurs blanches et les notes ambrées. La maison dispose d’une des plus riches collections de la parfumerie contemporaine, disponible dans ses huit boutiques ou dans les quatre cents points de ventes établis à travers le monde. Mais Patricia ne s’arrête pas aux parfums. Suivant les conseils de son entourage, elle devient bientôt l’une des pionnières des fragrances d’ambiance de haute qualité. Un retour aux sources. Pour sa première bougie parfumée, elle s’est en effet inspirée du pot pourri de Guerlain : c’est la fameuse Maharadjah. 

La maison produit deux nouveautés par an et Patricia, très attachée à la défense de sa profession, est la créatrice de tous les parfums. Unique détentrice des formules de ses jus, elle les a déposées dans un coffre à l’Osmothèque de Versailles (qu’elle préside depuis 2008). Quant à l’avenir, c’est encore loin… Elle avoue qu’elle ne sait pas à qui elle va transmettre le flambeau. « Mes enfants ne sont pas créateurs. Néanmoins, deux sur quatre ont un bon profil pour devenir commercial et dirigeant d’entreprise. Je garde bon espoir. »

Dans un monde du parfum de plus en plus uniformisé, où les fragrances se ressemblent, Patricia de Nicolaï continue à créer des jus uniques, qui correspondent à leur époque. Elle reste en effet très à l’écoute de sa clientèle. Elle a d’ailleurs établi son laboratoire au sein de la boutique mère de l’avenue Raymond Poincaré, comme pour mieux hûmer les goûts de ses acheteuses.

3 flacons de parfum Nicolai

Pour les 25 ans de la maison, elle prépare actuellement un parfum anniversaire inspiré de senteurs d’ambre solaire. Elle ne nous en dira pas plus… Patience donc, jusqu’au mois de septembre !

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