L’une protège les femmes de leurs agresseurs, l’autre ambitionne de faire émerger des licornes tricolores quand la dernière a pour feuille de route l’émergence d’un champion mondial de la transition écologique. Qui sont les femmes qui vont faire 2022 ? La réponse ici dans notre palmarès !
Palmarès des 10 femmes qui vont compter en 2022
Estelle Brachlianoff
Fonction : Directrice générale de Veolia
Exploit : Troisième femme à pénétrer la tête du CAC 40
CV express : Après Catherine McGregor – la patronne d’Engie qui succédait elle-même à Isabelle Kocher. Estelle Brachlianoff est la troisième femme à se hisser à la tête d’une entreprise du CAC 40. Tout juste nommée Directrice générale de Veolia, elle arrive dans un contexte fleurissant pour l’entreprise. Après l’OPA réussie sur Suez. Directrice générale adjointe chargée des opérations depuis 2018, Estelle Brachlianoff est présentée comme la dauphine du grand patron Antoine Frérot. “La moitié des solutions sont déjà disponibles, et l’autre moitié reste à inventer pour relever les défis du réchauffement climatique et des nouvelles pollutions, comme celles de l’air et de l’eau”, expliquait la polytechnicienne de 49 ans lors du dernier salon Vivatech. L’ambition de Veolia est désormais de devenir un champion de la transition énergétique. Vaste chantier !
Ludivine Romary
Fonction : Fondatrice et CEO de MyEli
Exploit : Elle a inventé le premier bijou de défense connectée
CV express : Quelle femme ne s’est jamais sentie menacer dans la rue en entendant quelqu’un presser le pas derrière elle ? Avec MyEli, Ludivine Romary entend en finir avec cette peur ambiante. Elle a imaginé un bracelet 100% connecté au design discret permettant à sa détentrice d’envoyer un SMS préenregistré en un clic à ses contacts de secours, assorti de sa position GPS. Voilà, entre autres, l’une des fonctions de ce super bracelet. Avec cet objet, Ludivine veut adresser « plusieurs problématiques sociétales comme le harcèlement de rue ou les violences conjugales », confiait-elle aux Echos Start. Un projet de fin d’études qui lui est venu en plein #metoo, et lui a valu de recevoir un prix au dernier CES de Las Vegas. Cerise sur le gâteau, ses bijoux sont produits en France. On applaudit !
Moria Zituny Bennet
Fonction : Co-fondatrice de Tevva Motors
Exploit : Elle invente le camion électrique
CV express : Un milliard de voitures circulent à travers le monde, et pas moins de 60 millions de camions. Malgré ce delta, les camions représentent à eux-seuls 35% des émissions de CO2 dans le secteur des transports. Contre 40% pour les voitures. L’urgence climatique nécessite donc de l’innovation. Et c’est ce que Tevva propose avec la création d’un camion 7,5 tonnes électrique. Une entreprise britannique co-fondée par Moria Zituny Bennet, entrepreneure peu connue du grand public mais dont la société est présentée comme la seconde compagnie la plus prometteuse dans le monde de la climate tech après avoir connu une croissance de 153% de ses effectifs en 2021, et levé plus de 88 millions de dollars depuis sa création en 2012.
Et pour cause, les camions produits par Tevva ont une batterie électrique capable de faire rouler le véhicule sur 250 km. Le tout, assorti d’un prolongateur à hydrogène offrant 250 km supplémentaires. En 2023, Tevva prévoit la production de 3000 camions par an.
Clara Chappaz
Fonction : Directrice de la mission French Tech
Exploit : Un job de choc à seulement 32 ans
CV express : Après 3 années passées à développer avec succès Vestiaire Collective – la licorne de la mode de seconde main – notamment sur le marché américain, Clara Chappaz vient de prendre la tête de la French Tech. Elle succède ainsi à Kat Borlongan avec trois objectifs principaux : créer davantage de licornes, augmenter la diversité dans l’écosystème de la startup nation, et booster les green techs en vue de soutenir la transition écologique.
« L’écosystème tech en France prend de l’ampleur mais ce n’est pas suffisant », affirmait-elle à La Tribune. Sur France Info, elle ajoutait : “Le marché français est important, mais il n’est pas assez important pour faire des géants”. Avec ses multiples expériences à l’international, Clara Chappaz pourra compter sur sa solide expérience du haut de ses 32 ans. Un mandat qui s’annonce plein de défis !
Najla Boudem Romdhane
Fonction : Première ministre de Tunisie
Exploit : Pionnière dans l’obtention de ce poste dans un pays arabe
CV express : Inconnue au bataillon de la politique tunisienne, Najla Boudem Romdhane est la première femme à accéder au poste de Première ministre dans un pays arabe. Ingénieure de formation, elle a travaillé dans le secteur pétrolier. Mais également avec la Banque mondiale sur une mission autour de l’employabilité des jeunes, dans un pays où 30% de cette population est au chômage.
Son ambition ? « Mettre fin à la corruption et au chaos qui s’est répandu dans de nombreuses institutions de l’État », pouvait-on lire dans un communiqué. Décrite comme “pédagogue et bonne communicante”, aura-t-elle cependant toute la latitude nécessaire pour réformer le pays. Sachant qu’elle est totalement novice dans l’art de la politique. Pour beaucoup, sa nomination par un Président conservateur qui s’est octroyé les pleins pouvoirs ne serait que de la poudre aux yeux. Kaïs Saïed, l’actuel Président, s’est de surcroît opposé à l’égalité des hommes et des femmes dans les héritages au nom du Coran. Affaire à suivre.
Amélie Mauresmo
Fonction : Tenniswoman et coach
Exploit : Première femme à diriger le tournoi de Roland Garros en 2022
CV express : Ex-numéro 1 mondial, consultante TV, capitaine de sélection de la Fed Cup, coach d’Andy Murray ou encore de Lucas Pouille… Amélie Mauresmo a endossé bien des casquettes. Cette fois-ci, elle devient la première femme à diriger le tournoi de Roland Garros, l’un des plus importants du circuit mondial. “Je me sens chanceuse qu’ils m’aient appelée. Je ne savais pas vraiment quoi faire de ma carrière professionnelle. J’avais déjà réalisé et dépassé tous mes rêves d’enfance”, racontait-elle à nos confrères de l’Equipe.
Alors que le monde du sport a été ébranlé par de multiples cas de discriminations ou de harcèlement à l’égard des femmes, voilà qui sonne comme une excellente nouvelle. Après Stacey Allaster à l’US Open, Amélie Mauresmo est donc la seconde femme à diriger un tournoi du Grand Chelem avec une envie profonde d’améliorer ce qui peut l’être. “Bien sûr, j’espère que ce sont mes compétences qui m’ont amenée ici, davantage que mon genre [féminin]“, scande-t-elle. Avec un tel CV, qui pourrait en douter ?
Jennifer Phan
Fonction : CEO et Co-fondatrice de Passionfroot
Exploit : Une levée de 3m€ en phase de pré-amorçage, un record européen
CV express : Après un parcours modèle dans le secteur de l’investissement, cette berlinoise a co-fondé Passionfroot, une startup qui témoigne de la vivacité de l’écosystème européen puisqu’en seulement trois mois. Celle-ci enregistre une levée record en phase de pré-amorçage. Passionfroot pourrait bien révolutionner le quotidien de nombreux créateurs de contenus (blogs, podcasts, newsletters…) avec sa solution “no-code”.
Une plateforme “all in one” servant à la fois de vitrine, de solution CRM, de gestion de fonctionnalités de collaboration ou encore des flux de trésorerie. « Il y a tellement d’éducation à faire avec les créateurs pour qu’ils fonctionnent en tant qu’entrepreneurs et soient les PDG de leur marque de mini-médias », confiait Jennifer Phan à Sifted. Elle ajoute vouloir abaisser la charge mentale et financière des créateurs de contenus. Passionfroot a été financé pour moitié par des femmes ou des personnes issues des minorités. Fait suffisamment notable pour être souligné !
Fernanda Valadez et Tatiana Huezo
Fonction : Réalisatrices
Exploit : Première génération de cinéastes à percer au Mexique
CV express : Il y a deux semaines, le New-York times leur consacrait un article flatteur. Et pour cause, Fernanda Valadez et Tatiana Huezo, toutes deux réalisatrices, sont les premières femmes à percer dans leur pays, ce qui était absolument impensable il y a quelques décennies. Ces deux mexicaines ont remporté de grands prix internationaux. “Prayers for the Stolen”, le film de Tatiana Huezo, a été shortlisté aux derniers Oscars.
Quant à Fernanda Valadez, son oeuvre “Identifying Features” a remporté deux prix au Sundance Film Festival en 2020. Il a également raflé la mise aux Ariel Awards, l’équivalent des Oscars au Mexique. Et pour les réalisatrices, comme pour les femmes en général, cela veut dire beaucoup dans un pays ultra-patriarcal. Tatiana Huezo se souvient ainsi de ses débuts dans le milieu où aucun réalisateur ne désirait la faire travailler, prétextant que “porter une caméra était trop lourd pour elle”. “Le rêve de faire du cinéma était quelque chose de très lointain. Nous avons grandi avec l’idée que faire des films était difficile (…) Je suis si heureuse de faire partie de cette génération de femmes qui racontent des histoires puissantes”, explique Valadez. Elles ne savaient pas que c’était impossible, alors elles l’ont fait.
Aurélie Jean
Fonction : Scientifique numéricienne, entrepreneure et auteure
Exploit : Elle démocratise les algorithmes
CV express : On ne présente plus Aurélie Jean. Depuis plusieurs années, elle est la voix du code et mène un travail d’évangélisation auprès du grand public. Aussi passionnant que ses précédents ouvrages, son dernier livre “Les algorithmes font-ils la loi”, nous extirpe d’une vision à la Matrix selon laquelle nous nous ferions dominer par la machine. Test de recrutement d’Amazon écartant les CV des femmes, proposition de vidéos de singes suite à la diffusion de contenus avec des personnes de couleur sur Facebook…
À qui la faute ? Aux algorithmes, vraiment ? “Ce sont tous les individus – comme personnes physiques – et les organisations – comme personnes morales – qui interagissent avec la conception, le développement, la vente et l’utilisation de ces algorithmes, qui sont potentiellement responsables”, explique-t-elle dans cette interview. Un livre à parcourir absolument en ce début d’année !
Claire Léost
Fonction : Présidente de Prisma Media
Exploit : Cumuler les jobs de romancière et dirigeante
CV express : Elle mène une double vie. Celle de romancière et dirigeante. On l’a connue comme autrice de l’essai à succès “Le rêve brisé des working girls”. Après avoir publié son second roman, “Le passage de l’été”, Claire Léost a récemment pris la présidence du groupe de presse Prisma Média, passé sous pavillon Bolloré. Jusque lors Présidente de la régie publicitaire CMI France, elle a notamment piloté le plan de croissance du titre ELLE racheté par un milliardaire Tchèque en 2019.
Au sein de Prisma Média, elle aura pour mission d’accélérer la transformation du groupe. Décrite comme une “force tranquille”, Claire Léost poursuit son chemin avec force et sensibilité. « Je n’ai pas de problème avec la vulnérabilité. Je peux dire que je ne sais pas, même si ça peut désarçonner pour un leader », confiait-elle dans Stratégies. Une dirigeante inspirante !