Ndidi Okonkwo Nwuneli, la bonne fée nigériane

Ndidi Okonkwo Nwuneli, la bonne fée nigériane
Elle est l'une des femmes les plus respectées d'Afrique. A 40 ans, Ndidi Nwuneli est une vraie serial entrepreneure. Elle accompagne aujourd'hui les générations futures, bien décidée à dénicher les pépites du continent.

Qui est-elle  ?

Ndidi Nwuneli est sans conteste l’une des grandes figures de l’entrepreneuriat féminin en Afrique. Listée parmi les 20 jeunes femmes africaines les plus influentes par Forbes, elle a aussi été choisie en tant que Young Global Leader par le Forum économique mondial. Il faut dire que le parcours de la nigériane est des plus étincelants : un M.B.A à Harvard, un parcours de consultante dans les plus grandes instances et compagnies mondiales (Bridgespan Group, Mckinsey, la Banque Mondiale…), puis une série de projets menés avec brio.

En 2000, elle retourne sur sa terre natale et fonde dans la foulée LEAP Africa, une organisation à but non lucratif offrant des services de coaching aux entrepreneurs afin de les aider à développer leur leadership, leur réseau, mais aussi à accéder aux différents prêts et subventions. Elle a aussi créé la fondation NIA, qui accompagne les jeunes étudiantes du sud du Nigéria afin de développer leur potentiel. Et parce qu’elle ne manque pas de ressources, Ndidi Nwuneli est aussi la co-fondatrice d’AACE Food Processing & Distribution, une entreprise sociale en agro-alimentaire qui promeut la production et consommation locale. Enfin, elle est également partner chez Sahel Capital, un cabinet de conseil indépendant spécialisé dans l’agrobusiness au cœur de l’ouest africain.

Business O Féminin  : Quel est l’impact de l’entrepreneuriat social en Afrique  ?

Ndidi Okonkwo Nwuneli : Après des décennies de croissance molle et irrégulière, plus des 2/3 des pays africains ont bénéficié de 10 années ou plus de croissance ininterrompue. La majorité de ces pays sont désormais considérés comme des démocraties, et les conflits intérieurs ou aux frontières ont considérablement diminués. De plus, il y a eu des améliorations significatives dans les indicateurs de développement humain établis par les Nations Unies, et de nombreux pays africains ont été intégrés dans le classement Doing Business de la Banque mondiale.

Une grande partie de ces avancées peut être liée au travail d’un nombre grandissant d’entrepreneurs sociaux passionnés, engagés, qui s’attaquent aux problèmes les plus urgents du continent. Ces innovateurs évoluent dans le public, le privé, le secteur non -lucratif, et traitent majoritairement des problèmes d’éducation, santé, énergie, avec un nombre grandissant dans les services financiers, l’agriculture, les installations sanitaires. Leur travail est propulsé par les avancées rapides des technologies mobiles, qui facilitent l’E-santé, l’E-éducation, et les systèmes de paiement via le mobile. En plus de cela, ils sont aidés par des initiatives telles que les accélérateurs d’innovation, les réseaux, les prix ou les associations.

Business O Féminin  : Pensez-vous que l’entrepreneuriat est un milieu qui permet particulièrement aux femmes africaines de s’exprimer  ?

Ndidi Okonkwo Nwuneli : Les femmes devraient être représentées équitablement dans toutes les sphères de la société – la politique, le business, le non-lucratif, et les organisations religieuses. Etant donné les hauts taux de chômage en Afrique, et l’incapacité du secteur formel de créer suffisamment de jobs, l’entrepreneuriat est définitivement essentiel pour les hommes et les femmes. Cela offre l’opportunité de se créer son propre emploi et d’embaucher d’autres personnes.

Ceci étant dit, les femmes entrepreneurs ont plus d’impact sur leur communauté – tout d’abord grâce à leur approche du leadership et du management. La citation ci-dessous de Ritu Sharma le résume parfaitement.

«  Donnez à un homme un poisson et il mangera un jour, enseignez à un homme à pêcher et vous le nourrissez toute sa vie. Mais apprenez à une femme à pêcher, et tout le monde mangera de son vivant  ». (Palgrave Macmillan, New York, 2014).

Business O Féminin  : Quelles sont les difficultés majeures que les femmes entrepreneurs rencontrent  ?

Ndidi Okonkwo Nwuneli : Les plus grands obstacles sont l’accès au financement et aux marchés. De plus, une majorité de femmes entrepreneures n’ont pas suffisamment de formation commerciale et de connexions avec les fournisseurs de services de business développement.

Business O Féminin  : Quels sont les pays africains les plus intéressants pour les femmes en termes de business  ?

Ndidi Okonkwo Nwuneli : Le Nigéria abrite l’un des peuples les plus entrepreneur du monde. Les femmes montent des business dans un éventail d’industries, incluant le secteur créatif – la mode, la musique, l’art, la culture, et une quantité de sous-secteurs liés comme la beauté, la photographie… On observe aussi une forte croissance dans le secteur de l’information, communication et technologie, agrobusiness, événementiel, élevage, éducation et de nombreux services.

Les entrepreneurs continuent à affronter de nombreux challenges en termes d’accès au financement, lien aux réseaux et croissance. D’après une récente étude menée par SMEDAN et le bureau national des statistiques – 42% des micro entreprises au Nigéria sont gérées par des femmes entrepreneurs. Cependant, seulement 13,57% des PME sont tenues par des femmes, une indication claire qu’elles ont du mal à grossir.

En raison de notre histoire entrepreneuriale et de notre culture, le Nigeria est définitivement devant. Bien plus loin on retrouve le Kenya, Ghana, Rwanda et le Sénégal.

Business O Féminin  : Les gouvernements africains ont-ils des plans particuliers pour aider les femmes entrepreneurs  ?

Ndidi Okonkwo Nwuneli : Les institutions régionales comme l’African Union et les organismes de développement sont très au courant des problématiques du genre. De nombreux pays en Afrique ont introduit  dans leurs politiques et leur Constitution  des actes requérant un traitement égal pour les hommes et les femmes avec une attention particulière portée aux questions de propriété et de propriété des terrains. En plus de cela, les indicateurs  comme l’African Gender Development Index (AGDI), et  Global Gender Gap Index (GGI), le Women Empowerment in Agriculture Index (WEAI), le Gender-wrelated  Development Index (GDI) et le Gender Empowerment Measure (GEM), ont été introduits ces dernières années pour mesurer les changements et les progrès.

En dépit de ces changements positifs, les femmes en Afrique sub-Saharienne continuent à évoluer sur un terrain de jeu inégal, et les gouvernements aux niveaux local, national, fédéral ou régional ont encore beaucoup à faire.

Business O Féminin  : On entend souvent dire que le changement en Afrique viendra des femmes, partagez-vous cet avis  ?

Ndidi Okonkwo Nwuneli : Dieu mobilise les femmes et les hommes, et j’aimerais voir les changements émerger des deux sexes, travaillant ensemble à transformer notre continent.

Business O Féminin  : Quelle est votre vision future pour l’Afrique  ?

Ndidi Okonkwo Nwuneli : Je rêve d’une Afrique où chaque enfant né sur le continent puisse utiliser son plus haut potentiel, dans un environnement porteur et sécurisant. Je rêve aussi d’un continent qui pourrait se tenir debout, aux côtés des autres continents, respecté pour son dynamisme, incluant la croissance économique, les valeurs et la culture.

@Paojdo

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