Morgane Canastra (Wyker), la petite rebelle de la musique

Les 5 femmes à suivre garder leurs talents
Elle aime « briser les codes » et vante volontiers son caractère « atypique ». A seulement 27 ans, Morgane Canastra est la tête pensante de Wyker, une startup prometteuse permettant aux mélomanes de trouver des amis pour aller en concert, mais pas que. Rencontre avec une geek passionnée de musique à la volonté farouche.

« En fait, c’est l’ambition qui m’inspire ». Voilà ce que Morgane Canastra nous répond du tac au tac lorsqu’on lui demande quelles sont les personnalités qui l’ont marquée tout au long de son parcours. Ceci étant dit, la jeune femme concède toutefois admirer « comme tout le monde » le grand Manitou Steeve Jobs, et nous cite avec encore plus de plaisir Ada Lovelace, la femme qui créa le tout premier programme informatique et dont la mémoire s’est quelque peu perdue dans les méandres du Cloud. Car Morgane Canastra est une vraie geek et n’en est pas peu fière. « Beaucoup de femmes codent ou jouent aux jeux vidéos, malheureusement, nous ne sommes pas encore très visibles », estime-t-elle.

Et quand elle ne pianote pas sur son clavier d’ordinateur, Morgane compose à ses rares heures perdues et vogue de concerts en festivals, initiée à la musique par un père mélomane. Wyker est ainsi à la croisée de ses deux idylles, et une façon pour elle de s’imposer dans cet autre milieu réputé masculin. « C’est une fierté pour moi de montrer qu’un petit bout de femme jeune, ambitieuse et passionnée connaît bien son sujet », nous confie-t-elle. Mais elle se montre très optimiste quant à l’évolution de la place des femmes dans le secteur. « La musique demeure un milieu ouvert, et l’on observe d’ailleurs que de plus en plus d’hommes refusent de participer à des panels sur le MIDEM (le marché international B2B de l’industrie musicale, ndlr) lorsqu’il n’y a pas au moins une femme sur scène », nous confie-t-elle.

Plus de 50 000 utilisateurs fédérés en trois mois

En Mars 2018, Morgane Canastra lançait avec ses deux associés développeurs et musiciens la première version de Wyker. En seulement trois mois, l’appli a réussi à fédérer une communauté de 50 000 utilisateurs, une très belle performance. « La création de Wyker est née de ma frustration de manquer les concerts d’artistes que j’aimais car je n’avais pas l’info, mais aussi parce que je ne savais pas avec qui y aller. La live music se partage, mais en réalité, on ne connaît que très peu les goûts musicaux de nos amis, en dehors de deux ou trois groupes phares. Or, le reste, c’est 95% des concerts », note-t-elle.

Durant deux ans, les fondateurs ont ainsi fait travailler l’algorithme de l’appli avec 2000 bêta-testeurs afin d’affiner les « matchings » en fonction des goûts musicaux des utilisateurs et de leurs amis. Fort logiquement, plus un utilisateur se connecte à l’appli, plus cette dernière sera en mesure de lui proposer une prédiction qualifiée. Wyker, qui entend rapprocher les gens par l’intermédiaire de la musique, vient aussi de se doter d’une fonctionnalité de chat permettant aux fans de discuter entre eux de leurs artistes favoris, une façon de dépoussiérer le fan club. Les fondateurs sont également en train de discuter avec une major pour proposer des chats en live avec des artistes. Si le projet aboutit, il y a fort à parier pour que l’appli connaisse un nouveau boom.

« Etre startupper, c’est être entièrement responsable du bon comme du mauvais »

 Côté business, Wyker a effectué une première levée d’amorçage de 340 000€ en début d’année, et travaille maintenant à une levée en série A de 3 millions de dollars. L’objectif ? Continuer à se développer en France, Belgique et Suisse, puis se développer en Angleterre, le premier pays de live music en Europe, avant de s’attaquer aux USA où 45% du marché est concentré. « Notre objectif est d’ouvrir un second bureau là-bas, mais nous ne voulons pas aller trop vite.

Nous souhaitons que notre produit tienne la route », nous confie-t-elle. Outre le perfectionnement de l’algorithme, Morgane Canastra souhaite aussi que l’interface soit à la hauteur. « Je veux qu’elle transpire l’expérience utilisateur. J’aime le côté intuitif de Tinder et le design d’Apple. Je voulais donc faire quelque chose de très épuré et qui corresponde à notre cible de millennials », nous explique-t-elle. Pour sûr, la volonté et la motivation déployées par Morgane sont un puissant driver pour la startup.

Travailleuse acharnée, elle nous confie être concentrée sur la croissance de son entreprise, concédant que son incapacité à prendre des pauses est aussi certainement un défaut ! Entre l’écoute d’un podcast sur La Nouvelle Ecole et la lecture d’un papier de Jean de la Rochebrochard sur Médium (bras droit de Xavier Niel), la jeune femme reste totalement focus sur son objectif, partant du principe que rien n’est joué. Et de conclure : « Je profite des succès mais je ne tombe pas dans l’euphorie. Etre startupper, c’est rendre des comptes aux investisseurs mais aussi à soi. C’est être entièrement responsable du bon comme du mauvais. C’est pour cela qu’il faut développer une grosse capacité de résistance. Ne jamais douter, tout en sachant se remettre aussi en question. Mais c’est absolument passionnant car l’on drive son projet de A à Z, entouré d’une équipe. C’est une belle expérience humaine et professionnelle ».

@Paojdo

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