Que signifie être consultant aujourd’hui ? Dominique Perriot-Mathonna, auteur de “Je débute dans le conseil”, nous emmène dans les coulisses d’un métier aussi exigeant que formateur, en partageant conseils pratiques et secrets pour réussir dans ce domaine. Entre journées variées, défis intellectuels, et interactions directes avec les clients, il nous explique pourquoi le conseil constitue une école de formation intense et enrichissante pour les jeunes talents.
Quelle est la vie du consultant ?
Dominique Perriot-Mathonna : J’emploierais 3 qualificatifs : variée, engagée et enrichissante. En voici l’illustration à travers la journée type d’un ou d’une consultante. Le matin, il va travailler sur une proposition : il doit réfléchir, créer, rédiger sur un sujet prospectif sous la houlette d’un manager. En début d’après-midi, piloté par un autre manager, il réalise l’interview d’un client dans le cadre d’une mission et doit s’adapter au contexte. Au retour au bureau, il rédige le compte rendu, puis prépare une présentation pour le lendemain matin, ce qui met à contribution son esprit de synthèse.
En quoi le métier de consultant peut-il être un bon départ pour développer sa carrière professionnelle ?
Dominique Perriot-Mathonna : Certains jeunes consultants qualifient le début de carrière comme un stage très bien rémunéré et en CDI. On apprend tous les jours de ses managers, on est en contact et en prise directe avec les clients, donc avec la réalité ; on côtoie des problématiques et des environnements très variés !
Quelles qualités faut-il avoir pour réussir dans le conseil ?
Dominique Perriot-Mathonna : Je les classe dans 3 domaines. Qualités intellectuelles d’abord : curiosité, esprit critique pour analyser et discerner l’essentiel. Qualités relationnelles ensuite : savoir écouter, d’une part et expliquer, passer des messages d’autre part. Enfin, qualités comportementales à savoir : discipline, rigueur et adaptabilité.
Vous évoquez le processus de “fabrication” du consultant, c’est-à-dire ? Quelles sont les étapes ?
Dominique Perriot-Mathonna : Ce que je dis dans mon livre, c’est que c’est un métier qui s’apprend tous les jours et en grande partie par la pratique sur le terrain. Schématiquement, on apprend d’abord à écouter (le client), puis à rédiger (comptes-rendus, livrables, propositions, etc.) et, enfin, à parler (présenter, argumenter, convaincre).
Comment aborder sa première mission ?
Dominique Perriot-Mathonna : La première mission, c’est le baptême du feu : comment être pris au sérieux par un dirigeant habitué au contact des managers du cabinet ? Pour éviter de tomber dans le syndrome de l’imposteur, c’est-à-dire craindre de commettre une erreur, de ne pas avoir les bonnes compétences, de ne pas atteindre les objectifs, il faut participer activement à la mission, ce qui veut dire s’informer, lire, écouter et proposer. Le reste est du ressort du manager de mission qui devra fixer à notre junior des objectifs réalistes et atteignables.
Quels sont vos conseils pour “bien” diriger une mission ?
Dominique Perriot-Mathonna : Diriger une mission de conseil, c’est un ensemble d’activités : orienter les travaux de la mission, ce qui exige d’approfondir la problématique du client en regardant large et loin ; c’est piloter un projet en suivant rigoureusement les paramètres délais, budget, qualité ; c’est surtout manager l’équipe, c’est-à-dire déléguer, libérer les initiatives et donner confiance aux consultants.
Quels conseils donneriez-vous pour créer une relation de confiance durable avec les clients ?
Dominique Perriot-Mathonna : Le consultant doit rassurer le client par la stabilité de ses convictions, le mettre en confiance par la loyauté dans son comportement et la fidélité dans son engagement. Dans l’action, cela signifie s’impliquer dans les sujets du client, rester néanmoins dans son rôle de consultant sans chercher à faire ou à décider à sa place et surtout apporter de l’inspiration, un œil extérieur et un angle de vue original.
Quels conseils donneriez-vous à une consultante pour construire un réseau solide dans ce secteur ?
Dominique Perriot-Mathonna : Qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme, le réseau est le moyen pour le consultant d’étendre son cercle d’influence, de consolider sa crédibilité et sa légitimité. Ce réseau, il devra le développer en interne chez son client à travers des échanges privilégiés avec les leaders d’opinion (déjeuners, réunions en face à face, etc.).
En externe à l’entreprise cliente, il lui faudra « se montrer » : fréquenter les réunions d’alumni, prendre la parole dans des tables rondes, apparaitre sur les réseaux sociaux avec des articles de fond pour exhiber un savoir-faire solide.
Avez-vous un modèle de leadership ou des mentors qui vous ont inspirée tout au long de votre parcours ?
Dominique Perriot-Mathonna : Un mentor, pas vraiment mais j’ai été inspiré par l’expérience de mon associé qui avait déjà pratiqué ce métier avant notre rencontre : ensemble, nous avons fondé et dirigé des cabinets de conseil et l’aventure a duré 30 ans.
Durant ce parcours, mon objectif a toujours été de déléguer, de faire confiance, de transmettre pour permettre aux jeunes recrues de monter en compétence. Les jeunes femmes ont fait l’objet d’une attention particulière afin de leur donner l’opportunité de s’affirmer et de devenir des modèles au féminin, encore peu présents dans le monde du conseil.
J’ai écrit mon livre dans ce même esprit : donner des idées et livrer mon expérience pour que chacune ou chacun puisse grandir et s’épanouir.