Julie sublime les femmes atteintes d’un cancer avec ses Franjynes

Franjynes

À 27 ans, Julie découvrait qu’elle était atteinte d’un cancer du sein, mais pour elle pas question de faire une croix sur sa beauté. C’est alors qu’elle bidouille un système de turbans et de fausse frange pour retrouver dans le miroir celle qu’elle a toujours été. Trois ans plus tard, c’est grâce à son énergie créatrice et son envie d’aider les femmes malades qu’elle rend accessibles à toutes ses Franjynes, des turbans confortables et tendances agrémentés d’une frange en cheveux synthétique. Une startup coup de coeur !

Julie, comment est née l’idée des Franjynes ?

Julie Meunier : Il y a trois ans, j’ai eu un cancer du sein et suite à la chimiothérapie j’ai perdu mes cheveux et suis restée chauve pendant un an. Les traitements avaient affecté la qualité de ma peau qui était devenue très fragile et je ne supportais donc pas les perruques, du coup je mettais des turbans. Quand je sortais dans la rue avec un turban noué sur la tête, les gens ne se doutaient pas que j’étais malade et ils me complimentaient sur mon style !

Pourquoi un foulard et une frange plutôt qu’une perruque ?

Julie Meunier : En fait la perruque n’a pas vraiment été dépoussiérée depuis Louis XIV ! Les tissages sont toujours les mêmes qu’il s’agisse d’une perruque de super qualité ou non et ils sont vraiment difficiles à supporter tout au long d’une journée. En plus un modèle top qualité de perruque coûte environ 3000€ ! Je pense que les Franjynes peuvent venir en complément d’une perruque en apportant une alternative plus confortable.

Pourquoi avoir choisi le financement participatif pour lancer Les Franjynes ?

Julie Meunier : Je n’ai pas vraiment eu le choix ! Ayant été malade, je ne suis pas éligible au droit à l’oubli et il m’a donc été impossible d’obtenir un prêt. Mais j’avais 27 ans et une envie de faire des choses plus forte que tout, alors je ne me suis pas démontée et je suis passée par le crowdfunding. Et les gens m’ont prouvé que j’avais eu raison, en 45 jours la cagnotte s’élevait à 35 000 € ! Le fait qu’autant de gens me suivent, ça m’a prouvé que mon projet avait du sens.

Se réapproprier une image, un style, ça aide à faire face à la maladie ?

Julie Meunier : Ça sert à se sentir mieux. On ne se connait pas sans cheveux, sans sourcils, sans cils, on n’imagine pas se voir un jour comme ça. Le processus de réappropriation de soi est super important, il permet de retrouver le moral pour faire face au traitement avec plus de force. Bien sûr, on peut garder le moral autrement, avec le sport par exemple, mais pour moi retrouver la sensation de me faire jolie comme quand j’avais mes longs cheveux c’était important. Quand je me préparais et que je sortais, je disais toujours « Je suis de retour ! », je me reconnaissais à nouveau. Parce qu’on ne se rend pas compte que sans cheveux ni sourcils, homme ou femme, tout le monde se ressemble.

Sans frange, sans foulard, sans cheveux, c’est le regard des autres ou celui qu’on a sur soi qui est le plus difficile à vivre ?

Julie Meunier : Il y a les deux. Le regard sur soi est compliqué parce qu’on ne connait pas la personne dans le miroir. Quant au regard des autres, il est compliqué parce qu’il n’est pas méchant mais on sent une bienveillance mal placée. Quand on combat la maladie on est en mode guerrière alors on ne veut pas de regards de pitié. Mais ce n’est clairement pas la faute des gens. Après, il y a parfois des réactions agressives. Je me souviens d’un jour de canicule où je suis sortie sans rien sur la tête parce que j’avais super chaud et une mamie m’a balancé : « Vous n’avez pas honte, vous allez faire peur aux enfants ! ». Je pense que quand on est malade on met les gens face à leurs propres peurs, ils font un transfert.

Les Franjynes c’est aussi une marque engagée…

Julie Meunier : C’était essentiel pour moi d’avoir une marque engagée, Les Franjynes c’est avant tout une démarche solidaire et sociale alors pour chaque vente on reverse chaque mois 5% de notre chiffre d’affaires à la recherche contre le cancer et nos couturières sont des femmes malades en réinsertion professionnelle.

Combien coûte une Franjyne ?

Julie Meunier : Il faut compter 50 € pour une frange et 30 € pour un ruban. Le ruban est créé de façon à réguler la chaleur, à absorber la transpiration et il protège du soleil, ce qui lui a valu d’être reconnu comme prothèse capillaire avec donc un remboursement comme pour les perruques.

Vous avez un showroom à Nice, que s’y passe-t-il ?

Julie Meunier : On a ouvert en juin et on y fait plein de choses ! Tous les backstages des Franjynes, les bureaux, les préparations de commandes… Mais on reçoit aussi des clientes sur rendez-vous, elles peuvent découvrir les collections, il y a des cabines d’essayage, on leur montre les différents nouages. C’est vraiment un espace dédié aux femmes qui remet l’humain au cœur de nos actions, c’est important pour nous.

À quoi ressemble l’avenir pour Les Franjynes ?

Julie Meunier : Nous, car j’ai pu embaucher pour la première fois, travaillons sur l’exportation des Franjynes pour début 2019 en Europe mais aussi au Canada. J’ai beaucoup de demandes à l’étranger et si j’ai voulu me mettre au e-commerce c’était justement pour pouvoir toucher des femmes du monde entier alors je vais aller jusqu’au bout pour internationaliser Les Franjynes. J’ai aussi le projet de créer des solutions pour les hommes, mais il va falloir patienter encore un peu !

 

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