À travers une suite de petites histoires poignantes qui retracent des expériences, des pensées, des aveux, Glennon Doyle se livre et n’a pas peur de dire les choses comme elles sont. Cet ouvrage est à la fois intime et collectif puisqu’il soulève des thèmes qui rythment nos vies à toutes et tous : la vie de famille, les relations amoureuses, la sexualité, le racisme et les privilèges mais surtout l’acceptation de soi. “Ce dont le monde a besoin, c’est d’un plus grand nombre de femmes qui ont cessé de se craindre et ont commencé à avoir confiance en elles.” Avec Untamed, Glennon Doyle tente de redéfinir ce qu’est être une femme ou tout simplement, être humain.
Ce livre de développement personnel s’ouvre sur le récit d’une journée au zoo en famille. Glennon Doyle assiste avec ses enfants et sa femme à une performance d’un guépard qui est ensuite récompensé avec un morceau de viande avant d’être remis en cage. À ce moment-là, l’autrice réalise que le guépard est empêché d’exprimer sa vraie nature, son côté sauvage. Il est en cage, se contente de peu, ne se permet pas d’imaginer une vie différente et n’aspire à rien de plus. Glennon Doyle se retrouve dans cette description et remarque que la plupart des femmes vivent de la même manière que ce guépard. “Ce qui suit sont des histoires sur la façon dont j’ai été mis en cage et comment je me suis libérée”, conclut-elle dans son introduction.
Redéfinir la parentalité
“Demandez à une femme qui elle est, et elle vous dira qui elle aime, de qui elle s’occupe et ce qu’elle fait. Je suis une mère, une épouse, une sœur, une amie, une employée. Le fait que nous nous définissions par nos rôles permet de maintenir l’ordre établi.” Glennon Doyle a été marié 14 ans à un homme avant de tomber amoureuse d’Abby Wambach, ancienne joueuse professionnelle de football. Elle est mère de 3 enfants. Pendant son adolescence elle souffre de boulimie qui se transformera petit à petit en alcoolisme et addiction à la drogue. Elle commence son chemin vers la sobriété lors de sa première grossesse. Depuis 2017, elle élève ses enfants avec sa femme, Abby, mais aussi avec son ex-mari (et même la nouvelle petite amie de celui-ci). Dans Untamed, Glennon Doyle parle de cette vie, loin des schémas traditionnels du couple, de la parentalité, de la famille et de l’amour.
Tout au long du livre elle raconte comment, lorsqu’elle est devenue mère, elle s’est effacée: “Nous avons été conditionnées à prouver notre amour en cessant lentement d’exister. Quel terrible fardeau pour les enfants de savoir qu’ils sont la raison pour laquelle leur mère a cessé de vivre. Quel terrible fardeau pour nos filles, de savoir que si elles choisissent de devenir mères, ce sera aussi leur destin.” Mais au fil des pages, Glennon Doyle nous prouve que la maternité peut et doit être vécue différemment pour permettre aux normes de changer. Elle raconte une parentalité basée sur l’honnêteté et la confiance : “Nous n’avons pas à avoir toutes les réponses face aux questions de nos enfants. Nous pouvons découvrir et apprendre avec eux, à leur côté.”
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Se débarrasser des étiquettes
L’autrice revient à de nombreuses reprises sur la supercherie qu’est la binarité du genre : “Les qualités humaines ne sont pas genrées. Ce qui est genré, c’est la permission d’exprimer certains traits de caractère.”, écrit-elle. Elle est elle-même étonnée de constater qu’elle a appris à ses deux filles à être féministes, à refuser les normes et les injonctions mais pas à son fils. Un soir en regardant les titres du journal télévisés, elle réalise pourtant que le patriarcat a des consequences négatives sur les garçons et les hommes aussi, qu’ils “ne peuvent pas être complètement eux même non plus.” Pour elle, personne n’y gagne et dépasser ces normes de genre nous permettrait de “retrouver notre pleine humanité.”
Glennon Doyle évoque également longuement son rapport à l’homosexualité, comment cela a changé le regard que les autres lui portaient mais aussi qu’elle portait sur elle-même et comment le choix de se marier à une femme a influencé son rapport à la religion et à la foi. D’autre part, Glennon Doyle parle de boulimie, d’alcoolisme et d’addiction sans détour mais aussi de depression et d’anxiété. L’autrice se dévoile donc dans toute sa vulnérabilité et c’est ce qui rend ce récit encore plus poignant.
Glennon Doyle : une femme engagée
L’autrice d’Untamed est aussi une grande philanthrope. Un passage du livre nous fait découvrir le moment où l’écrivaine a décidé de fonder son association Together Rising. « Together Rising existe pour transformer notre peine collective en véritable action. » Cette ONG vise à orienter des donateurs vers les causes qui leur tiennent à coeur que ce soit pour aider une personne dans la rue de leur quartier ou bien pour venir en aide aux enfants migrants. Au-delà de cette association, Glennon Doyle raconte aussi son engagement dans la lutte anti-raciste en tant que femme blanche de milieu aisé.
À travers une écriture honnête, puissante et poétique, Glennon Doyle nous transporte d’un souvenir à l’autre et transforme son expérience personnelle en un voyage universel. Ce livre donne aux femmes la possibilité d’exister comme elles sont et les invitent à ne pas se laisser “apprivoiser” par la société. “Les émotions, l’intuition, l’imagination, le courage : ce sont les clés de la liberté. Serons-nous assez courageuses pour nous libérer ? Sortirons-nous enfin de nos cages pour nous dire à nous-mêmes, à notre entourage et au monde entier : Voilà qui je suis.”
Amélie Tresfels
