Gisèle Tsobanian, directrice de cœur de l’association Les Toiles Enchantées

Gisèle Tsobanian et Les Toiles Enchantées
Quand les enfants ne peuvent pas aller au cinéma, c’est au cinéma de se déplacer !

Depuis 17 ans, Gisèle Tsobanian s’efforce de démocratiser le cinéma grâce à son association Les Toiles Enchantées. Grâce à elle, les enfants malades des hôpitaux et des centres de rééducation bénéficient de projections de films aux dates des sorties nationales (ou en avant-première) dans les mêmes conditions que s’ils étaient dans une vraie salle de cinéma.

Les Toiles Enchantées permettent chaque année à quelques 21 000 jeunes malades ou handicapés, souvent coupés du monde, de briser leur routine, de s’évader, d’accéder à la culture et au divertissement des jeunes de leur âge et de « se sentir comme tout le monde ».

C’est grâce à l’aide de nombreux bénévoles, de son président Alain Chabat et de parrains comme Thierry Lhermitte ou Gérard Lanvin, que l’association a pu grandir et perdurer.

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Comment avez-vous eu l’idée de créer cette association ?

Gisèle Tsobanian : J’ai été débauchée de la publicité par Louis Becker et Thierry Lhermitte (qui sont tous les deux des parrains de l’association) pour travailler dans leur société de production. Je l’ai intégrée au moment de l’écriture d’Un indien dans la ville.

Sans avoir d’antécédents dans ma vie, j’ai toujours été sensible aux enfants qui souffrent et à l’enfance mal traitée.

Un indien dans la ville a eu le succès qu’on lui connaît. Étant donné que des millions d’enfants avaient vu le film, je me suis dit que ceux qui étaient à l’hôpital en avaient forcément entendu parler par un frère, un copain ou encore par leurs parents. Avec l’accord de Thierry Lhermitte, de Louis Becker et de Pathé (AMLF à l’époque), j’ai organisé trois projections du film dans trois hôpitaux parisiens. Ces projections ont été tellement magiques que je ne pouvais pas imaginer en rester là. Le cinéma avait vraiment sa place dans ce genre d’établissements. C’est ainsi qu’est née l’association en 1997.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

Gisèle Tsobanian : Quand j’appelais un hôpital pour proposer d’y apporter le cinéma aux enfants, je n’ai eu que des retours positifs. La difficulté était de transporter les bobines mais aussi de nous adapter aux différentes salles dans lesquelles nous allions projeter les films.

J’ai rencontré le directeur de Kinoton, une marque très importante de projecteurs allemands. Il a tout de suite voulu prendre part au projet. Nous avons visité des établissements pour en vérifier la faisabilité. À partir de ces visites techniques, il a fait construire pour l’association un projecteur et du matériel en pièce unique. À l’époque, il n’y avait pas le numérique et les films projetés au cinéma étaient, en fonction de leur durée, sur quatre ou cinq bobines. Il a fait en sorte que les films puissent être montés sur une seule et même grande bobine afin que nous n’ayons pas à couper le film plusieurs fois lors d’une projection. C’est grâce à cette technique que nous avons pu dès le début passer les films comme au cinéma. Toiles Supercondriaq-025HD

Il a également conçu pour Les Toiles Enchantées un écran qui est une vraie toile de cinéma. Elle fait six mètres de large et peut monter jusqu’à cinq mètres de haut en fonction de la hauteur sous plafond de la salle où nous nous trouvons. C’est une pièce unique qui nous permet de nous adapter aux établissements et non le contraire. Aujourd’hui, nous sommes passés au numérique. Nous avons deux projecteurs.

Parlez-nous des ateliers d’expressions. Quel en est le principe ?

Toiles Supercondriaq-051HDGisèle Tsobanian : Ces ateliers vont dans la continuité des projections. Le principe est de travailler avec les jeunes sur la réalisation d’un film dont ils choisissent le thème. L’implication qu’on leur demande est totale, puisque qu’elle va de l’écriture du scénario jusqu’au tournage. Nous vivons des moments magiques grâce à ces ateliers car ils permettent à ces jeunes, qui sont rarement mis en valeur, d’être sous les feux des projecteurs. Nous avons fait un atelier avec Eric Toledano et Olivier Nakache avant qu’ils réalisent Intouchables. Ce sont les enfants qui ont voulu réaliser un film sur le handicap. Pour l’anecdote, Eric et Olivier avaient l’idée de réaliser Intouchables depuis un certain temps mais c’est avec l’atelier qu’ils ont eu le déclic. D’autres personnalités du cinéma comme Isabelle Nanty, Zoé Felix, Gérard Lanvin… sont venues animer des ateliers d’expressions ou encore présenter des films en avant-première.

Que représentent Les Toiles Enchantées en chiffres ?

Gisèle Tsobanian : Deux équipes de projection équipées chacune d’un projecteur numérique permettant la 3D sillonnent les routes de France. Elles projettent 35 films chaque année, dont plusieurs en avant-première. En 2013, nous avons offert 342 projections dans 125 établissements situés dans toute la France, (contre 9 lors de la première vraie tournée en 1997) mais également à Madagascar et en Nouvelle Calédonie. 21 000 jeunes malades ont eu la chance de voir les mêmes films que les “autres” et la possibilité de partager les références avec leurs familles et leurs amis.

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Quels sont les projets de l’association ?

Gisèle Tsobanian : Je souhaite développer Les Toiles Enchantées à l’international. J’ai fait cinq ans d’études aux États-Unis, je suis actuellement en train de voir si je peux monter l’association là-bas. J’y étais en janvier pour rencontrer les distributeurs et les hôpitaux. L’accueil a été très positif. Nous allons faire une projection test en 2015 dans un hôpital de Los Angeles. Je m’attèle dès maintenant à trouver des parrains dans les villes. Je suis également en pourparlers avec Londres.

Je souhaite aussi développer une troisième équipe à temps plein et acheter un troisième projecteur numérique afin que nous puissions nous rendre dans plus d’hôpitaux pour toucher plus d’enfants et ainsi augmenter le nombre de projections.

Pour l’actualité la plus proche, Marie Gareau, véritable papillon de nuit, organise le 17 septembre prochain un de ses fameux apéritifs chics et décontractés, le « Chérie Chéri », à l’Opéra (Garnier) Restaurant, au profit de l’association.

La projection qui vous a le plus marquée ?

Gisèle Tsobanian : Nous avons vécu des moments très émouvants en projetant Billy Elliot. À la fin du film, les enfants en fauteuil roulant dansaient ! Je pleurais avec le projectionniste à la fin de chacune des séances.

Un souvenir émouvant ? 

Gisèle Tsobanian : J’ai une anecdote qui montre la force du cinéma. Elle m’accompagne depuis le début.  Elle s’est déroulée lors de la projection d’Un indien dans la ville à l’hôpital Trousseau. Nous avions fini d’installer le matériel et nous attendions que tous les enfants aient pris place pour lancer le film lorsqu’une infirmière est venue nous voir. Elle nous a demandé si nous pouvions démarrer la séance un peu avant l’heure car un petit garçon se sentait mal. Il allait être obligé de partir mais il voulait voir le début du film. Nous l’avons lancé immédiatement et lorsque nous avons rallumé les lumières à la fin, le petit garçon était toujours là.

Les Toiles enchantées

Ombeline Paris

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