Femtech : un marché en plein essor !

Femtech

Les Femtech, ces produits dédiés à la santé des femmes, connaissent actuellement un réel engouement. Pourtant, bien que les femmes représentent la moitié de la population, il a fallu du temps pour qu’elles puissent enfin avoir des services répondant à leurs besoins spécifiques. Zoom sur un marché en pleine évolution et qui n’en est encore qu’à ses prémices…

Selon l’analyse du Boston Consulting Goup (BCG), les femmes contrôlent 32% de la richesse mondiale et amassent plus de richesses qu’auparavant. Mieux, cette tendance devrait s’accentuer considérablement dans les prochaines années. Entre 2016 et 2019, elles ont augmenté leur patrimoine à un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 6,1%. D’ici à 2023, celui-ci devrait atteindre les 7,2% et leur richesse représenter 93 000 milliards de dollars. Pourtant si les femmes ont un important pouvoir d’achat et représentent la moitié de la population, les produits qui leur sont dédiés ont longtemps constitué un marché de « niche ». 

Des investisseurs éloignés des besoins féminins

Les entreprises du secteur se heurtaient notamment à des problèmes de financement. « Quand on a commencé en 2015 avec mon associé, nous avons été accompagnés par le réseau France initiative ainsi que par un investisseur de notre réseau qui nous a apporté une mise de départ pour démarrer le dépôt de brevet. Mais certains nous ont regardé comme des extra-terrestres ! », se souvient Léocadie Raymond, directrice générale de Teolab société qui propose la cup menstruelle Luneale, une cup innovante, sans tige. « Comme ces produits étaient éloignés des centres d’intérêts des hommes qui avaient le pouvoir, c’était compliqué ». Mais les choses changent. Fin 2017, sa société fait une levée de fonds de 480 000 € d’investissements privés complétés par la BPI. « Notre pôle d’actionnaires est composé en grande majorité d’hommes  qui se montrent d’ailleurs très impliqués. Ils se sont rendu compte que ces sujets étaient fédérateurs, qu’ils interpelaient. Il y a quand même la moitié de l’humanité qui va être concerné par les règles pendant 40 ans ! Les petites entreprises et les lanceuses d’alerte contribuent à faire bouger les gros du secteur et c’est tant mieux », ajoute Léocadie Raymond.

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Un secteur en plein essor

Entre 2014 et 2017, les start-up ayant pour objectif de développer des produits en lien avec la santé des femmes (Femtech pour « female technology ») ont levé plus d’un milliard de dollars. Parmi les success story notables, Clue, l’application de suivi des règles, qui compte 10 millions d’utilisatrices dans le monde et qui a levé 30 millions de dollars.


Depuis quelques temps, la concurrence s’accroit dans le secteur. Pour la DG de Teolab, la qualité des produits et leur caractère différenciant sont des éléments primordiaux pour perdurer. Selon elle, il reste d’autres grands enjeux à relever pour permettre aux Femtech d’exprimer tout leur potentiel. «  Il y a peu d’études, de données cliniques sur la santé des femmes, probablement en raison des aléas des cycles menstruels. Le secteur manque également de data, de chiffres concernant des grandes masses de femmes, or tous les acteurs de la Femtech en ont besoin. L’analyse des données de santé anonymisées permettra de lancer d’autres projets. On a par exemple découvert seulement en 2007 que le sang des règles contenait des cellules souches tout comme le cordon ombilical. Ça a entrainé un changement de paradigme : le sang menstruel est passé de déchet à ressource pour la recherche et la médecine », déclare l’entrepreneure. Le secteur de la Femtech devrait permettre encore de belles découvertes profitables à tou(te)s. 

Des aides bienvenues

Et si les technologies liées à la santé des femmes sont en plein essor, les produits dédiés aux femmes touchent d’autres domaines comme l’Edtech par exemple (formations sur le leadership féminin, sur les Tics pour les femmes…). Là aussi, il y a beaucoup à faire pour permettre aux femmes de développer leurs idées et porter des projets innovants.

Dans cette quête, des lieux comme The Wing aux Etats-Unis, le Trouble Club à Londres ou bien encore les workshops de Business O Féminin peuvent être de vrais alliés. Léocadie Raymond se rappelle aussi d’avoir pitché chez 5M Ventures « avec une préparation hors du commun et qui nous a permis de rencontrer l’un de nos principaux investisseurs. Leurs soirées ‘Pitch Deck’ créent de belles opportunités et des rencontres avec des gens vraiment ciblés ». Sur le site de BCG, les auteurs de l’article « Managing the next decade of women’s wealth », publié en mai 2020, constatent que « les femmes sont également plus susceptibles que les hommes d’investir sur la base de leurs valeurs, en privilégiant les fonds qui non seulement fonctionnent bien mais créent également un impact positif, par opposition à investir uniquement pour la performance ». L’occasion de démarcher aussi les fonds d’investissement féminin probablement plus sensibles à toutes ces questions.

 

Dorothée Blancheton

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