Que sont les cercles de femmes ?

cercle de femmes

Quand des femmes de tous milieux, de tous âges se rassemblent pour se confier et s’écouter, sans jugement, sans commentaire, avec bienveillance : voilà comment on pourrait qualifier un cercle féminin. Nombreuses sont désormais celles qui se laissent séduire par cet espace aussi intime que collectif où la parole guérit. Auréolés de mystère, ces rituels ancestraux remis au goût du jour peuvent attirer comme intimider, alors nous sommes allées interroger deux femmes qui en animent régulièrement.

Cercle de femmes, qu’est-ce que c’est ?

Camille Sfez, psychologue clinicienne, et autrice, nous en donne sa définition : « Un cercle de femmes est un espace d’écoute, où les femmes peuvent se retirer de leur vie quotidienne, installer une bordure entre l’espace social et l’espace intérieur. Dans cet espace, elles peuvent expérimenter leur vulnérabilité, déposer les armes, laisser tomber la guerrière qui tient bon. Elles expérimentent aussi la sororité, une manière de se sentir égale aux autres femmes, de se voir en laissant de côté nos jugements.» Camille Sfez est devenue une spécialiste du sujet puisqu’elle anime des cercles, mais également forme des organisatrices. Dans les cercles de paroles, on appelle celles qui guident la parole des participantes et font office de maître(sses) de cérémonie, les facilitatrices.

Cercle de femmes, quelles origines ?

L’idée n’est pas nouvelle, bien au contraire. Camille Sfez revient sur les racines de ces cercles féminins nommés également Tentes Rouges. « Il a existé à toutes les époques de tels cercles, je pense aux cercles des peuples premiers, comme en Afrique autour de l’arbre à palabre, ou chez les Amérindiens dans les moonlodges. Il a aussi existé au Paléolithique des huttes de menstruations, où les femmes se retrouvaient quand elles avaient leurs règles. Sur cette origine lointaine, se sont construits les cercles contemporains. Plusieurs mouvements aux USA se sont créés suite à la parution du livre d’Anita Diamant, La Tente Rouge.Puis en Europe et ailleurs dans le monde. »

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Cercles de femmes, quel déroulement ?

Eugénie Poirot, future Doula, elle-même formée par Camille Sfez, anime des cercles de paroles, actuellement à distance à cause de la crise sanitaire, mais généralement en présentiel. Elle évoque pour nous le déroulé d’un cercle de paroles. Mais précise qu’il y autant de facilitatrices que de façons de faire. « Je choisis de limiter l’espace à 10 personnes et de ne pas imposer de thème, afin que chaque femme vienne avec ce qu’elle a à livrer à cet instant. On débute le cercle par un peu de musique pour s’installer et se détendre. Je prends ensuite la parole pour placer le cadre, puis c’est au tour de chacune de se présenter par son prénom, éventuellement d’indiquer sa « météo intérieure ».

S’ensuit un temps de méditation pour se reconnecter à soi, puis nous passons au temps de parole. J’organise souvent un temps rituel : une petite graine à planter avec une intention à l’intérieur, un texte en écriture automatique que l’on brûle ensuite… Enfin, chacune à la possibilité de s’exprimer une dernière fois pour achever ce cercle de paroles. » Suite à leurs confidences, les femmes « repartent plus sereines, plus ancrées, complètes sans avoir besoin de mettre de côté leur vulnérabilité. Elles ont expérimenté, comme dans un laboratoire, ce que le soutien entre femmes voulait dire. Ainsi, elles peuvent tisser des relations entre femmes, dans leur vie quotidienne, en dehors des comparaisons », détaille Camille Sfez.

Cercles de femmes, quels principes ?

Pour que le cercle de paroles se déroule au mieux, Eugénie Poirot rappelle ce qu’elle nomme « les piliers ». « La femme doit prendre la parole à la première personne du singulier. Nous l’écoutons sans jugement, avec bienveillance et en toute confidentialité : ce qui est dit ici, reste ici. Durant le cercle, un bâton circule pour que chaque participante prenne la parole à tour de rôle. C’est à la facilitatrice de veiller à ce que chacune ait le même temps de parole. Quand une femme se confie, je dois rester dans une posture neutre d’accueil, sans endosser le rôle de la sauveuse. Ne pas commenter, ne pas chercher à solutionner est une façon de laisser la puissance à l’autre et de laisser la femme vivre ses émotions. »

Cercles de femmes, pourquoi cet engouement ?

Alors qu’il s’agit de pratiques ancestrales, pourquoi ces cercles connaissent-ils une ferveur grandissante ? « Les femmes cherchent des espaces de soutien, pour se sentir plus fortes, avoir plus de liberté et expérimenter la sororité. Elles savent qu’il y a de la valeur à revendiquer le fait d’être une femme. Le féminisme de la quatrième vague a beaucoup libéré un complexe à parler du genre. Même si on observe aussi d’autres mouvements cherchant en parallèle à ne pas s’enfermer dans celui-ci. Les femmes sont à la recherche d’une forme d’intériorité, de transcendance. Ce qu’elles trouvent dans ces espaces dits sacrés », conclue Camille Sfez.

Pour en savoir plus sur le sujet :
La puissance du féminin, Camille Sfez, aux éditions Leduc.s
La tente rouge, Anita Diamant, aux éditions Charleston

Vanina Denizot

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