Anticipation, organisation, délégation… Voilà quelques-uns des maîtres-mots que Jane Fiori et Camille Azoulai, toutes deux entrepreneures, déploient au quotidien pour préparer leur future maternité.
La grossesse est une période emplie de bouleversements. Quand on est cheffe d’entreprise, il faut d’autant plus préparer son absence pour que l’activité se poursuive dans les meilleures conditions sans que cela n’impacte trop sa vie de future maman. Jane Fiori, fondatrice de White Mirror, agence de social media et relations médias, vient de débuter son congé maternité. Elle attend son premier enfant pour la fin de l’année. Son absence coïncide avec une période riche pour son entreprise entre clôture comptable, mise en place de projets pour l’année à venir, réponse à des appels d’offres… « Ce n’est pas une date idéale mais difficile de contrôler mère nature », reconnaît-elle. A défaut, elle s’est organisée différemment pour anticiper son absence prévue vingt jours avant la date de son terme et jusqu’à un mois et demi après celui-ci. Près de sept années après avoir lancé son activité, le challenge lui semble plus facile à relever.
Une fonction avec des avantages et des inconvénients
Camille Azoulai, co-fondatrice de Funkie, marque de petit-déjeuner bio 100 % naturel et végétal fabriqué en France, attend elle aussi son premier enfant. Être entrepreneure comporte des avantages et des inconvénients pour appréhender cette période particulière dans la vie d’une femme. « Je vais pouvoir être très flexible pendant et après mon congé maternité. L’inconvénient, c’est que c’est compliqué d’arrêter complètement. Je ne considère pas mon entreprise, qui est mon premier bébé, comme un poids mais comme une chance », glisse-t-elle. En attendant, elle fait son maximum pour vivre pleinement cette grossesse et son futur congé maternité. « Je ne veux pas vivre cette expérience de manière subie. Je
m’organise. Je me rendrai disponible si nécessaire. J’ai déjà un mode de garde à partir de deux mois et demi après l’accouchement », explique l’entrepreneure. Pas question pour autant d’actualiser ses mails toutes les heures avec son bébé dans les bras, elle veut être présente physiquement et mentalement pour celui-ci.
Apprendre à plus déléguer
Difficile de recruter sur ce poste clé et pour une durée aussi courte. Jane Fiori peut compter sur ses sept directrices en place depuis plus de deux ans et bien opérationnelles. Chacune récupère un peu des missions de l’entrepreneure même si celle-ci ne compte pas disparaître complètement du paysage. Elle aura des remontées d’informations hebdomadaires et pourra être contactée sur des informations essentielles si besoin. « Je reste disponible. N’étant pas salariée, c’est difficile de dire de ne jamais me contacter… Mais mes directrices me poussent à lâcher-prise pour profiter pleinement de mon congé maternité », reconnaît Jane Fiori.
Du coté de la marque Funkie, Camille Azoulai non plus n’a pas recruté pour compenser son absence mais un freelance avec lequel l’entreprise collabore sera davantage présent. Pour tenir la barre de cette société à la tête de vingt salariés, elle peut aussi compter sur son associé, lui-même devenu deux fois papa ces dernières années et conscient de l’importance de ce moment.
Avoir une vision précoce
Préparer ce départ en congé maternité, c’est aussi anticiper et s’organiser différemment, avoir une vision à long terme. « J’ai beaucoup anticipé les grosses décisions et j’ai délivré le plan d’action pour 2025 en décembre alors que j’ai fait celui pour 2024 seulement en mars », se rappelle ainsi Jane Fiori. Outre les grandes lignes directrices pour l’année à venir, attendre un enfant quand on est entrepreneure c’est aussi penser à le budgétiser.
Camille Azoulai et son mari, lui-même entrepreneur, ont budgétisé cette période et l’ont pensée un peu comme un business plan. « Être entrepreneur, ce n’est pas le même confort qu’être salarié en termes de compensations, d’aides, de crèches entreprises parfois ou de participation entreprise. Mais nos sociétés sont installées maintenant, on arrive à se dégager un salaire qui nous permet de subvenir à nos besoins pour cette période », reconnaît Camille Azoulai.
Une reprise en douceur
Les deux entrepreneures envisagent une reprise progressive. Probablement à 80 ou 90 % pour Jane Fiori les premiers temps. « J’attends de voir comment ça va se passer. J’essaye de ne pas trop anticiper et d’aviser en fonction de mon état physique et mental le moment venu. Il y aura une part d’improvisation pour ne pas me mettre trop la pression », confie-t-elle. Pendant ses quelques semaines d’absence, ses directrices auront gagné en autonomie et en responsabilités, l’occasion de réorganiser les choses et de se sentir moins indispensable. « J’espère ne pas revenir avec autant de tâches que j’en avais et que je ne pensais pas pouvoir déléguer. On se met vite des freins dans sa tête », ajoute-t-elle.
La reprise sera aussi très progressive pour Camille Azoulai. La naissance étant prévue en mars, elle prévoit de télétravailler et de s’adapter jusqu’à septembre. « C’est une nouvelle organisation, une question de dialogue mais tout se fait », déclare-t-elle. Pour les deux femmes, cette parenthèse permette de rebattre les cartes, d’optimiser les process et de trouver un nouvel équilibre entre vie pro et vie perso.
Dorothée Blancheton