Dites adieu au blues de l’hiver avec la luminothérapie

Luminothérapie
En hiver, plus d’une femme sur deux ressent un vrai coup de mou en raison du manque de lumière. Introduite dans les années 80 en France par le psychiatre Patrick Lemoine, spécialiste de la dépression, la luminothérapie se révèle être un traitement hautement efficace. On fait le point avec le spécialiste.

Mais pourquoi les femmes dépriment davantage que les hommes en hiver ?

Envie irrépressible de chocolat, prise de poids, hypersomnolence, fatigue, frilosité, mauvaise humeur, sentiment d’être moins créative… voire tristesse et abattement. On estime qu’environ 54% des femmes dans l’hémisphère Nord souffrent d’une baisse d’énergie durant les mois d’hiver, que 12% consultent et 5% sont carrément en arrêt de travail. Pour ces dernières, cette chute de motivation se transforme en dépression saisonnière, avec une aggravation des symptômes jusqu’au 25 décembre, puis une amélioration à mesure que les jours se rallongent. luminothérapie

Décrite en 1982, la dépression saisonnière est une pathologie récente. Elle n’existait pas avant les années 60. Dans 75 à 80% des cas, les personnes qui en souffrent sont des femmes âgées de 18 à 45. D’après le Dr Patrick Lemoine, cette perte d’énergie pourrait en réalité être une pseudo hibernation, totalement en contradiction avec nos rythmes aujourd’hui.

« Nous sommes tous originaires d’Afrique. A l’automne, les femmes étaient enceintes et devaient faire du lard pour protéger leurs petits, tandis que les hommes restaient actifs pour chasser et protéger le clan. Les femmes somnolaient beaucoup pour ne pas dépenser de calories. Ma théorie est qu’avec le développement du travail féminin, cet état d’hibernation entre en contradiction avec la nécessité de rester active. De ce fait, la baisse de tonus s’accompagne d’une dépression dans les villes. Dans les campagnes, où l’hypersomnie et la prise de poids sont davantage tolérées, on observe moins ce phénomène de dépression. C’est en tout cas ma théorie ! », plaide le psychiatre.

La découverte de la luminothérapie

C’est aux Etats-Unis que la luminothérapie a fait son apparition. Deux laboratoires ont fait par hasard des découvertes simultanées. Le premier chercheur, d’origine Sud-Africaine, s’est étonné qu’autant de gens se sentent déprimés à partir d’octobre, ce qu’il n’avait jamais observé dans son pays. « Il décrit alors la boulimie sucrée, la prise de poids et l’hypersomnolence avec aggravation des symptômes jusqu’à Noël », décrit le Dr Lemoine. Non loin de là, un autre chercheur découvre l’existence de la glande pinéale qui sécrète de la mélatonine lorsque le sujet est plongé dans l’obscurité. Les deux chercheurs discutent de leurs découvertes et s’interrogent : les femmes déprimeraient-elles dans les périodes où elles sont plus soumises à l’obscurité parce qu’elles sécrètent trop de mélatonine ?

« En réalité, on s’est rendu compte que cela était faux. Un chercheur Japonais a donné de la mélatonine à des individus qui avaient fait de la luminothérapie, et ces derniers n’ont pas rechuté », explique l’expert. Il semblerait que la dépression saisonnière soit davantage liée à un problème de sensibilité des photorécepteurs dans la rétine. En revanche, après un premier protocole expérimental, la luminothérapie a rapidement fait ses preuves. Alors chercheur à Stanford, le Dr Patrick Lemoine revient en France avec la technique dans ses valises.

« Elle fonctionne très bien sur la dépression saisonnière. Après le 4ème jour d’exposition, les gens n’ont plus envie de chocolat, et en deux ou trois semaines c’est réglé ! », résume-t-il. Les études rapportent en effet que la luminothérapie serait efficace dans environ 85% des cas de dépression saisonnière (à condition qu’ils aient les 3 signes : boulimie sucré, prise de poids, hypersomnie).

A qui s’adresse la luminothérapie ?

Elle s’adresse aux personnes souffrant de dépression saisonnière, mais aussi aux sujets atteints d’insomnies par retard de phase (coucher et lever tardif). Pour ces derniers, le traitement consiste à les exposer le matin à la lumière. « N’oublions pas que l’espèce humaine est la seule à avoir divorcé avec le soleil, d’abord grâce à l’invention du feu, puis les ampoules, et enfin les écrans », rapporte le psychiatre. On peut aussi utiliser la luminothérapie pour résorber le décalage horaire.

Quel est le protocole ?

Le traitement est efficace seulement s’il est suivi quotidiennement pendant 30 minutes, idéalement au petit-déjeuner. On le préconise d’octobre à fin mars. Il s’agit de placer le dispositif (10 000 lux) à un mètre de soi. Bien entendu, il ne doit pas projeter d’UV. On peut le placer de sorte à ce qu’il soit de trois quart, et on le regarde toutes les 2 minutes. Il est aussi possible de se procurer une Luminette, sorte de visière qui envoie de la lumière sur l’œil et qui permet d’être libre de ses mouvements.

Les contre-indications

-Les personnes souffrant de DMLA

-Les personnes souffrant de rétinite pigmentaire

Non-indication

-Les personnes souffrant de cataracte, tout simplement car leur rétine est inaccessible donc le traitement est inefficace.

Soigner sa tête sans médicaments… ou presque, Dr Patirck Lemoine, éditions Laffont

@Paojdo

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