Couples à double carrière : comment gèrent-ils travail et vie de famille ?

Couples à double carrière

De plus en plus de couples mènent des carrières avec des responsabilités tout en devant gérer leur vie de famille. Comment se distribuent-ils les rôles ? Quelles concessions font-ils ? Eléments de réponse avec Sandrine Meyfret, sociologue et dirigeante du cabinet Alomey, spécialisé en management et leadership.

Les couples à double carrière, où chacun occupe un poste à responsabilités, sont relativement récents. Les femmes ont davantage l’opportunité d’étudier et souhaitent que cela leur serve. Auparavant, leur travail était perçu comme un second revenu plus modeste, et elles se retiraient alors souvent du monde professionnel pour se consacrer à leur famille. « Désormais, les couples n’ont pas envie de choisir.

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Ils ne veulent pas sacrifier leur vie professionnelle ni leur projet d’enfant et désirent mener les deux de front », remarque Sandrine Meyfret, cofondatrice d’Alomey, un cabinet de conseil en management et leadership, et auteure de l’étude « Le couple à double carrière : une figure qui réinvente les frontières entre vie privée et vie professionnelle ? » publiée chez Sciences humaines et sociales sociologie. Pour relever ce défi, ils régulent leurs évolutions professionnelles en fonction de leur conjoint. Ainsi, parfois la femme se met à temps partiel et son mari privilégie sa carrière. Puis, quand elle ressent le besoin de revenir dans la course et que lui a obtenu sa promotion, elle met alors les bouchées doubles pour gravir de nouveau les échelons et lui se montre plus flexible. Leurs carrières deviennent alors un projet collectif.

Un partage des tâches encore inégal

L’arrivée d’un enfant est une phase nouvelle dans leur vie. Les pères veulent passer plus de temps en famille : certains changent de travail pour éviter des déplacements longs, décalent les réunions prévues le soir… « Il y a une volonté affichée de partager les tâches du foyer mais dans la réalité les stéréotypes, dus à l’éducation et à l’inconscient collectif, perdurent. L’homme est davantage présent pour les temps de loisirs quand la femme assure plus la transmission, le suivi des devoirs ou la gestion de la maison. C’est le même modèle depuis des siècles. C’est ancré dans notre ADN », souligne Sandrine Meyfret.

Elle remarque également que les femmes expriment davantage le besoin de rentrer tôt du travail et jonglent avec leur agenda professionnel pour s’occuper des enfants, les emmener chez le médecin… Souvent, elles n’ont jamais demandé à leur conjoint de s’en charger et eux n’ont jamais proposé de le faire non plus. Même si le recours à un tiers (femme de ménage, nounou…) est assez fréquent chez les couples à double carrière car ils en ont les moyens, il y a des « zones de sacré » ou de non délégation définies par chacun. Sandrine Meyfret relate ainsi dans son livre le cas d’un papa qui refuse que ses enfants s’endorment sans l’un de ses parents auprès de lui. La question de la culpabilité est également présente, en particulier pour les femmes. Elles se demandent ainsi si elles sont de bonnes mères et s’en veulent parfois de ne pas répondre aux stéréotypes.

L’ambivalence du temps partiel

Face à la double charge de la carrière et de la parentalité, elles s’épuisent davantage et sont plus nombreuses à demander un temps partiel quand elles fondent une famille. « En France, cette loi a été faite historiquement pour les femmes alors que ça a été présenté différemment dans les pays nordiques. Et l’on constate d’ailleurs qu’il y a une meilleure répartition de ce temps partiel là-bas. Cela freine souvent la carrière. On estime qu’une femme perd en moyenne 2 ans suite à un temps partiel », précise la sociologue. Ainsi, elles prennent parfois leur mercredi ou choisissent de finir plus tôt tous les soirs, par exemple. Mais la carrière se mène la semaine.

De plus, en France, la culture du présentiel est très forte et laisse penser que plus on est présent dans l’entreprise meilleur on est. Il arrive donc que l’entreprise mette sur le banc de touche ces femmes en les jugeant moins investies. Pourtant, avec cet aménagement du temps de travail, elles acceptent de gagner moins mais travaillent souvent depuis chez elles pour compenser leur absence ! Pour contourner ces freins à leur carrière, certaines préfèrent donc éviter d’être au 4/5ème et posent, par exemple, un mercredi sans solde dès que possible.

Gagner en liberté

Finalement, c’est en accédant à des postes hiérarchiques plus élevés que l’on peut davantage moduler ses horaires sans craindre les retours de bâtons. « Les femmes pensent parfois à tort que ces postes à responsabilité seront plus lourds. En réalité, ils offrent plus de flexibilité selon l’univers dans lequel on travaille car personne ne regarde alors vos horaires à partir du moment où les objectifs sont remplis », précise Sandrine Meyfret. Selon elle, pour trouver leur équilibre, les couples à double carrière doivent donc partager les tâches du foyer, avoir les mêmes principes de vie, privilégier l’entraide et la communication. Enfin, une organisation rigoureuse et une hiérarchie compréhensive permettent de concilier vie privée et vie professionnelle afin de s’épanouir.

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