Alors que les femmes représentent 58% des étudiants à l’université (1), elles ne sont que 15% à occuper les postes de direction (2). Ces dernières représentent tout de même 39,6% des créateurs d’entreprise en France, preuve de leur désir de se réaliser dans la sphère professionnelle (3). Lorsqu’elles sont en couple, elles doivent irrémédiablement composer avec leur conjoint afin d’équilibrer leur vie familiale. Dès lors, est-il possible que deux ambitions s’épanouissent dans un même couple, ou l’un des deux conjoints doit-il irrémédiablement se sacrifier afin de faire éclore l’ambition de l’autre ?
« C’est une femme accomplie qui a sa propre carrière (…) elle est attentionnée, brillante, drôle (…) je me contente d’être mignon à ses côtés ». Ces mots sortent tout droit de la bouche de celui qui avait pourtant juré qu’en matière de mariage, on ne l’y reprendrait plus : Georges Clooney. Depuis, il ne tarit pas d’éloges quand il évoque son épouse : Amal. Super avocate des droits de l’Homme connue pour avoir défendu Julian Assange, le fondateur de Wikileaks.
« Le fait que chacun des deux partenaires ait une forte ambition est un motif d’attraction réciproque. Il y a une composante narcissique forte dans l’ambition (…) La réussite de l’autre, non seulement ne ternit pas la mienne, mais la renforce », explique Caroline Kruse, conseillère conjugale et auteure de Comment continuer à se parler, à s’aimer, à se désirer ? Petite boîte à outils du couple (Marabout). Dès lors, les couples d’ambitieux peuvent s’épanouir sans ombres dès lors qu’aucun des partenaires ne se sent menacé de dévalorisation. Et que tout est mis en œuvre pour assurer le partage des tâches.
Le schéma des 50-60 ans pèse lourd sur les trentenaires
Malheureusement, tout n’est pas toujours rose dans les couples d’aujourd’hui. Pour preuve, les femmes consacrent toujours 1H26 de plus chaque jour aux tâches ménagères (INSEE). Lorsque les couples accueillent leur premier enfant, c’est tout un équilibre familial qu’il faut recomposer. « La situation se rencontre encore assez fréquemment de ces femmes qui ont sacrifié leur carrière à celle de leur mari, et se sentent pour le moins flouées lorsque ce dernier les quitte à l’approche de la retraite. Mais s’il appartient plutôt à la génération des 50/60 ans, ce schéma pèse aussi sur leurs enfants, notamment les filles. Je reçois beaucoup de jeunes femmes trentenaires qui ont vu cela dans le couple de leurs parents et ont du mal à construire leur identité de femme avec cette image de mère sacrifiée et dévalorisée », témoigne Caroline Kruse.
Des décisions qui doivent être très mûrement réfléchies
Expatriée à l’étranger, Carole, la quarantaine, raconte avoir justement mis en sourdine sa carrière quand elle a décidé de suivre son époux en Asie. Aujourd’hui, celui-ci a accepté à son tour de se mettre en retrait et d’assurer davantage l’éducation des enfants pour qu’elle puisse s’épanouir dans son job. « Nous en avons beaucoup discuté afin que cela ne soit pas vécu par l’un ou l’autre comme un sacrifice », témoigne-t-elle.
Pour la conseillère conjugale, il est effectivement essentiel que toute prise de décision pour la carrière de l’un ou l’autre soit très réfléchie. Et la réciprocité est bien entendu gage d’un meilleur équilibre dans le couple. Si à l’inverse, cette question n’a pas été assez discutée, « elle vient alimenter le conflit et figure en bonne place sur la liste des griefs », rapporte la spécialiste.
Des affrontements qui masquent parfois des difficultés à vivre ensemble
Pour Caroline Kruse, dès lors que l’on parle de renoncement, c’est « qu’il y a affrontement et que le couple se « sert » de ce terrain pour manifester sa difficulté à vivre ensemble ». Cette dernière évoque notamment le cas d’un jeune couple tous deux mariés, brillants et ambitieux. L’un devait absolument rester en France pour mener à bien sa carrière, tandis que l’autre ne pouvait pleinement avancer la sienne qu’en allant passer un an au moins à l’étranger. Tous deux ont d’abord tenté de maintenir une relation à distance, en s’appelant sur Skype et en se déplaçant alternativement, en vain. « En réalité, ils se sont rendus compte en entretien que cet affrontement d’ambitions masquait autre chose : une conception de la vie qui finalement ne coïncidait pas : l’un voulait une vie stable, une famille, des enfants et l’autre ne s’y sentait pas prête ».
Mettre toutes les chances de son côté pour que ça fonctionne
L’ambition n’est donc pas un obstacle en soi à l’épanouissement d’un couple. Elle peut être un terrain d’affrontement lorsque ces derniers s’opposent en réalité sur des sujets de fond. Pour que deux ambitions cohabitent avec succès, la conseillère conjugale vous rappelle ces règles fondamentales.
- « Etre au clair en amont l’un avec l’autre sur ce qu’on attend de sa réussite professionnelle et de sa vie de couple ».
- « Anticiper et ensuite discuter à mesure que telle ou telle difficulté survient »
- « Faire équipe pour que la réussite de l’un, loin de gêner celle de l’autre, la potentialise. Les partenaires se sont choisis pour cela, pour cette complicité, pour cette admiration qu’ils se portent l’un à l’autre et qui circule de l’un à l’autre. A eux de mettre en place ce qu’il faut pour que personne ne soit lésé ».
@Paojdo
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Sources
(1)Source : Ministère de l’éducation nationale 2012-2013
(2)Etude CSA-KPMG, 2015
(3)Source INSEE, Part des femmes parmi les créateurs d’entreprise individuelle, 2016.
(4) Février 2015, Life & Style