A l’issue de leur période de confinement, beaucoup de couples chinois ont fait une demande de divorce, d’après le journal The Global Times. Un taux qui « a considérablement augmenté depuis l’épidémie de coronavirus », selon Lu Shijun, responsable de l’état civil de Dazhou dans la province de Sichuan. Tant et si bien que les services de certaines villes ont même décidé de limiter le nombre de demandes quotidiennes. La promiscuité imposée par ce confinement semble, en effet, avoir amené ces couples à passer plus de temps ensemble, à aborder des sujets épineux et réveiller d’anciens conflits.
Rester seule par moments
Il faut dire que ce rapprochement forcé, s’il peut être l’occasion d’enfin passer plus de (bon) temps ensemble, peut aussi mettre les nerfs de chacun à rude épreuve. Pour cela, Camille Rochet, psychologue et thérapeute de couple à Paris et auteure de « Ma boîte à idées pour un couple épanoui » (Interéditions)*, recommande de s’octroyer des moments de solitude malgré le confinement.
« Si on a l’impression qu’il faut toujours être avec son conjoint et ses enfants alors qu’on est dans un espace réduit, on ne va pas tenir sur la durée ! On n’a pas besoin de toujours être dans la communication et l’interaction. Mieux vaut prendre quelques minutes par jour pour être seule, dans le silence et se reposer. Avant, on avait le trajet entre le travail et la maison pour faire un sas de décompression, on peut essayer de recréer ce moment si l’on fait du télétravail », suggère la spécialiste.
Réorganiser le quotidien
En temps normal, chacun vaque à ses activités, sait ce qu’il a à faire et on se retrouve le soir. Ici, les cartes sont redistribuées. Tout le monde est sous le même toit et mieux vaut se mettre d’accord sur certaines règles. Vous souhaitez vous retrouver pour déjeuner tous ensemble ou chacun travaille de son côté et se retrouve un peu plus tôt en fin de journée ?
Et s’il y a des enfants, l’un de vous peut-il davantage s’en occuper ou allez-vous devoir trouver un arrangement pour concilier tous les deux vos tâches professionnelles et familiales ? Si l’un de vous à quelque chose à dire à l’autre, vient-il aussitôt, envoie-t-il un sms ou patiente-t-il jusqu’à ce que vous soyez en pause ? Ce sont autant de questions sur lesquelles il vaut mieux trouver un accord au plus vite. Il est, en effet, plus difficile encore de bien délimiter les frontières entre vie pro et vie perso quand tout se côtoie dans un même lieu. Pourtant, c’est une question d’équilibre.
Les choses à ne surtout pas faire
Si vous êtes plutôt du genre angoissée, peut-être aurez-vous besoin de parler à quelqu’un de ce que vous voyez à la télé ou lisez dans les médias. Votre conjoint est une oreille toute trouvée. Sauf qu’à la longue, il risque bien de ne plus supporter votre angoisse qui peut vite être pesante et le miner à son tour. « On peut conserver le principe de la pause café du travail en appelant un collègue ou une amie. Ca permet de parler de choses et d’autres, d’extérioriser ses craintes sans tout dire à son compagnon », recommande Camille Rochet. On sort ainsi de sa bulle et on prend des nouvelles des autres. En s’intéressant à eux, ça évite de tourner en rond sur les mêmes sujets et on a l’impression de s’évader un peu.
Par ailleurs, en confinement, certains griefs risquent de remonter à la surface. Pourtant, selon la psychologue, ce n’est pas le meilleur moment pour en parler, surtout si ce sujet est hautement problématique entre votre cher et tendre et vous. « Mieux vaut s’adapter à ce que l’on sait de l’autre et prendre sur soi pendant cette période. En confinement, on n’a pas de moyen de s’échapper de ce huis clos. Le conjoint risque de se sentir pris au piège et de mal le prendre. Il vaut mieux reporter la discussion à plus tard pour que ce soit constructif », conseille l’experte. En effet, seuls à la maison, sans pouvoir sortir pour s’aérer, voir ses amis, se distraire, la dispute sera plus difficile à oublier.
Faire preuve de créativité
Certes, en confinement, on ne peut plus en profiter pour aller à son cours de pilates préféré, dîner en amoureux au resto, partir en week-end ou assister au concert de tel artiste, mais on peut réinventer son quotidien ! La psychothérapeute suggère de faire preuve d’imagination et d’humour pour agrémenter ses journées. « Une fois par semaine, si les ados ne sont pas couchés, on peut décider de dîner dans la chambre avec son conjoint, par exemple. Et sinon on profite des soirées quand les enfants dorment », propose-t-elle.
Céline, 39 ans, essaye de rompre la routine à sa manière. « La journée on jongle entre les enfants, leur travail scolaire, le boulot, la gestion de la maison… Et le soir, on s’offre un moment de détente rien qu’à nous. On s’est choisi une série à regarder ensemble sur Netflix. L’autre soir, on a fait une partie de Puissance 4 en rangeant le jeu des enfants et ce soir, on ressort notre console wii pour jouer tous les deux ! Ca fait une éternité qu’on n’avait plus fait tout ça », confie-t-elle.
Ainsi, on profite de ce confinement imposé pour adopter un nouveau rythme et essayer de tirer profit de la situation, d’y voir le côté positif. « Nous sommes souvent sur-sollicités par nos vies de fous. On peut en profiter pour changer ses mauvaises habitudes, passer plus de temps ensemble surtout si chacun sortait de son côté auparavant. C’est le moment de se (re)découvrir des intérêts communs, de réduire son temps d’écrans… », ajoute Camille Rochet. En privilégiant les moments de qualité et respectant le besoin de solitude de chacun, le climat sera plus vivable et votre couple pourrait même en sortir grandi.
*Son site : www.anoustous.com
