Comment préparer la reprise post-confinement ?

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Avec le déconfinement qui commence, les entreprises doivent relever plusieurs défis. L’anticipation et la préparation sont ainsi nécessaires pour gérer au mieux l’aspect opérationnel, les règles de sécurité et manager les équipes. Eclairage avec deux spécialistes.

Depuis le 11 mai, le déconfinement commence. Les entreprises reprennent progressivement leur activité ou la poursuivent en réintégrant petit à petit leurs équipes dans leurs locaux. Cette phase nécessite une vraie préparation de leur part pour garantir un accueil dans les meilleures conditions possibles. Selon Bruno Lefebvre, psychologue clinicien et fondateur du cabinet AlterAlliance*, « pour gérer la reprise, le manager devra tout d’abord concilier trois priorités : assurer le redémarrage de l’activité opérationnelle ; faire face à l’anxiété de ses collaborateurs, leur sentiment d’amertume ou d’injustice, leur manque d’envie d’être sur site, voire de travailler ; s’assurer plus que jamais de leur sécurité en vérifiant la compatibilité des tâches à effectuer avec le respect de consignes de protection ».

Assurer la sécurité

Pour faciliter cette reprise, le ministère du travail propose sur son site un « protocole national de déconfinement ». Celui-ci complète les guides métiers déjà mis à disposition. On y trouve, entre autres, les mesures barrières et de distanciation physique, des recommandations par rapport à la capacité d’accueil, à la gestion des flux de personnes, les équipements de protection individuelle, le nettoyage et la désinfection… « Les dirigeants, le personnel d’encadrement, les RH, le service de santé au travail peuvent également se faire aider par les Carsat (Caisse d’Assurance Retraite et de la Santé au Travail, Ndlr) et les Associations régionales pour l’amélioration des conditions de travail. Le mot d’ordre est l’anticipation et la concertation le plus en amont possible », explique ainsi Patrick Conjard, responsable de la mission FACT, Délégation au pilotage des partenariats et projets réseau à l’Anact. Outre l’aspect sécuritaire et sanitaire, il faut aussi considérer la dimension psychologique.

Bien gérer le télétravail

Chacun a vécu le confinement de manière différente. Le télétravail massif a apporté une solution pour préserver la distanciation physique tout en poursuivant l’activité professionnelle. Mais il a aussi révélé ses limites. Ainsi, dans la consultation de l’Anact réalisée auprès de 4152 personnes entre le 8 et le 15 avril 2020, 48% des sondés ont déclaré avoir eu le sentiment d’être moins efficaces au travail (surtout les personnes découvrant cette pratique). La moitié s’est sentie plus fatiguée que d’habitude et 45% ont eu l’impression de travailler plus que d’ordinaire.

Mini Guide Leader


Si certains collaborateurs vont retrouver les locaux, d’autres vont poursuivre ce télétravail. Pour que celui-ci se déroule au mieux, Patrick Conjard rappelle l’importance de maintenir le lien avec des contacts individuels réguliers et des réunions en vision chaque semaine à plusieurs. Il convient aussi de continuer de cadrer les règles de fonctionnement, d’organisation et de suivi, de réguler la charge de travail, de convenir d’horaires de disponibilité, de réorienter les priorités…

Un management hybride

Par ailleurs, ce retour en entreprise pour certains peut s’accompagner de craintes. Celles-ci peuvent porter sur leur santé, sur la charge de travail qui les attend, sur l’avenir de leur entreprise… « L’inquiétude n’est utile qu’à partir du moment où elle sert à mobiliser l’action. L’idée est de se focaliser sur ce qu’on contrôle et de chercher à en étendre le champ. Ainsi, les collaborateurs n’éprouveront pas le sentiment d’impuissance parfois associé à un risque trop paralysant.

L’important est donc que, quel que soit le risque, tout le monde sache quoi faire à son niveau », conseille Bruno Lefèvre. Cela suppose une bonne connaissance de ses collaborateurs et de la manière dont ils ont vécu cette période. Cela permet ensuite d’ajuster les postes et missions de chacun, de dessiner une feuille de route.

En se concentrant sur les tâches à accomplir, ils redeviennent actifs et leurs doutes diminuent.
Le management associe plus que jamais vision d’ensemble pour avoir un cap et compréhension des difficultés de chacun. « Jusqu’à présent, on avait des modèles d’organisation auxquels la majorité des employés se confortait. Au vu du contexte actuel, il y a des enjeux de management clairement individuels et collectifs. Demain, peut-être que le management fera davantage cohabiter ces modèles », analyse Patrick Conjard.

Recréer un collectif de travail

Enfin, après plusieurs semaines à distance et des retours échelonnés dans les locaux, il faut aussi créer une certaine union. « Pour que les collaborateurs se remobilisent ensemble et non plus séparément, je crois que les dirigeant(e)s doivent veiller à ce que les salariés fassent à nouveau des expériences ensemble. En vivant rapidement à nouveau des projets communs, ce sera aussi une bonne manière de s’orienter vers l’action plutôt que de se tourmenter », ajoute Bruno Lefebvre. De la même manière, selon lui, il faudra valoriser les résultats obtenus  collectivement pour encourager cette cohésion. « Ce projet devra contenir des temps de convivialité, de partage. C’est aussi par une joie vécue ensemble que se (re)crée un collectif », conclut le psychologue.

*Cabinet spécialisé dans la prévention des risques psychosociaux, le coaching et l’accompagnement des changements

Par Dorothée Blancheton

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