Arnaud Riou: son regard de chaman sur la crise

Arnaud Riou, livre, chaman
Chaman, auteur de nombreux livres, Arnaud Riou nous livre son regard sur un moment si particulier du monde pour nous aider à le dépasser.

Que nous dit cette période ? Que nous dit le monde ? Arnaud Riou

Le monde et surtout la nature nous rappellent que nous faisons partie de la nature. Tout ce qui arrive à l’extérieur nous aide à comprendre comment fonctionne la nature, comment fonctionne la vie et comment l’homme peut reprendre sa place sur la terre.

Ce virus nous amène à agir autrement, il nous amène à méditer car oui, la nature reprend ses droits. Arnaud Riou

Cette épidémie arrive à un moment où nous étions au bout de quelque chose, au bout d’un système et le monde nous montre l’interaction de tous ces systèmes, il nous montre que nous sommes tous connectés les uns aux autres et que si on soigne un foyer et que l’on ne soigne pas l’autre, c’est le monde global qui est malade. On est obligé de le comprendre.

Si nous ne sommes pas tous soignés, il restera des foyers d’épidémie et nous serons contaminés. Le monde nous rappelle que l’économie, l’écologie, la santé sont interdépendants. Il nous rappelle également que les règnes humain, animal et végétal doivent apprendre à vivre ensemble. 

Si nous regardons l’origine du virus, dans la nature, on voit que les animaux ont une faculté à absorber et à faire circuler les virus très larges et comme nous sommes tellement intervenus pour contrôler les espèces animales, nous contrarions aussi un cycle naturel de circulation d’un virus qui n’est pas contre nous. Les virus existent depuis la nuit des temps, on apprend à vivre avec, on apprend à s’en préserver, à évoluer avec.

La nature nous ramène là à notre propre nature. On a simplement un enseignement accéléré pour qui veut bien l’entendre de toutes les lois spirituelles qui sont dispensées depuis des décennies.  

C’était prédit par certains depuis longtemps ? Arnaud Riou

On a juste besoin d’ouvrir les yeux pour voir qu’il y a un système qui s’effondre et dans l’histoire de l’humanité nous n’avons eu que des cycles avec des systèmes qui s’effondraient et d’autres qui naissaient. Le paléolithique, le néolithique puis plus tard l’empire mayas, la fin de l’empire ottoman, la fin de l’empire romain, ils s’effondraient quand on arrivait à la fin d’un cycle. Quand on regarde notre société dans sa globalité, il y a des indices clairs qui nous montrent qu’il y a un ancien système qui meurt : tous les systèmes sont impactés, le système éducatif, système spirituel, système de santé, d’écologie, d’économie, la finance, le travail, la retraite.

Si ce système s’effondre c’est qu’il s’est appuyé sur des paradigmes qui sont obsolètes. C’est croire que l’on peut avoir une société équilibrée qui s’appuie sur un déséquilibre. On a trop de déséquilibres entre les plus riches et les plus pauvres, entre les pays riches et les plus pauvres, entre les gens qui ont du pouvoir et ceux qui n’en ont pas. On a trop de déséquilibre entre le masculin et le féminin.

Quel rôle doivent jouer les femmes dans ce monde d’après ?

Ce n’est pas le rôle uniquement des femmes, c’est le rôle des hommes et des femmes de comprendre que la nature ne fonctionne que par un équilibre du masculin et du féminin. Si je regarde l’agriculture, la nature nous montre que nous avons besoin d’une terre féminine fertile et d’une graine masculine qui vient ensemencer, c’est comme cela que fonctionne l’agriculture et depuis 40 ans on a imposé une agriculture Yang , c’est à dire une agriculture masculine qui fait que l’on a stérilisé les terres qui sont de plus en plus stériles et pour continuer à ce qu’elles donnent la vie on force le Yang avec des graines de plus en plus boostées de pesticides pour retrouver un équilibre qui n’est pas un équilibre. Arnaud Riou

C’est aussi vrai pour notre système d’alimentation qui est Yang, on gave les vaches, les oies, tous les animaux plutôt que de recevoir, on vient prendre, domestiquer, coloniser… La nature n’en peut plus de cela. On a maltraité les forêts, les cours d’eau.

Dans le Chamanisme le Yin, c’est la terre, le Yang c’est le ciel. Ce déséquilibre on le trouve dans l’écologie, on le trouve dans les entreprises avec un déséquilibre dans les COMEX par exemple avec trop d’énergie masculine. Nous ne sommes pas encore sortis de la crise que nous sommes déjà en train de parler de relance et de croissance.

La croissance n’est pas naturelle. Les Chamans s’appuient toujours sur les quatre directions : l’EST/ LE SUD/L’OUEST/ LE NORD. C’est à dire qu’il y a un moment de croissance, un de stabilisation, un de déclin et un moment de sommeil. La nature nous dit cela Printemps/ Eté/ Automne/ Hiver. Nous n’écoutons plus la nature et là en un mois de temps, la nature reprend ses droits en ébranlant toutes nos certitudes. On croyait que l’on pouvait vivre séparément, on est obligée de prendre soin les uns des autres, on ne peut fragiliser l’immunité, la terre ne peut plus absorber ce qu’elle a besoin d’absorber et là en un mois de temps on a baissé les émissions de CO2 de 7%, amélioré l’air dans Paris, nous n’avons pas eu un air comme cela depuis 40 ans. A tous les niveaux on se rend compte que ce que l’on considérait comme un bénéfice économique est un maléfice écologique et là il y a quelque chose qui se rééquilibre car une civilisation évoluée doit intégrer toutes les dimensions. Arnaud Riou

Les chamans ont cette image un battement d’aile d’un papillon dans le sud de l’Amazonie a des répercussions dans les forêts des Etats-Unis. On voit ici d’un individu qui mange un pangolin dans un marché de Wuhan a des répercussions mondiales. Nous sommes tous connectés, tous les mondes sont inter-reliés. Fonctionner autrement c’est l’ancien monde, le nouveau monde doit intégrer toutes les dimensions.

L’homme va-t-il être capable de changer de monde justement ? Arnaud Riou

Est ce qu’on décide de tirer les enseignements de cette crise ? Pour l’instant, je n’entend rien de cela. Nous ne tirons aucun enseignement. Nous avons besoin de retourner à quelque chose qui est juste et juste en intégrant toutes les dimensions.

Cela fait des années que les chamans parlent de cette crise et de ces sociétés qui s’effondrent, si on n’en prend pas conscience, nous aurons une crise plus grave encore.

La crise sanitaire n’est que le haut de l’iceberg car derrière cela, nous allons avoir une crise politique, sociale, financière et si on veut rafistoler pour faire comme avant ? Non.

Et là ce que nous choisissons, dépendra de notre libre arbitre. Bien sûr il faut soigner ce virus mais simplement avec la baisse du CO2, nous avons sauvé plus de vie que ce que le virus a tué, il y a 800 000 victimes du CO2 chaque année, là on sait qu’on en gagne 40 000. On a besoin de prendre de la hauteur, on a besoin d’avoir une vraie intelligence par rapport à cette crise. En ce moment, on gère les urgences qui sont la marque d’un manque de préparation et d’un manque de sagesse.

Comment doit-on l’aborder en tant qu’individu, dépasser ce moment pour qu’il soit porteur de renouveau et de force créatrice ?

C’est tout le lien qui va devoir être fait entre l’individuel et le collectif et pour cela on doit renforcer l’individuel donc méditer, prendre de la hauteur comprendre, développer son discernement sur ce qu’il se passe. Quand on est dans l’instant présent, il n’y a pas de peur. Plus on est soi-même, plein de soi avec des gens qui ont confiance et ont foi en l’humanité et qui s’allient cela fait des révolutions et des « Rêves-Volution », je repense à cette phrase d’Einstein : « ce n’est pas en s’opposant à un système qu’on le détruit, c’est en en créant un nouveau qui rend le précédent obsolète. » On a besoin de reprendre notre pouvoir.

Cette révolution passera par le cœur, par la conscience, par l’accueil de l’autre et non par la peur qui nous maintient dans un état corvéable à merci. Tout notre travail à nous c’est d’éveiller les consciences et de prendre conscience que nous sommes dans une transition et que nous pouvons passer d’un côté ou de l’autre.

Cette période peut nous aider à retrouver du sens ?

Oui, être dans notre rayonnement, retrouver le sens de notre vie, notre mission et surtout pas de servir ce capitalisme aveugle. On a besoin de remettre du sens. Et le point positif de cette crise, cela nous apprend que finalement dans le chaos il y a une forme de confort, les gens ne sont pas au bord du gouffre. Il y a d’autres choses que nous apprenons.

Dans l’inconscient collectif, il y a quelque chose qui nous dit que nous traversons un moment très particulier mais en même temps on apprend de tout cela avec la solidarité, la sororité, la fraternité.

Comment les chamans voient-ils les choses pour la suite ? Arnaud Riou

On ne s’en sort que si on éradique le système qui nous a rendu malade.  C’est un système qui nous a rendu malade, ce n’est pas un virus.   

C’est nous qui allons choisir la suite. C’est notre libre arbitre. Nous avons également besoin de plus de féminin. Les femmes ont une place à reprendre.

Un message… Arnaud Riou

Je ferai le lien entre l’espoir et l’espérance. Il y a de nombreux plans sur lesquels je n’ai plus beaucoup d’espoir par rapport à notre civilisation. En revanche, je garde l’espérance qu’au-delà de ce que je peux espérer et attendre, quelque chose de plus grand peut s’instaurer car j’ai toujours foi en l’humanité, en la nature, mais il y aura peut-être un prix cher à payer qui nous dépasse beaucoup dans ce que cela peut-être…

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