Dépasser ses croyances limitantes : conseils aux femmes pour changer de vie

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Qu’elles prennent racine dans l’enfance ou dans la pression sociale, les croyances limitantes freinent encore de nombreuses femmes dans leurs choix de vie, leur confiance et leur réussite. Dans son livre Cap sur vous !, Sophie Gourion les invite à déconstruire ces injonctions invisibles – du « sois parfaite » au « il est trop tard après 40 ans » – pour retrouver leur liberté, définir leur mission de vie et oser le changement.

Dans Cap sur vous ! vous encouragez les femmes à questionner leurs croyances limitantes qui datent souvent de l’enfance comme le « soit parfaite ». Comment s’en départir ?

Sophie Gourion : Cette petite voix intérieure qui dicte nos comportements et nous pousse à en faire toujours plus, porte un nom : les messages contraignants, ou drivers. Ces injonctions nous ont été transmises par nos figures d’autorité (parents, enseignants, éducateurs) sous forme de conseils, de reproches ou d’encouragements. Ils prennent racine dans des phrases répétées dès nos premières années : « Un garçon ne pleure pas », « « 8/10 ? J’attendais un 10 ! ». La première chose pour s’en départir c’est d’abord d’en avoir conscience ! Cette petite voix, ça n’est pas vous mais quelqu’un d’autre qui vous parle (un de vos parents ? Un.e prof ?).

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La deuxième chose c’est de la nommer (une de mes clientes l’appelait « La Fée Carabosse » !) et de l’envoyer balader !

Cap sur vous ! - Sophie Gourion (Ed. Leduc)
Cap sur vous ! – Sophie Gourion (Ed. Leduc)

La troisième, c’est de se dire « Fait vaut mieux que parfait ». Très souvent, votre niveau d’exigence est bien plus haut de ce qui est attendu. Pour montrer qu’elles méritent leurs places, de nombreuses femmes s’épuisent à sur-travailler. Une de mes clientes, psychomotricienne, pensait à abandonner son métier car elle n’arrivait plus à gérer les bilans de fin de parcours. Elle me disait passer des heures à les rédiger alors que ses patient.es. Je lui ai demandé « Et si vous baissiez votre niveau d’exigence à 70% ? ». Après quelques réticences, elle a passé moins de temps d’écriture et de relecture et à son grand étonnement, aucun.e patient.e ne s’est rendu compte de la différence. Finalement, elle a conservé son métier et a développé une activité annexe qui l’épanouissait.

Trouver sa mission de vie est une étape importante dans cette quête de soi. Quels sont vos conseils ?

Sophie Gourion : Derrière les mots « missions de vie », pas de quête mystique ni de destin tout tracé, mais une invitation à identifier ce qui nous met en mouvement, nous fait vibrer et nous donne l’énergie d’avancer. Trop souvent, les femmes se laissent porter par des impératifs extérieurs (études, opportunités, contraintes financières) sans prendre le temps de se demander ce qui compte vraiment pour elles. Pourtant, définir sa mission de vie, c’est se donner une boussole. Cela ne signifie pas qu’il faut tout plaquer pour suivre une vocation soudaine, mais plutôt trouver une direction cohérente avec ses valeurs, ses forces et ce que l’on souhaite apporter au monde.

Voici quelques questions à se poser :

  • Quel était le métier de vos rêves quand vous étiez enfant ? Qu’est-ce que cela dit de vous (vos valeurs, vos qualités, vos envies) ? Même si vous ne l’exercez pas aujourd’hui, quels aspects en retrouvez-vous dans votre parcours actuel ?
  • Quelles sont les personnes dont vous admirez le métier ou la carrière ? Pourquoi elles ?
  • Quels métiers feriez-vous si l’argent n’était pas un enjeu ?
  • Sur quels sujets pourriez-vous parler, apprendre et échanger pendant des heures sans vous lasser ? Pourquoi cela vous passionne-t-il ?
  • Quelles causes vous révoltent ? Qu’est-ce qui vous touche profondément ?

Vous encouragez les femmes à célébrer leurs succès et à briller. N’est ce pas le principal problème des femmes ?

Sophie Gourion : Je ne dirais pas que c’est le principal problème mais c’est un point important qui peut entamer leur confiance en elles. Ce n’est pas qu’un problème individuel mais plus largement systémique. Dès l’enfance, les filles sont plus souvent encouragées à être modestes, à ne pas trop se mettre en avant. On valorise leur capacité à bien faire les choses pour les autres, à être discrètes et appliquées, mais pas forcément à revendiquer leur valeur.

Les recherches montrent que les réalisations des femmes sont souvent minimisées par rapport à celles des hommes. Dans un cadre professionnel, leurs succès sont moins reconnus et valorisés, que ce soit dans les évaluations de performance, les promotions ou la visibilité accordée à leurs contributions. Conséquences : les femmes ont davantage de mal à célébrer leurs victoires. Elles minimisent leurs accomplissements et retiennent plus fortement les échecs.

Vous déconstruisez des croyances limitantes comme « changer après 40 ans est trop risqué » comment convaincre ces femmes du contraire ?

Sophie Gourion : Première chose : cherchez des contre-exemples. Une croyance limitante repose souvent sur une généralisation excessive. « Je suis trop âgée pour me reconvertir » : connaissez-vous des personnes de votre âge
qui ont changé de voie ? Est-ce une règle absolue ou une peur qui vient du fait que les femmes sont moins encouragées à le faire ?

2eme étape : expérimentez une autre approche. Plutôt que de croire ou de ne pas croire une idée, testez-la. « Personne ne me donnera ma chance à mon âge » : postulez un poste sans attendre d’être parfaitement prête ! C’est en expérimentant autrement que vous pourrez ajuster votre regard sur vous-même.

Vous écrivez qu’« il n’est pas rare que ce soit la réussite elle-même qui fasse peur ». Comment expliquez vous cela ?

Sophie Gourion : Quand on parle de freins à l’action, on pense souvent à la peur de l’échec. Mais il existe un autre blocage, plus insidieux et souvent inconscient : la peur de réussir. Le vertige du sommet n’est pas moins effrayant que celui du précipice. Cela peut sembler paradoxal. Pourquoi redouter ce que l’on cherche à atteindre ? Pourtant, beaucoup de femmes freinent leur propre ascension par peur des conséquences.

  • « Si je réussis, je vais attirer plus d’attentes, plus de critiques. »
  • « Je vais devoir prouver en permanence que je mérite ma place. »
  • « Mon entourage risque de me voir différemment. »
  • « Et si, en atteignant mon objectif, je réalisais que ce n’est pas aussi satisfaisant que je l’imaginais ? »

Cette peur de la réussite peut mener à l’autosabotage, à l’évitement des opportunités, voire à un désinvestissement progressif de son propre projet.

Un dernier conseil pour les femmes qui souhaitent changer de vie ?

Sophie Gourion : Pendant mes années à accompagner des femmes en bilan de compétences, une phrase revenait souvent : « J’aimerais me lancer, mais ce n’est pas encore le bon moment. » Il fallait attendre : que les enfants soient grands, que la situation financière soit stable, que le crédit soit remboursé, que leur chef·fe valide…

Spoiler : ce bon moment n’arrive jamais. On imagine souvent que changer implique un saut dans le vide, un immense pas de géant. Mais en réalité, le changement commence par de toutes petites choses. Plutôt que d’attendre d’avoir un plan parfaitement ficelé, demandez- vous quel serait le plus petit pas possible pour avancer, ici et maintenant.

La seule vraie révolution commence souvent par un message envoyé à quelqu’un qu’on admire, qu’on n’ose pas approcher, ou à une personne qu’on croyait inaccessible. L’essentiel n’est pas d’avoir toutes les réponses mais d’être en mouvement.

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