Comment se libérer de sa charge mentale ?

charge mentale
Vous avez toujours mille choses en tête et vous sentez submergée ? Comment retrouver un équilibre entre votre vie pro et perso ? Morgane Catoire, médiatrice de couple & coach, spécialiste de la charge mentale et coach Business O Féminin, nous livre ses conseils pour prévenir un burn out et nous libérer de cette charge mentale au quotidien.

Comment peut-on définir la charge mentale ?

La charge mentale est l’énergie fournie pour notre activité cognitive concernant les tâches que nous avons à réaliser : cela couvre tout le travail mental pour identifier ce que je dois faire, comment le faire, quand le faire, en combien de temps, pour quand, avec qui et à dérouler concrètement toute cette planification (en réajustant si des aléas viennent s’en mêler).

Bien évidemment, ce travail cognitif est marqué émotionnellement : selon les enjeux par rapport à l’image que j’ai de moi, et ce que je veux montrer, ce qui est prioritaire, ce qui fait sens ou pas pour moi, et selon le contexte (bienveillant ou compétitif) dans lequel je l’effectue, la charge mentale peut être plus ou moins lourde.

Guide Dev Persot

Dans la sphère professionnelle, la charge mentale va concerner les éléments de votre poste et les tâches qui en découlent, mais également les ajustements nécessaires à votre environnement social professionnel. De la compétition entre collègues, un chef exigeant ou dont vous comprenez mal les attentes, et votre charge mentale va augmenter rapidement car, en plus du souci de faire votre travail de façon pertinente et efficace, vous allez avoir le souci de comment il va être perçu (et donc : comment le présenter, à quel moment, …).

La charge mentale parentale et domestique est le travail intellectuel fourni pour organiser, planifier et exécuter la vie quotidienne de la famille. Il est majoritairement porté par une seule personne dans le couple ou la famille, et traditionnellement par les femmes. Ce travail intellectuel va couvrir :

  • les tâches ménagères : ménage, linge, les courses/la cuisine et entretien es biens communs (voiture, …)
  • et les tâches parentales : surveillance ou réalisation soins d’hygiène, nourrissage, devoirs, prévision/planification des soins médicaux, des activités scolaires et extra-scolaires
  • les tâches administratives : paiement loyers/emprunt, impôts, fournisseurs divers, …
  • les tâches sociales : entretien des relations famille et amis, invitations, préparation, … 

Il n’y a pas de séparation entre la charge mentale professionnelle et la charge mentale personnelle. C’est un continuum de tâches à détailler, organiser et planifier par la pensée.

Quels sont les signes avant-coureurs d’un burn out ? 

La charge mentale devient « souffrante » quand vous n’êtes plus capable de suivre physiquement/psychiquement et/ou qu’il y a un conflit de valeurs qui s’installe en vous ou entre les personnes concernées par ce travail de planification/organisation.

Pour repérer dans quelle sphère votre charge mentale est la plus lourde, prenez le temps de voir ce qui est le plus difficile pour vous : est-ce d’aller au travail ou de retourner à la maison ? Avez-vous plus de pensées concernant l’organisation familiale quand vous êtes au travail ou le contraire ?

Il est grand temps de demander de l’aide pour prendre du recul et voir où est le problème, si, depuis plus de 3 semaines :

  • Vous n’arrivez pas à déterminer quelle sphère professionnelle ou personnelle vous pèse le plus, 
  • Vous constatez chez vous une accélération de la pensée organisatrice. Ce sentiment d’accélération, qui peut prendre l’image de « je suis une machine à résoudre les problèmes et à organiser » ;
  • Si vous vous sentez fatiguée, y compris après une bonne nuit de sommeil, de façon récurrente ou continue ;
  • Si vous avez du mal à vous endormir, que vous vous sentez agitée au moment de vous coucher (vous vous relevez plusieurs fois pour noter des tâches à faire, pour mettre le goûter de vos enfants dans leur cartable, pour aller de nouveau aux toilettes, …) ;

Le seuil d’alerte est dépassé et vous devez consulter un médecin, si :

  • vous notez chez vous, et c’est le plus difficile à percevoir, une sorte d’anesthésie : vous faîtes votre travail ou les échanges avec votre famille en mode « automatique » sans en percevoir la saveur, l’intérêt ou même l’impact émotionnel négatif que cela devrait avoir (si vous êtes quelqu’un qui supporte mal les disputes, par exemple, et que cela ne vous affecte plus : vous avez le sentiment que votre cerveau ne « traite pas l’information ») ;
  • vous vous mettez à faire preuve de détachement, voire de cynisme, par rapport aux soucis de vos collègues, de votre conjoint, de vos proches… (Vous connaissez, l’ambiance : « on n’est pas payé chers, mais qu’est-ce qu’on se marre » à prononcer avec un sourire crispé ?)
  • vous vous sentez moins efficace, vous avez l’impression de perdre du temps avec des distractions dont vous mettez de plus en plus de temps à vous détacher (coup de fil qui interrompt le travail, pauses diverses, perte de temps dans des informations annexes par rapport à vos priorités, doomscroling sur le smartphone…)
  • vous pleurez sans savoir à propos de quoi,
  • vous cumulez ce que vous reconnaissez chez vous comme des symptômes de stress (prise/perte de poids ou d’appétit, réactions cutanées en lien avec des évènements que vous reconnaissez comme stressant, malaise vagal, maux de ventre « comme avant l’oral du bac »,  maux de dos, migraines, dérèglement de vos cycles menstruels…)

Burn out professionnel ou personnel ? 

Que ce soit la sphère personnelle ou la sphère professionnelle qui est responsable du « TROP » de charge mentale dans votre vie, les symptômes physiques et psychiques seront les mêmes.

Par ailleurs, ayez conscience que la société attend des hommes qu’ils soient performants au travail et qu’ils rapportent des revenus stables (en lien avec la capacité à assurer la dignité de leur famille).

La société attend des femmes :

  • qu’elles soient de bonnes épouses et femmes d’intérieur (c’est toujours vers la femme qu’on se tourne quand quelqu’un constate qu’une maison est sale ou mal rangée) ;
  • qu’elles soient de bonnes mères, présentes auprès de leurs enfants et qu’elles assurent les relations sociales internes et externes à la famille ;
  • et au travail : leurs performances sont mises en comparaison/compétition avec celles des hommes.

Ainsi, les femmes reçoivent en trois « lieux » de leur identité, une pression importante de la part de la société.

A l’échelle française, ce constat se traduit dans les statistiques. L’analyse issue du programme de surveillance des maladies à caractère professionnel (MCP) entre 2007 et 2012 montre que les facteurs influençant sur le risque d’être touché par un burn out relèvent : 

  • du genre : les femmes sont 2 fois plus susceptibles d’être touchées par un burn out ; 
  • de l’âge : le risque augmente avec l’âge ; 
  • de la catégorie socio-professionnelle : les cadres sont plus exposés au risque de burn out que les professions intermédiaires et les ouvriers car plus soumis aux risques organisationnels, relationnels et éthiques. 

Un autre constat : le burn out ne touche pas une personne au hasard. Si les métiers en lien avec des publics exigeant une forte attention (professions médicales, professions en lien avec des publics en difficulté́ sociale, …) semblent particulièrement vulnérables au burn out, il semblerait que le facteur le plus commun aux personnes ayant traversé́ un burn out est l’importance de l’investissement symbolique accordé au travail. 

Le Ministère du Travail reconnaît d’ailleurs que « le syndrome d’épuisement professionnel (burn out) provient de la rencontre entre un individu et une situation de travail dégradée. Il peut s’expliquer à la fois par des caractéristiques liées au travail et à l’individu. »

Pour caricaturer : plus vous êtes atteinte du syndrôme de la « bonne élève appliquée », plus vous développez des risques de burn out, car, centrée sur la satisfaction des personnes qui vous font des demandes, vous allez passer à côté de vos signaux d’alerte internes.

Comment agir ? 

> Avant le burn out 

Avant d’atteindre le burn out, vous pouvez tout-à-fait prendre conscience que la façon dont vous vivez votre vie quotidienne (en dehors des vacances et arrêts maladie) n’est pas écologique.

Des constats tels que :

  • je passe mes week-ends à dormir pour récupérer de mes semaines, que ce soit à cause du travail, des enfants qui ont besoin de vous tard le soir/ tôt le matin, qui dorment mal, ou parce que vous avec d’autres activités qui limitent votre temps de repos ;
  • je commence mes vacances par une semaine de « récupération » (grasses matinées à gogo, siestes, temps de repos), ou je tombe régulièrement malade en début de vacances ;
  • quand j’arrive au travail, je rêve du moment où je vais pouvoir retourner me coucher ;
  • je m’endors ou je perds conscience pendant des réunions ;

vont vous mettre la puce à l’oreille.

Votre corps est dépassé et il n’arrive pas à gérer les efforts que vous lui demandez.

En repère, regardez si c’est la sphère personnelle ou la sphère professionnelle qui génère ce déséquilibre.

Vous pouvez, s’il s’agit d’un problème ponctuel (votre bébé ne fait pas ses nuits) trouver de l’aide adaptée, par exemple en négociant avec votre conjoint une répartition des nuits (et en vous couchant dans une chambre où vous ne l’entendrez pas pleurer).

Si le problème semble plus global : vous vous sentez débordée au travail, chez vous, l’impression d’être inefficace, … Prenez le temps de la réflexion.

Comme je vous le disais plus haut : la société attend beaucoup des femmes, et notre charge mentale répond à ces attentes sur les 3 pans de notre vie (vie professionnelle, vie personnelle, vie familiale). 

Nous oublions que nous ne sommes pas obligées de tout mener de front, de tout faire « en même temps ». Nous pouvons revoir nos priorités tous les 3, 6 mois, un an (en fonction de nos envies, notre rythme de réalisation des projets, des besoins des personnes qui dépendent de nous).

Prenez le temps de vous poser et mener une réflexion complète. Prenez plusieurs jours pour cela (par exemple, répondez à une question par jour) :

  • Pour les 6 à 12 mois qui viennent : quelle est ma priorité ? (Professionnelle, personnelle, sur quel plan ?)
  • Quel est l’objectif que je veux atteindre ? Je décris la situation : quand j’aurais fait cela, je gagnerai (en sérénité, en légitimité, de l’argent en plus, de la reconnaissance…), je serai dans tel endroit, avec telles personnes, et je ressentirai telles émotions.
  • Qu’est-ce que cela implique pour les autres parts de ma vie ? Qui est concerné ?
  • Pour les personnes auprès de qui je vais être moins présentes : dois-je les prévenir ? y a-t-il des solutions à trouver, à élaborer ensemble ?
  • Si je sens que je bloque par rapport à l’une ou l’autre décision que je veux prendre, 4 questions à se poser : qu’est-ce que je gagne à le faire ? qu’est-ce que je perds à le faire ? qu’est-ce que je gagne à ne pas le faire ? Qu’est-ce que je perds à ne pas le faire ?

Si vous sentez que cette réflexion est difficile, que vous êtes tiraillée entre vos envies professionnelles et vos priorités familiales, faites-vous accompagner, même de façon brève, pour « arbitrer ».

Un coaching, une médiation des parts de soi, peuvent vous permettre d’y voir clair.

Si vous avez pris une décision et que c’est avec les personnes qui vous entourent que ça bloque : votre compagnon, votre patron, vos collègues, la médiation est une bonne option pour se faire entendre et comprendre ce à quoi l’autre vous répond non.

> Quand le burn out s’annonce

La première étape est de prendre conscience de son état ; et c’est bien souvent le plus difficile. Le burn out touche des personnes investies dans leurs occupations personnelles et professionnelles, motivées, résistantes aux aléas. C’est bien le sujet : la personne dont la charge mentale augmente au point de l’épuiser est habituée à faire « encore plus d’effort » en cas de problème.

Ecoutez ce que dit votre entourage : vos proches sont inquiets, trouvent qu’en ce moment, vous avez une sale gueule et une mauvaise humeur persistante : ça n’est pas pour vous plomber le moral… C’est un premier signe. D’autant plus si vous n’arrivez pas à accepter de ressentir cette fatigue dans votre corps (vous évitez les séances de yoga et de médiation que d’habitude vous adorez ?!).

Quand vous récapitulez les 3-6 derniers mois, vous vous rendez compte que vous avez passé votre temps à « lutter » : un projet difficile, un chef que vous n’arrivez pas à convaincre, des enfants qui vous sollicitent beaucoup …

Lâchez la culpabilité : et si cette phrase vous insupporte, lisez bien la suite. 

Que diriez-vous à votre meilleure amie si elle vous racontait ce que, vous, vous êtes en train de dire, à savoir : « je suis fatiguée, je dors mal, tout m’ennuie, m’indiffère ou m’irrite, je fais tout en mode automatique, même les vacances ne m’ont pas reposées… » ?

Très certainement pas « hardi, petit ! ». 

Plutôt quelque chose comme « tu as vu un médecin ? Si tu veux je te passe le numéro du mien, il m’a trop bien aidé… », non ?

Alors c’est le moment de prendre cette décision pour vous : appelez votre médecin et racontez-lui, tout.

Comment sortir de ses schémas de répétition qui nous font accepter les choses plutôt que de tenter de les changer ? 

Je reviens à la différence entre le traitement que vous proposeriez à votre amie (empathie, soutien, proposition de repos, adresses de pro pour aider, …) et celui que vous vous infligez (non prise en compte des signes de détresse physiques et psychiques, refus de demander de l’aide ou même d’en parler à son partenaire, voire renforcement des efforts pour compenser le sentiment d’inefficacité) : qu’est-ce qui fait que vous proposez des solutions si radicalement différentes à 2 êtres humains qui présentent les mêmes souffrances ?

Le regard que vous portez sur eux. 

Autant votre amie est un être merveilleux, intelligent et qui a droit à toute votre attention, autant « je » est une personne qui doit « faire des efforts », « faire plaisir » pour avoir droit à de l’attention et de l’amour.

Vous portez en vous la croyance que vous aurez le droit à de la reconnaissance, de l’amour, de l’attention quand vous aurez fait tout ce que l’on attend de vous, quelle que soit la façon dont vous libellez cette croyance.

Tout au long de notre vie, nous formons des croyances sur nous, sur les autres, sur le monde qui nous entoure.

Les croyances sont un processus mental expérimenté par une personne qui adhère à une hypothèse qu’elle considère comme la vérité, indépendamment des faits (par exemple : « les hommes sont de grands enfants »). 

Le rôle des croyances est de simplifier un monde complexe, pour permettre une décision dans les conduites à tenir (« L’argent ne se trouve pas sous les sabots d’un cheval » : il faut travailler dur si on veut vivre bien). Et ces croyances sont d’autant plus actives chez nous que le stress est important.

Les croyances sont formées par transmission ou suite à un évènement particulier. 

Je vois ma mère se dévouer pour toute la famille, j’acquiers la croyance que pour être aimée, il faut que je fasse comme elle. Je me comporte ensuite de façon à « coller » à cette croyance (j’évite ou j’oublie toutes les situations où cette croyance est fausse), et je ressens, quand je me comporte conformément à cette croyance, que les autres m’aiment mieux. Le cercle croyance, émotion, comportement, évènement se renforce logiquement. 

La face cachée de ces croyances est qu’elles nous empêchent d’accéder à nos propres besoins et à la réalité. 

Pour en revenir à la charge mentale, une jeune femme me confiait que, lorsqu’elle avait rencontré son compagnon, elle était très investie dans son travail, et qu’elle était une maniaque du ménage (selon ses propres mots).

A l’arrivée de leur premier enfant, elle a vite été dépassée. Et…. Elle s’est mise à développer une énorme colère contre son mari, colère qu’elle n’arrivait pas à exprimer.Quand enfin, réunis avec un tiers bienveillant, elle a pu dire : « je te déteste, tu m’obliges à faire le ménage et à être parfaite avec le bébé ! ».

Surprise pour elle car sa réponse à lui a été : « j’apprécie quand tu as fait le ménage à fond, c’est tellement agréable. En même temps, si ça n’est pas comme ça tous les jours, ça me va. Ça n’a rien d’important pour moi si la maison n’est pas impeccable chaque jour, nous n’avons pas à vivre dans une maison de magazine, surtout si cela te coûte ta santé et ta joie de vivre. »

Ce premier échange a permis de mettre le doigt sur la façon dont elle se percevait, sur ce qu’elle CROYAIT qu’elle se devait d’être : une mère, une épouse, une femme d’intérieur et une professionnelle parfaite.

Cette découverte n’a été que le début d’une évolution pour elle, pour lui aussi, d’une réorganisation de leur relation et de la répartition des tâches à la maison.

A quel moment doit-on consulter, aller chercher de l’aide ? 

La réponse peut difficilement être générique.

Certaines personnes iront chercher de l’aide dès qu’elles sentent qu’elles ne sont plus en accord avec ce qui se passe dans leur vie. Elles vont vouloir comprendre pourquoi entre les efforts qu’elles font pour aller vers ce qu’elles veulent et ce qu’elles obtiennent il y a autant de décalage. C’est une façon de faire qui permet de rester maître de son destin en tout temps, et qui demande une grande conscience de ses responsabilités individuelles dans ce qui arrive.

D’autres attendront d’avoir dépassé toutes les limites pour prendre le problème à bras le corps. Si c’est une façon de faire respectable (les personnes qui font ce choix pensent ne pas avoir les ressources de faire autrement, ont la croyance que c’est normal pour elles de vivre cela, qu’elles le méritent), elle a un coût relationnel, physique, psychique, et souvent financier, non négligeable. Le coût d’un burn out, d’un divorce, d’une dépression, de maux physiques persistants, 

Comme à ma meilleure amie, je dirai : si tu es en souffrance, n’attends pas que cela passe avec le temps : demande de l’aide à des personnes compétentes. 

Véronique Forge-Karibian

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