Sonia Souid : agent de footballeurs

Sonia Souid

Tout juste trentenaire, Sonia Souid a déjà eu plusieurs vies : un temps Miss Auvergne après avoir été joueuse de volleyball professionnelle, cette passionnée de sport est l’une des rares à être agent de footballeurs internationaux. Et pas des moindres : le premier transfert payant d’une footballeuse française, c’était elle, tout comme les nominations d’Héléna Costa et de Corinne Diacre à la tête d’une équipe de foot… masculine.

Comment avez-vous eu l’idée d’être agent de foot ?

Sonia Souid : J’ai toujours baigné dans le monde du sport. J’ai joué au volleyball à haut niveau. Mon frère est passionné de football. Par ailleurs, mon père est préparateur physique de footballeurs professionnels. Il travaille dans les pays du Golf.

Un jour de décembre 2009, alors que je déjeunais avec lui, l’idée nous est venue que je pourrais être agent : un beau challenge pour un métier ne comptant pratiquement pas de femmes. L’idée m’a séduite : j’étais à l’époque rapporteur d’affaires dans l’immobilier mais j’avais envie de renouer avec le sport. Je me suis donc lancée à 25 ans.

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Vous avez fait joué au volleyball en tant que professionnelle, été Miss Auvergne. L’esprit de compétition est-il le fil conducteur de toutes ces expériences ?

soania2Sonia Souid : Oui, bien sûr. Pour ce qui est du sport, je trouve la compétition assez saine. Elle l’est beaucoup moins dans les concours de beauté ! L’expérience Miss n’a représenté que cinq semaines dans ma vie, je n’en garde pas forcément un très bon souvenir. J’étais issue du monde du volleyball : un sport d’équipe jouant à la fois sur la compétition mais également sur la solidarité et la complémentarité afin de battre l’adversaire avec qui , en plus, il n’y a pas de contact physique. Tout l’inverse des Miss !

A quoi ressemble votre quotidien d’agent ?

Sonia Souid : En période mercato comme en ce moment, je cours un peu partout ! J’aide les clubs m’ayant donné un cahier des charges du type « on recherche un attaquant pour tel budget. » Mon métier consiste aussi à aider certains joueurs ou entraîneurs que je représente à trouver de nouveaux challenges. Dans ce cas précis, il faut aller démarcher des clubs.

Comment avez-vous gagné l’estime de vos homologues ?

Sonia Souid : A mes débuts, j’étais vraiment perçue comme une OVNI ! D’autant que pour réussir dans ce milieu, il faut deux choses : un réseau et une belle assise financière. Je n’avais ni l’un ni l’autre.

Aujourd’hui, cela va forcément un peu mieux car j’ai prouvé que j’étais capable de faire des choses. Je ne dirais pas pour autant être totalement acceptée, mais simplement tolérée. Dans le monde du football, cela reste quand même anormal qu’une femme soit agent.

Vous êtes à l’origine du premier transfert payant dans le football féminin français : celui de l’internationale Marie-Laure Délie qui a quitté Montpellier pour le PSG en Juillet 2013. Comment cela s’est-il déroulé ?

Sonia Souid : Comme je suis une femme et que j’ai joué au volleyball à haut niveau, j’ai créé l’association Ballon Aiguilles dont le but est d’aider à la promotion des sports collectifs féminins. C’est dans ce cadre que j’ai commencé à m’intéresser au football féminin. Puis, je me suis dit que, quitte à commencer dans un nouveau domaine, autant faire ce qui ne s’était jamais fait : un transfert payant entre deux clubs français.

Je suis ainsi tombée sur Marie-Claude Delie qui voulait partir de Montpellier alors qu’il lui restait une année de contrat. Le PSG était intéressé. Nous avons alors négocié le montant du transfert et elle a rejoint Paris pour trois ans.

Défendre la cause féminine sportive, est-ce quelque chose qui vous tient à cœur ?

Sonia Souid : Oui. J’ai d’ailleurs créé début janvier une autre association, Femmes et Sport, car je ne voulais pas me limiter aux sports collectifs. Pour pouvoir évoluer, faire en sorte que plus de femmes compétentes puissent s’illustrer dans le monde du sport, je pense qu’il faut être solidaires entre nous. C’est comme cela que nous pourrons avancer.

Permettre à une femme d’entraîner une équipe masculine avec l’arrivée d’Héléna Costa puis celle de Corinne Diacre à la tête du club de Clermont-Ferrand a été une première. Je trouve incroyable qu’aucune femme n’ait pu relever ce défi jusqu’en 2014.

Envisageriez-vous un jour de diriger un club ?

Sonia Souid : Je pense continuer d’être agent encore quelques années. A moyen terme, je me vois passer de l’autre côté de la barrière. Je trouve cela intéressant d’essayer de faire en sorte que son club se construise, se structure et progresse chaque année. Malheureusement, là encore, il n’y a pas beaucoup de femmes dirigeantes de clubs. Pauline Gomez, à la tête du Red Star, est une exception.

 Claire Bauchart

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