Selon l’OCDE, un Européen sur 6 souffre de troubles de santé mentale. Dans le cadre professionnel, les conséquences liées à la santé mentale, au stress et au burn out sont extrêmement impactantes pour la globalité de l’entreprise. Un collaborateur qui ne va pas bien voit son moral baisser, son bien-être diminuer. Il devient alors moins engagé et moins productif.
Un coût social que l’OCDE évalue en France à 5,3 milliards d’euros correspondant aux seuls fonds destinés à la compensation de perte des revenus imputable à la maladie mentale), et à 3,7 % du PIB au total (coûts directs et indirects en 2015). Toutefois, selon The Guardian, la donne en matière d’investissement et de productivité des employés change totalement lorsque ceux-ci se sentent libres d’évoquer leur dépression ou tout trouble mental avec leur manager. La gestion de la santé mentale en entreprise est donc un enjeu de taille, et un défi majeur.
Un enjeu intensifié par la crise sanitaire…
En 2019, l’OMS incluait enfin le syndrome d’épuisement professionnel dans sa classification, bien que le concept soit né dans les années 70 (et sa réalité bien avant).
Le burn-out, problème de santé mondial s’est intensifié avec la crise du Covid-19. Une enquête menée par Havard Business Review auprès de 1500 collaborateurs de 46 pays à l’automne 2020 tire la sonnette d’alarme : 89 % des interrogés ont vu leur vie professionnelle se dégrader et 85 % ont vu diminuer leur bien-être au travail. Les exigences professionnelles ont augmenté pour 56 % d’entre eux, et 55 % des sondés ont estimé ne pas avoir pu équilibrer leur vie professionnelle et privée.
En France, un rapport DARES indique que suite à la crise sanitaire, un travailleur sur 3 a vu sa mission s’intensifier et une personne sur 10 ses conditions de travail se dégrader.
Dans son baromètre de la santé mentale des actifs de 2021, la Fondation Pierre Deniker indique que 22% des Français actifs présentent une détresse trahissant un trouble mental. Un taux qui s’élève à 26 % chez les femmes et à 28% dans les métiers relationnels.
Des chiffres alarmants qui doivent aboutir à une remise en question du modèle actuel. En effet, la responsabilité de cette dégradation incombe certes à la crise sanitaire, mais pour autant, la recherche a pu démontrer que l’épuisement professionnel relevait d’un problème organisationnel qu’il est possible de corriger.
… et chez la jeune génération de talents
Selon une autre étude faite aux États-Unis par Mind Share Partners, SAP et Qualtrics auprès, notamment, des travailleurs des générations Y et Z, 50 à 75 % d’entre eux ont avoué avoir quitté un précédent poste pour des raisons de santé mentale, contre 34 % de l’ensemble des répondants.
En Grande-Bretagne, 95 % des trentenaires ont été confrontés à des problèmes de santé mentale, les leurs ou ceux de leur entourage proche.
Une évolution générationnelle à laquelle ces jeunes travailleurs sont mal préparés, et qui doit absolument être prise en considération dans l’optique du recrutement et de la rétention de ces nouveaux talents.
Quels outils pour protéger sa santé mentale en entreprise ?
Il convient d’abord de prendre la mesure de la santé mentale et du bien-être de ses employés, notamment par le biais de questionnaires comme ceux de Karasek et de Siegrist.
La prévention du burn-out et le bien-être au travail sont ensuite primordiaux. C’est le rôle des hautes instances, mais aussi du manager de proximité, qui devra être formé.
La clé pour repérer les comportements de détresse et assurer une ambiance sereine à ses employés est cette intelligence émotionnelle des managers que nous avons évoquée. Elle permet à la fois l’empathie et le contrôle de ses propres émotions. Deux qualités propres à maintenir l’attention envers les collaborateurs, et la stabilité émotionnelle de toute l’équipe.
Le manager n’en reste pas moins humain, et il devra être le premier à prendre soin de lui pour pouvoir ensuite prendre soin des autres, en trouvant des soutiens et libérant ses émotions.
Enfin, la santé mentale en entreprise est aussi l’un des enjeux de la politique d’inclusion, pour préserver certaines minorités plus fragiles comme les LGBTQ et les femmes.
Intégrer la santé mentale dans la culture d’entreprise
Selon une étude faite aux US par Mind Share Partners, SAP et Qualtrics, moins de 50 % des interrogés ont estimé que la santé mentale était une préoccupation de leur entreprise.
Pourtant, communiquer sur la santé mentale est devenu aujourd’hui incontournable : les entreprises doivent faire de sa préservation un des axes majeurs de la marque employeur. Barclays, à titre d’exemple, en a fait une de ses priorités par le biais de la campagne This is me.
Au titre des actions concrètes de communication au sein de l’entreprise, il est possible de :
- Créer des groupes de ressources ou de travail axés sur la santé mentale en entreprise.
- Organiser des réunions, des conférences, des événements dédiés permettant de libérer la parole et de combattre la stigmatisation.
- Proposer des solutions de santé, car au-delà de la parole, n’oublions pas que le soin est la première prise en charge de la santé mentale qui doit être envisagée. Ainsi, il est indispensable de faciliter l’accès aux soins. La mise en place d’ateliers gestion du stress ou de pleine conscience participe également au bien-être des salariés, comme chez Unilever qui le propose en sus d’une formation de ses managers aux problématiques de santé mentale.
C’est enfin le cas de l’entreprise EY (ex-Ernst & Young) qui a choisi de mettre en place un programme accompagné d’une permanence de soutien psychologique.