Comment demander une augmentation de salaire ? Comment optimiser ses chances de promotion ? Les conseils pratiques de Céline Laurenceau, responsable de l’activité conseil en gestion des talents d’Accenture France.
Que faut-il avoir en tête avant de demander une augmentation de salaire ?
Céline Laurenceau : Le premier frein est le fait ne pas aller demander ! Il faut être clair sur son objectif, justifier sa demande. Le pire qui puisse arriver est de s’entendre répondre non, ce qui n’est pas si grave !
Il faut bien comprendre que la relation entre l’entreprise et le collaborateur est un moteur qui dépend de six dimensions : le contenu du travail, la rémunération, les opportunités de carrière, l’environnement de travail, l’équilibre de vie, la culture de l’entreprise et les interactions humaines.
Parallèlement, il faut être conscient que dans toutes les entreprises, il y a les processus officiels de gestion de carrière, puis, il y a toujours l’officieux, la politique. En gros, il ne faut pas être naïve et se dire « non non je ne vais pas aller me mettre en avant, je n’ai pas besoin de ça », mais comprendre les règles du jeu et en jouer !
Le networking apparaît donc comme un élément crucial !
Céline Laurenceau : Oui. Les femmes doivent avoir conscience que le capital carrière est constitué de trois éléments, à développer constamment : il y a tout d’abord leur expertise (pourquoi elles sont connues, qu’est-ce qui fait leur différence), il y a leur expérience mais il y a aussi toute la notion de réseau .
Chez Accenture, nous avons un réseau qui s’appelle « Accent sur elles » : il réunit nos clientes et dirigeantes pour créer des occasions de rencontres. On se rend compte que beaucoup de femmes viennent à ces rendez-vous sans cartes de visites. Elles ne sont donc pas dans une démarche commerciale : elles ont envie de faire des rencontres informelles, de venir chercher du contenu mais ne pensent pas suffisamment à renforcer leur réseau professionnel.
Beaucoup de femmes considèrent qu’elles font bien leur job et que, du coup, quelqu’un va s’en rendre compte. Avec « Accent sur elles », le but est de les aider à se mettre dans le radar des décideurs. Si personne n’a idée de ce que vous êtes capable de faire, ou que vous avez fait vos preuves, il y a peu de chances pour que l’on vienne vous chercher pour vous proposer un poste !
Comment les femmes peuvent-elles rattraper leur retard dans la course aux postes de management ?
Céline Laurenceau : Chez Accenture, nous avons observé plusieurs freins majeurs à la gestion de carrières au féminin dans les entreprises.
Le premier relève du fonctionnement de l’entreprise elle-même : beaucoup de sociétés n’ont pas de vrai processus de gestion de carrières avec des comités de surveillance ou de pilotage, qui vont mettre en lumière les personnes qui ont le potentiel. Dans ces entreprises, la promotion se passe plus facilement en réseautage, autour de la machine à café… Les femmes sont freinées car elles n’ont pas forcément le réflexe du faire-savoir.
Un autre frein relève de la vigilance au sein de l’entreprise. Toutes les structures au sein desquelles il n’y a pas d’indicateurs (combien de femmes recrutées, combien de femmes sur des postes de dirigeantes etc) comptent statistiquement moins de femmes dans leurs effectifs.
Enfin, les femmes elles-mêmes se freinent, et ce, pour trois raisons : l’absence de rôles-modèles. Ou bien, quand bien même certaines femmes sont parvenues au comité de direction, elles ne s’y reconnaissent pas forcément. Je pense notamment que les pionnières ont dû faire des sacrifices que les générations suivantes n’ont pas envie de faire. Deuxièmement, il y a clairement un manque de confiance en soi. Puis, pour finir, on en revient toujours à la même chose : un manque de réseautage, en d’autres termes, elles n’utilisent pas assez les contacts internes et externes pour aller plus vite et plus haut.
Claire Bauchart