Le numérique nous rendrait paresseux, nous lirions de moins en moins, le cerveau humain ne serait pas fait pour être multitâche… Parmi toutes ces croyances, lesquelles sont fondées, lesquelles sont erronées ? La réponse avec Xavier Delengaigne, co-auteur d’Apprendre à toute vitesse*, un livre facile d’accès truffé d’astuces. Votre cerveau vous en remercie d’avance.
Croyance n°1 : Le numérique nous rend paresseux = Faux
Certes, de nombreuses études ont démontré que les outils numériques nous rendent parfois légèrement « bêtas ». Se fier au GPS diminuerait notre capacité à nous repérer dans l’espace, ou encore, trop faire confiance à Google nous ferait davantage retenir le chemin qui mène vers l’information que l’information en elle-même. D’autres travaux rapportent aussi que nous utiliserions les supports numériques comme un disque dur externe, ce qui aurait un impact néfaste sur notre mémoire.
Sauf que, en libérant cet espace, notre cerveau pourrait davantage se concentrer sur la pensée créative, et réaliser notamment les précieuses connexions entre les idées. Fortifier sa mémoire de travail aurait une incidence bénéfique sur la mémoire à long terme. Notre mémoire sensorielle ne dure que quelques secondes, elle est ensuite transférée vers la mémoire de travail (retenir un numéro de téléphone par exemple), avant de remonter à la mémoire à long terme composée elle-même de plusieurs types de mémoires (sémantique, épisodique…).
Croyance n°2 : Notre hygiène de vie a des effets sur nos facultés cognitives = Vrai
Le sport, le yoga, l’alimentation… des scientifiques ont étudié les facteurs extérieurs pouvant avoir un impact sur notre cerveau. Par exemple, un japonais s’est rendu compte que l’apnée sous l’eau augmentait sa créativité, c’est le « brain bubbles ». On sait aussi que le sport oxygène notre cerveau, que le fer est bon pour les globules rouges ou que la caféine augmente la mémoire à court terme.
Dans le livre, les deux auteurs ont également consigné des exercices de « braintonic ». Si leurs effets positifs n’ont jamais été mesurés scientifiquement, empiriquement on sait par exemple que jongler nous permet de croiser les deux hémisphères du cerveau. Toucher certains points sur le front en y associant la visualisation positive nous permettrait également de stimuler notre attention, de mieux nous souvenir, mais aussi de gérer notre stress. Des études démontrent aussi que les pensées créatives viennent avec le lâcher-prise.
Croyance n°3 : Avec Internet, nous lisons de moins en moins = Faux
Nous ne lisons pas moins aujourd’hui, mais différemment : sur les blogs, les journaux online, Facebook, Twitter… En fait, contrairement à ce que l’on croit, la lecture sur Internet est plus complexe car elle nous demande de faire rapidement le tri des informations. Pour nous aider dans cette tâche, les auteurs nous conseillent d’utiliser le « mind mapping ». A travers certains logiciels, comme XMind (gratuit en version de base et facile d’accès), il s’agit de mettre en forme nos idées avec des branches, flèches et couleurs pour nous permettre de les agencer, les synthétiser et les lier. Ainsi, elles auront davantage de sens pour nous et seront mieux assimilées.
Croyance n°4 : Il ne faut pas laisser tomber l’écriture manuscrite = Vrai
Si certaines écoles américaines n’apprennent plus à leurs élèves à écrire à la main, selon Xavier Delengaigne plusieurs études ont démontré que l’outil que nous utilisons façonne notre pensée. Or, l’homme pense avec la main. Pour structurer notre intellect, il serait donc bénéfique de continuer à écrire manuellement.
Croyance n° 5 : L’être humain n’est pas fait pour être multitâche = Vrai
On dit fréquemment que les femmes seraient davantage multitâches mais a priori, hommes et femmes possèdent le même cerveau ! En réalité, nos méninges ne supporteraient pas d’accomplir plus de deux tâches à la fois, en dehors de la conduite qui se fait de manière automatisée, car cela les fatigue. C’est pourquoi au bureau, alors que nous sommes en permanence sollicités par les mails, le téléphone et les collègues de l’open space, nous devrions apprendre à travailler de manière séquencée. Consulter nos mails le matin et en début d’après-midi, nous réserver un moment pour ne travailler que sur un dossier. Notre cerveau aime lorsque les choses sont compartimentées. D’ailleurs, des scientifiques annoncent un danger pour la jeune génération, qui, tellement habituée à partager son attention, ne parviendrait pas à lire un livre de 200 pages de bout en bout et ne pourrait donc pas développer une pensée profonde.
Croyance n°6 : Les touche- à-tout seraient des paresseux = Faux
Surnommés les « scanneurs », les touche-à-tout trimballent souvent derrière eux une réputation de fainéants, incapables de faire des choses dans la continuité. Toutefois, le plus illustre d’entre eux se nomme… Léonard de Vinci. D’ailleurs, après des décennies de traque au spécialiste, les généralistes (capables de faire le lien entre lesdits spécialistes) ont de nouveau le vent en poupe.
Croyance n°7 : Lire vite et bien, c’est impossible = Faux
Les gens qui prétendent avoir tout assimilé d’un livre en le lisant en diagonale, ça vous énerve ? Eh bien, sachez qu’ils ne sont pas « mythos ». Les études démontrent que les lecteurs les plus rapides ont souvent une meilleure compréhension. Certaines techniques vont très loin, comme la photolecture, qui présuppose qu’en feuilletant un livre, notre inconscient serait capable d’en exfiltrer les informations. Sans aller jusque-là, vous pouvez cependant vous adonner à une lecture efficace, c’est-à-dire avec un objectif. Lorsque vous lisez un document, n’allez piocher que les informations qui vous intéressent (introduction, conclusion et chapitres ciblés). Il en va de même avec les notes : allez à l’essentiel !
*Xavier Delengaigne, Thérèse de Laboulaye, Apprendre à toute vitesse, Faites plaisir à votre cerveau, InterEditions, 288 pages, 17€
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