Que vous songiez à lancer votre activité professionnelle ou à vous reconvertir dans l’entrepreneuriat, cette étape a parfois des allures de grand saut dans l’inconnu. Voici quelques pistes pour découvrir si cette voie est faite pour vous.
Marre de votre travail ? Envie de développer votre propre projet ? De prendre un virage dans votre carrière ? Quelle que soit la raison qui vous anime, se lancer dans l’entrepreneuriat, ça ne s’improvise pas ! Plusieurs paramètres peuvent vite apparaître comme des freins, à commencer par une certaine insécurité financière. Mieux vaut donc faire le point avant de quitter son emploi.
Une vraie envie ?
Le premier indicateur à prendre en compte est la motivation. Difficile d’aller au bout de votre projet, de surmonter les obstacles si vous n’avez pas très envie de tenter l’aventure de l’entrepreneuriat. « Il faut le faire pour se faire plaisir. Si vous êtes mal dans le salariat, que vous en avez assez des nombreuses réunions, des collègues toxiques, vous pouvez avoir envie de changer de travail ou de tenter l’aventure. Mais si vous êtes salariée, que votre salaire augmente régulièrement, que vous apprenez constamment et que ça vous plaît, vous n’avez pas forcément de raison de quitter ce confort », estime Stéphane Truphème, entrepreneur et auteur du livre « Quitter le salariat, travailler en liberté » (éditions Eyrolles).
S’interroger sur ses capacités financières
En tant que salariée, vous percevez un revenu régulier et stable. Vous bénéficiez d’une mutuelle, et peut-être d’autres avantages comme des tickets restaurant, une prime de participation aux bénéfices… Des points sécurisants et non négligeables quand on a un loyer à payer, un crédit à rembourser, une famille à nourrir, des projets à financer. Êtes-vous prête à délaisser ces avantages ? Si oui, allez-y malgré tout en douceur.
Testez progressivement
Préparez la transition. « Il est préférable de réfléchir à une stratégie de départ de l’entreprise où l’on est salarié. Quand j’ai lancé mon activité de consultant, j’ai demandé à passer à temps partiel à 60 % à Pole Emploi où j’étais manager. Ça m’a permis de développer mon activité en sécurisant l’aspect financier », se souvient Maxime de Lattin, coach en accompagnement et reconversion professionnelle. Commencez par tester votre activité en travaillant dessus lors de vos temps libres, en soirée, le week-end et voyez si c’est viable. Anticipez vos dépenses : les frais de formation, la location de bureaux, l’achat de matériel…
Pour bien évaluer vos futurs besoins, faites-vous accompagner par une structure (BGE, Chambre des métiers et de l’artisanat, chambre du commerce…). Ces organismes pourront vous aider à clarifier votre projet et à construire un business plan, une étude de marché… Stéphane Truphème ajoute qu’il ne faut pas attendre d’avoir une idée parfaite d’entreprise au risque de ne jamais se lancer. « L’idée géniale n’existe pas. D’ailleurs les entrepreneurs renommés ont souvent commencé avec une idée qui n’avait rien à voir avec l’entreprise qui leur a apporté la réussite », constate-t-il. Il recommande plutôt de s’appuyer sur son expertise et de regarder ce qui peut être amélioré sur son marché.
Une grosse charge de travail en perspective, c’est OK ?
Selon une étude IFOP de mai 2023 réalisée pour Stello, l’assureur des indépendants, deux tiers des entrepreneurs passent plus de 50 heures à travailler par semaine. Quant aux vacances, six entrepreneurs sur dix confient en prendre moins de trois semaines par an. Se tourner vers l’entrepreneuriat, c’est dire au revoir aux congés payés et RTT. Les premières années, surtout, demandent beaucoup d’énergie et de temps pour trouver son marché et fidéliser sa clientèle. S’absenter quelques jours ou semaines, c’est risquer de perdre une commande ou pire un client. Et puis, les jours non travaillés ne sont pas rémunérés.
Il faut donc parfois travailler davantage en amont pour s’octroyer un peu de répit. Parfois le travail s’invite sur le lieu de villégiature. Là aussi, il faut en prendre conscience. D’où l’intérêt d’être bien soutenue par son entourage. « Le soutien, moral et physique, des proches est très important parce que l’entrepreneuriat peut amener à une grosse réorganisation familiale. Il faut trouver des compromis et que le conjoint soit prêt à prendre davantage le relai à la maison. Plus tard, quand l’activité sera bien lancée, c’est l’entrepreneur qui pourra se montrer plus flexible pour son partenaire », déclare Maxime de Lattin.
Avez-vous les qualités requises ?
Ne pas savoir si vous allez trouver des clients, si vous allez pouvoir gagner votre vie avec votre nouvelle activité, gérer les divers aspects, concilier vie professionnelle et personnelle peut entraîner du stress et beaucoup d’interrogations. Il faut pouvoir l’assumer mais selon Stéphane Truphème, il n’y a pas un profil type d’entrepreneurs. « Il n’y a plus de barrière pour entreprendre et ça s’est accéléré avec le digital. Un ordinateur et une connexion Internet peuvent suffire. Même les introvertis et les timides peuvent y arriver, j’en suis la preuve », lance-t-il. Pour Maxime de Lattin, un entrepreneur doit malgré tout « être tenace et ne rien lâcher » tout en faisant preuve d’organisation. « Créer son entreprise ne se résume pas à obtenir un numéro de Siret en un clic sur Internet. En plus de son expertise métier, il doit jongler entre la comptabilité, le démarchage commercial, la communication de son offre, le réseautage sur le web et les salons… », ajoute-t-il. Il faut se motiver chaque jour pour persévérer, être suffisamment investie pour tenir sur la durée même si les résultats tardent.
Se préparer à l’isolement
Si vous lancez votre entreprise, vous commencerez probablement par une structure où vous serez seule à bord. Vous n’aurez pas de collègues, de managers avec qui échanger, d’événements collectifs, de projets de groupe à mener… Est-ce que cela est rédhibitoire pour vous ? Là encore si vous redoutez la solitude, il y a des alternatives. Vous pouvez choisir de travailler dans un espace de coworking pour vous entourer d’autres professionnels avec qui discuter. « Participez à des Salons professionnels, intégrez des réseaux pour vous sentir moins seule et pour bénéficier de l’expérience des autres », conseille aussi Stéphane Truphème.
Si après avoir passé en revue ces divers aspects, vous êtes plus déterminée que jamais, alors foncez !
Dorothée Blancheton