Pourquoi les femmes doivent produire les outils numériques du futur

produire les outils numériques du futur
Aurélie Jean, fondatrice de Silico Veritas nous explique pourquoi les femmes doivent s'inscrire pleinement dans cette révolution digitale.

Alors que le mot numérique est sur toutes les lèvres, l’implication des femmes dans la production des outils digitaux du futur reste mince. La dernière étude du cabinet Roland Berger, Digital Equality, pour la Journée de la Femme Digitale 2017[1], souligne l’intérêt fort des femmes pour le digital. 74 % d’entre nous, tout genre confondu,  envisagent le digital comme un facilitateur de réussite professionnel pour les femmes. A la question comment décririez vous une femme digitale, nous sommes 40% à la voir comme une utilisatrice d’outils digitaux, 27% à la voir également comme une personne avec une culture web, ou encore 24 % d’entre nous décrivent la femme digitale comme un état d’esprit avant tout.

Étonnement, nous ne sommes que 6% à envisager la femme digitale travaillant dans une entreprise tech, donc dans un role de développeuse des outils digitaux. C’est vrai qu’être une femme digitale c’est manier avec aisance les outils digitaux, avoir une culture web et avoir le bon état d’esprit pour voir à 360 degrées notre monde polymorphe et connecté. Mais nous devons voir plus loin et plus large.

La majorité écrasante des algorithmes actuellement utilisés ont été développés par des hommes[2].

Nous vivons à l’heure actuelle ce que je nomme une transformation digitalo-analytique, qui combine l’utilisation des outils digitaux (Twitter, Google, Facebook,…) et, la collecte et l’analyse de la data. L’analyse de cette donnée se fait par l’écriture et  l’implémentation d’algorithmes dans des codes de calculs. Ces mêmes algorithmes sont en train de redessiner notre tissu social et économique. Les femmes doivent s’engager à développer les algorithmes et les outils du futur car sans elles, ces outils seront pensés et développés par des hommes uniquement. Les hommes eux-mêmes souhaitent davantage de femmes pour les accompagner dans cette transformation, car nous avons tous compris que diversity is good for business.

Mini Guide Entrepreneuriat

Les femmes et le code informatique: de pionnières à meneuses[3]

Les femmes ont été les pionnières de l’informatique en développant les premiers langages durant la seconde guerre mondiale, telles que les six femmes du groupe ENIAC[4] ou encore Grace Hopper. Et pourtant dans les années 80 c’est le choc. Alors que les femmes ont toujours dominé la discipline, l’arrivée de l’ordinateur personnel (PC) va changer profondément la tendance. Les femmes s’éloignent de ce marché fortement lucratif alors que les hommes en saisissent les opportunités.

Pourquoi? La peur du leadership, du business, du gain financier? Peu importe les raisons, évitons que cela se reproduise. Dans la transformation digitalo-analytique actuelle, les femmes ont un rôle fort à jouer et doivent donc s’approprier à parts égales avec les hommes, les enjeux, les gains et le développement de cet écosystème, pour le bien de tous.

Les algorithmes et le code produits par la diversité limitent les biais et assure des retombées positives pour tous.

Souvenez vous de l’erreur de dimensionnement des premiers airbags dans les années 70 qui coûta la vie à de nombreux femmes et enfants. Prenons l’exemple plus récent de cette application santé qui permet d’entrer toutes ces données physiologiques mais qui n’avait pas, dans sa première version, la possibilité d’entrer les dates des menstruations. Dans ces deux exemples, comme parmi tant d’autres, la cause est simple: un groupe d’ingénieurs uniquement masculins a dimensionné le produit.

La diversité est un vecteur de performance et les entreprises l’ont compris. Les femmes ont la capacité, par leur manière de voir et de réfléchir, et leur empathie naturelle, d’élever une idée et le développement d’un produit vers des horizons différents d’un groupe composé d’hommes uniquement. Les femmes et les hommes ont un intérêt énorme à travailler main dans la main pour faire grandir les idées futures, construire les outils de demain en garantissant des bénéfices pour tous.

Apprendre à coder pour (co-)produire les outils du futur.

Apprendre à coder permet aux femmes de s’impliquer dans le développement des applications numériques de demain. Nous pouvons coder les algorithmes que nous avons nous mêmes développés, ou nous pouvons travailler en étroite collaboration avec des développeurs et des scientifiques en charge du développement.

Il y a différents moyens de s’engager dans la modélisation du monde de demain. Le socle commun de ces chemins est l’apprentissage du code informatique. Apprendre à coder nous permet de mieux cerner les mécanismes technologiques, de mieux comprendre les bénéfices possibles mais aussi les dangers, et enfin de laisser notre empreinte dans le monde numérique et analytique qui s’ouvre à nous.

Coder pour le bien de l’humanité, voici l’état d’esprit qui selon moi caractérise le mieux la Femme Digitale: une femme libre qui ne contourne pas la technologie mais la saisit pour produire un avenir meilleur et plus juste, pour tous.

 

[1] Organisée le 9 mars 2017 par Delphine Rémy-Boutang.

[2] MIT Technology Review (11/2016) How to Fix Silicon Valley’s Sexist Algorithms.

[3] Présentation au Inclusive Tech Summit de Paris Pionnières (06/2017) Cassons les Codes de Pionnières à Meneuses.

[4] Electronic Numerical Integrator and Computer.

0
    0
    Votre panier
    Votre panier est vide