Comment monétiser l’audience de son site

Monétiser l'audience de son site, mode d'emploi

Ca y est, vous avez réussi à capter un certain volume d’audience sur votre site. Next step : monétiser ce trafic. Jérémie Clévy*, éditeur de sites internet (europe1.fr, closer.fr…) et formateur pour Learn Assembly (ateliers de culture numérique), vous donne les éléments de base pour vous lancer.

Quelles sont les différentes options pour monétiser son audience  ?

La publicité  : le format classique. Les sommes touchées peuvent vite être intéressantes. «  A titre d’exemple, une page Facebook de 70 000 fans, et une mailing liste de centaine de milliers de gens, peut générer un chiffre d’affaires de 2000 à 3000 euros par mois  », explique Jérémie Clévy. Il est possible de commencer à monétiser son audience pour de la publicité à partir de 10 000, 15 000 VU par mois

L’affiliation  : vous créez un lien vers un site marchand depuis votre site, et touchez un pourcentage sur les ventes. «  Cela tourne autour de 5% du montant du produit. Certaines entreprises offrent également une rémunération de 5% pour tout achat sur le site dans les 15 minutes suivant l’entrée sur leur espace après le clic sur le lien  », explique-t-il. En matière d’audience requise, cela dépendra plus ou moins de la valeur du produit. Comprenez  : il faudra générer des volumes plus importants sur des produits à petits prix pour que cela soit rémunérateur. Mais si votre audience est très qualifiée, et le produit plus cher, cela peut être intéressant même avec un petit volume de visiteurs uniques. Le site Affilinet est référent en la matière.

Mini Guide Entrepreneuriat

L’utilisation de la base de données et les newsletters  : dans ce cas, «  il vous faut environ 100 000 adresses mails si elles sont vraiment qualifiées, et au moins 1 million si elles ne le sont pas. Cela semble énorme, mais c’est possible de se constituer ce genre de base en 2 ou 3 ans  », poursuit le spécialiste. Vous pouvez donc revendre ces adresses mails, ou alors vendre des études. C’est par exemple le cas du site Carenity  : les patients viennent échanger sur leur pathologie avec d’autres malades, et fournissent leurs données personnelles type poids, âge, traitement etc… Ces données peuvent ensuite être revendues aux laboratoires.

L’appel aux dons  : c’est le système employé par Wikipédia qui lance des campagnes avec un objectif à atteindre pour pouvoir maintenir le site. Dès que l’objectif est atteint, la campagne cesse. «  Pour cela, il faut démontrer à votre audience que vous êtes indépendant, à l’image de hoaxbuster.com, et que vous avez besoin de cette aide pour survivre face aux géants  », avance Jérémie Clévy.

Faire payer vos lecteurs  : pour qu’ils deviennent des abonnés. C’est le pari réussi de Mediapart, qui compte une base de 110 000 abonnés, ou dans un autre genre de Deezer ou Spotify. «  Dans ce cas il faut faire une distinction très nette entre ce qui est gratuit et ce qui est payant, en proposant quelque chose de plus  », affirme le spécialiste.

Les produits dérivés  : c’est ce que fait le site Skipass, avec des mugs ou tee-shirts estampillés «  in tartiflette we trust  ». On peut aussi citer MylittleParis qui propose également des objets avec les illustrations de Kanako. Pour ce faire, le spécialiste recommande par exemple le site Spreadshirt  : dès qu’une commande est passée sur votre site, le produit est créé et envoyé directement à votre lecteur. «  Cela ne marche que si vous possédez une certaine capacité à générer du lien affectif avec les gens qui consultent votre site  », explique Jérémie Clévy.

Quel outil utiliser pour mesurer son audience  ?

Le plus simple outil et de surcroît gratuit est Google Analytics. En dessous d’un certain volume d’audience, Mixpanel est également gratuit, mais une version payante vous sera proposée si vous dépassez un certain seuil d’audience. Autre outil intéressant, mais cette fois-ci bien plus onéreux  : Kissmetrics. Il coûte environ 167 dollars par mois pour un abonnement d’un an. «  Il faut donc avoir un certain chiffre d’affaires pour l’amortir  », affirme notre expert.

Quels sont les formats publicitaires sur internet  ?

L’habillage  : il s’agit d’une sorte d’arche, de U à l’envers qui enveloppe la partie haute du site. «  L’habillage est généralement très graphique, et sert avant tout à générer de la notoriété, plus que du clic  », analyse Jérémie Clévy.

Le médium rectangle  : il est d’une taille de 300*250 pixels. On le retrouve généralement en haut, dans la colonne de droite.

Le retargeting  : il s’agit de remontrer au lecteur un produit qu’il a déjà consulté.

La bannière horizontale  : il peut aussi s’agir d’une méga bannière. En général entre la barre de navigation et le contenu.

Le skyscraper  : cela ressemble à un médium rectangle, mais ce bloc est deux fois plus haut (600 pixels de haut).

Le format expand  : si vous passez votre souris sur ce bloc, ce dernier va s’agrandir.

Le pre-roll  : Il s’agit d’une pub que l’on met au début d’une vidéo. Au milieu, c’est un mid-roll, à la fin, c’est un post-roll.

L’interstitiel : une publicité plein écran qui s’affiche par dessus le site. Halluciné en est le spécialiste.

Les opérations spéciales  : il s’agit de contenu éditorial sponsorisé par une marque. C’est à dire que tout un univers va être créé autour de l’annonceur (articles), avec ou non, du placement de produit.

Comment calcule-t-on les tarifs  ?

On se base généralement sur le coût pour 1000 (CPM). Pour les sites très qualifiés ou avec une forte audience, on tourne autour de 4 à 5 euros pour 1000 pages vues. Pour un site plus modeste, il faut compter environ 1 ou 2 euros. On utilise également le coût au clic  : les montants vont alors largement dépendre de la typologie de l’annonceur. «  Des annonceurs type rachat de crédit vont être prêts à payer 20 à 25 euros le clic, là où un marchand d’un produit moins concurrentiel proposera 1 ou 2 euros  »  , avance Jérémie Clévy.

En ce qui concerne les vidéos, les montants sont plus élevés pour les pre-rolls  : comptez environ 20 euros le CPM pour un bon annonceur, et 8, 10 euros pour une campagne moins intéressante. «  Les grands sites sont ainsi attirés par la vidéo. Mais il faut savoir qu’elle coûte plus cher à produire, et surtout, qu’il faut avant tout que cela participe à une stratégie éditoriale globale du site  », note le spécialiste.

Quant aux opérations spéciales, «  ce format est de plus en plus apprécié par les marques, notamment car cela permet d’éviter les adBlockers, ces logiciels anti-pubs qu’utilisent environ 20% des Français  », explique l’expert. Si ces opérations spéciales se vendent 50 000, 100 000 euros sur de gros sites, les recettes peuvent atteindre 4000, 5000 euros pour des sites qui comptent 70 000 fans Facebook (et un bon commercial).

Et le mobile  ?

Sur le mobile, les modèles sont à peu près identiques. Bien entendu, le format opération spéciale est compliqué avec la taille de l’écran, on trouve donc davantage le format interstitiel. Il faut savoir que les tarifs du mobile sont encore largement sous-estimés par les annonceurs et les régies, en comparaison des audiences.

Faut-il faire appel à une régie  ?

Vous pouvez tenter de démarcher vous-même les annonceurs, mais la tâche s’annonce ardue. «  Il faut avoir un vrai talent commercial et du courage  car beaucoup vous prendront de haut», avance Jérémie Clévy. Le spécialiste conseille plutôt de faire appel à une régie  : il faut savoir que les régies publicitaires prennent environ 30% sur les tarifs net annonceur (les tarifs cités précédemment sont des tarifs net annonceur, ndlr). La première régie recommandée par notre expert est Sublime Skinz  : elle est spécialisée dans l’habillage publicitaire, et va chercher des campagnes qui n’ont pas été vendues sur de gros sites, et qu’elle va donc dispatcher sur des sites plus modestes pour atteindre un certain nombre de VU. La seconde s’appelle The Moneytizer, et vous permettra aussi d’avoir accès à des campagnes qu’il aurait été impossible d’atteindre seul.

*Jérémie Clévy est également le fondateur de Docteur Pitch, société spécialisée dans le story telling.

Photo : 123rf/  kiuikson

 @Paojdo

0
    0
    Votre panier
    Votre panier est vide